Objectif n°3 : Augmenter progressivement la durée d’activité et accroître l’emploi des travailleurs âgés
La stratégie « Europe 2030 » pour l'emploi et la croissance, définie lors du sommet de Porto de mai 2021, fixe parmi les grands objectifs l’ambition de porter à 78 % le taux d'emploi des femmes et des hommes âgés de 20 à 64 ans, notamment grâce à une plus grande participation des travailleurs âgés au marché du travail.
Le taux d’emploi des seniors, c’est-à-dire la proportion de personnes en emploi entre 55 et 64 ans, se situe pour la population des ménages de France hors Mayotte à un niveau plus bas que la moyenne européenne : 58,4 % en moyenne sur l’année 2023 contre 63,9 % dans l’UE 27 (cf. graphique 1).
Graphique 1 ● Taux d’emploi des seniors en France et pour l'ensemble de l'union européenne
Sources : INSEE, enquêtes Emploi ; Eurostat, enquêtes Force de travail pour l’UE à 27.
Champ : France hors Mayotte ; âge à la date de l’enquête.
Tableau 1 ● Taux d’emploi des seniors en France et pour l'ensemble de l'union européenne par tranche d’âge
Sources : INSEE, enquêtes Emploi ; Eurostat, enquêtes Force de travail pour l’UE à 27.
Champ : France hors Mayotte ; âge à la date de l’enquête.
En 2023 chez les 55-59 ans, le taux d’emploi est supérieur à la moyenne européenne (77,0 % contre 76,0 % dans l’UE 27) et l’écart en faveur de la France se stabilise. Par contre, il est nettement inférieur pour les 60-64 ans (38,9 % contre 50,9 % en 2023) et les 65-69 ans (10,6 % contre 15,2 % en 2023), comme sur l’ensemble de la période depuis 2003 (cf. tableau 1). Ces chiffres s’expliquent en partie par l’âge normal d’ouverture des droits à la retraite plus faible en France que dans les autres pays européens, mais aussi par des freins à la demande de travail des seniors. Ainsi, si le taux de chômage des seniors est relativement faible (5,4 % pour les 55-64 ans en 2023 contre 6,7 % pour les 25-49 ans et 17,2 % pour les 15-24 ans), le chômage de longue durée est plus fréquent que pour les autres catégories d’âge (voir S. Akriche, A. Bornstein et C. Bourdier, « L’emploi des seniors en France »).
Malgré la crise sanitaire, le taux d’emploi des seniors a poursuivi sa tendance haussière. Cette population occupe plus fréquemment des emplois à durée indéterminée que les plus jeunes, dont le taux d’emploi a été nettement plus impacté par la crise du covid-19 (-1,2 point pour les 15-24 ans et -0,4 point pour les personnes de 25 à 49 ans en 2020).
Entre 2003 et 2023, le taux d’emploi des 55-64 ans a progressé de 20,2 points en France contre 26,3 points pour l’UE 27. Cependant, en raison d’un important effet de structure démographique, l’évolution du taux d’emploi des seniors ne rend pas compte de l’évolution réelle des comportements d’activité en France entre 2001 et 2011. En effet, à partir de 2001, le taux d’emploi des 55-64 ans a dans un premier temps augmenté mécaniquement avec l’arrivée dans la classe d’âge des 55-64 ans des premières générations nombreuses de l’après Seconde Guerre mondiale, atteignant l’âge de 55 ans le plus souvent en emploi. Dans un second temps, entre 2005 et 2011, le vieillissement de la génération du baby-boom et l’augmentation progressive de la part des plus âgés, moins actifs, a contribué à limiter la progression du taux d’emploi des 55-64 ans. Le taux d'emploi « sous-jacent », égal à la moyenne arithmétique des taux d’emploi par âge détaillé, neutralise cet effet démographique et reflète l’évolution des comportements d’activité d’une classe d’âge. Ainsi, entre 2003 et 2012, le taux d’emploi « sous-jacent » des seniors a augmenté d’un peu plus de 11 points, alors qu’il a progressé d’un peu plus de 7 points pour le taux d’emploi non corrigé des effets démographiques. Depuis 2012, les deux taux d’emploi évoluent de manière similaire.
Pour les 55-59 ans, comme pour les 60-64 ans et les 65-69 ans, la progression du taux d’emploi a été entre 2008 et 2012 nettement plus forte en France que dans l’UE 27. Elle a été respectivement de 10,5/5,5/2,4 points en France, contre 5,7/3,4/0,7 points dans l’UE 27. Depuis 2012, elle est à l’inverse beaucoup moins forte que la moyenne européenne : entre 2012 et 2023, le taux d’emploi a progressé respectivement de 8,7/16,0/4,3 points en France, contre 13,1/20,0/5,4 points dans l’UE 27.
Les réformes des retraites et le poids des dispositifs publics de cessation anticipée d’activité (préretraites, dispense de recherche d’emploi, retraites anticipées pour carrières longues, handicap, pénibilité ou amiante) sont les principaux déterminants de l’évolution du taux d’emploi des seniors au cours de ces dernières années. Parmi ces dispositifs, seule la retraite anticipée demeure importante (3,0 % des 55-64 ans fin 2023, comptés en retraite anticipée jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge légal d’ouverture des droits à la retraite), les préretraites et la dispense de recherche d’emploi (qui n'admet plus d'entrées depuis 2009) ne concernant plus que des effectifs très résiduels. De fin 2008 à fin 2012, après 3 années de quasi stabilité, la part des 55-59 ans bénéficiant d’une mesure publique de cessation anticipée d’activité a fortement baissé (passant de 13 % à 2 %) pour devenir ensuite très faible (0,5 % fin 2017). Avec le report progressif de 60 à 62 ans de l’âge légal d’ouverture des droits à la retraite, le taux d’emploi des 60-61 ans a fortement progressé à la mi-2011, expliquant l’accélération du taux d’emploi des 60-64 ans en 2012 en moyenne annuelle. La hausse du taux d’emploi des 62-64 ans était relativement régulière depuis 2007. L’élargissement des conditions de départ anticipé à la retraite pour carrière longue inscrit dans le décret du 2 juillet 2012 a ensuite contribué à une moindre progression du taux d’emploi des 60-61 ans et en conséquence de l’ensemble des 60-64 ans (avec un impact beaucoup plus important pour les hommes : la proportion de 60-64 ans en retraite anticipée a augmenté de 9,6 points pour les hommes entre fin 2011 et fin 2017 contre 4,7 points pour les femmes).
Tableau 2 ● Taux d’emploi des seniors en France et pour l'ensemble de l'union européenne par sexe et par
tranche d’âge
Sources : INSEE, enquêtes Emploi ; Eurostat, enquêtes Force de travail pour l’UE à 27.
Champ : France hors Mayotte ; âge à la date de l’enquête.
Chez les hommes, quelle que soit la classe d’âge considérée, le taux d’emploi des seniors en France est inférieur à la moyenne européenne : en 2023, il est respectivement de 79,5 %/38,6 %/11,7 % pour les 55-59 ans/60-64 ans/65-69 ans contre 81,5 %/57,7 %/18,7 % dans l’ensemble de l’UE 27. En outre, l’écart en faveur de l’UE 27 est resté assez stable depuis 2003. Chez les femmes par contre, si le taux d’emploi des 60-64 ans et des 65-69 ans est également inférieur à la moyenne européenne (respectivement de 5,4 et 2,6 points), chez les 55-59 ans il est supérieur de 3,9 points au taux d’emploi des femmes de l’UE 27. Cependant, l’écart s’est nettement réduit depuis 2003 où le taux d’emploi des françaises était 11,2 points au-dessus de la moyenne européenne.
Précisions méthodologiques
Le taux d’emploi est le rapport entre le nombre de personnes en emploi et le nombre total de personnes de la population concernée (ici, l’ensemble des seniors de la tranche d’âge considérée).
Le taux de chômage est le rapport entre le nombre de chômeurs et le nombre total d’actifs parmi la population concernée (ici, l’ensemble des seniors qui sont en emploi ou au chômage).
Du fait de ces différences de champ, ces deux taux ne sont pas complémentaires.
Organisme responsable de la production de l’indicateur : DARES