Objectif n°2 : Assurer l’équité du système de retraite
Cet indicateur issu du rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR) présente l’évolution du pouvoir d’achat à partir du départ à la retraite suivant les générations. Il est complété par le taux de rendement interne, calculé pour le cas type de salarié non-cadre du secteur privé. Le taux de rendement interne permet d’apporter un jugement global sur l’équité du système de retraite au fil des générations en tenant compte de la durée de cotisation, du montant des cotisations versées et des retraites perçues par une même génération.
Au niveau individuel, les pensions ont connu au cours des 25 dernières années une érosion de leur pouvoir d’achat différente selon la génération, d’autant plus importante que leur pension est élevée. Entre l’année de son départ à la retraite et 2024, le pouvoir d’achat du cas type de non-cadre du secteur privé a diminué pour les quatre générations représentées : entre -6,3 % pour la génération 1942 et -5,8 % pour la génération 1952[1] (cf. graphique 1.a).
Sur les mêmes périodes, le constat est plus défavorable pour le cas type de cadre du secteur privé. La perte de pouvoir d’achat du cas type de cadre varie ainsi entre 10,8 % (pour le cadre né en 1937) et 7,8 % (pour celui né en 1952), (cf. graphique 1.b). Ces érosions s’expliquent principalement par les mécanismes d’indexation des pensions et par la hausse des prélèvements sociaux sur les retraités (notamment celle de la CSG depuis sa création au début des années 1990).
Le taux de rendement interne du cas type de salarié non-cadre du secteur privé est particulièrement élevé pour les premières générations qui ont connu des périodes de forte croissance économique et des niveaux de prélèvements plus faibles (cf. graphique 2). Sa diminution entre les générations 1940 et 1975 s’explique par la montée en charge des réformes des retraites (allongement de la durée de cotisation, décalage de l’âge légal de départ à la retraite, indexation des pensions sur les prix) et par la diminution des droits à la liquidation en découlant. Le TRI serait globalement stable par la suite, après la génération 1980, avec une légère tendance à la baisse liée à la réduction des rendements de l’Agirc-Arrco et à l’augmentation de la part des cotisations non génératrices de droits dans ce régime complémentaire.
Graphique 1a ● Pouvoir d’achat de la pension nette : Non-cadre du secteur privé

Source : calculs SG-COR à partir des barèmes des régimes CNAV, AGIRC-ARRCO et INSEE pour l’inflation y compris tabac.
Graphique 1b ● Pouvoir d’achat de la pension nette : Cadre du secteur privé

Source : calculs SG-COR à partir des barèmes des régimes CNAV, AGIRC-ARRCO et INSEE pour l’inflation y compris tabac.
Graphique 2 ● Taux de rendement interne pour les salariés non cadres du secteur privé - Actualisation selon le SMPT

Source : projections COR – juin 2024.
Scénario de référence : hypothèses démographiques centrales de l’Insee (poursuite des gains d’espérance de vie, fécondité de 1,8 enfant par femme et solde migratoire net de 70 000 personnes par an), croissance annuelle de la productivité horaire du travail de 1,0 % (à partir de 2040) et taux de chômage de 5,0 % (à partir de 2030).
[1] La génération 1932, étudiée dans le rapport annuel de juin 2023, ne fait plus partie de générations retenues car elle atteint 94 ans cette année. La génération 1952 a, en revanche, été ajoutée dans l’analyse. En outre, pour les mêmes générations, les carrières des cas types ont été rénovées (voir le document n° 2 de la séance du COR du 25 mai 2023). Les résultats ne sont donc pas strictement comparables entre les deux rapports annuels.
Source des données
Les indicateurs présentés sont issus du rapport annuel du Conseil d'orientation des retraites (COR) publié en juin 2024.
Le taux de rendement interne (TRI) est un indicateur synthétique. Il considère l’ensemble des pensions de retraite reçues par un individu (ou une génération) au regard des contributions qu’il a dû acquitter. Plus précisément, le TRI correspond au taux d’actualisation qui assure une stricte égalité entre la somme des pensions perçues et des cotisations payées. L’utilisation de cet indicateur permet d’éclairer la question de l’équité entre les générations ; elle ne signifie en aucune façon que notre système de retraite en répartition, où les actifs d’aujourd’hui cotisent pour financer les pensions des retraités d’aujourd’hui, puisse s’assimiler ou se comparer à un système en capitalisation où la retraite future des actifs dépend de la rentabilité des placements qu’ils réalisent. Par ailleurs, le TRI apporte une information synthétique ne permettant pas de déterminer si le niveau des pensions est adéquat. Un TRI élevé peut renvoyer à un niveau de pension faible mais associé à un effort contributif faible ou à une durée de perception longue. Le taux de rendement interne d’un système de retraite par répartition à l’équilibre correspond en théorie au taux de croissance de l’économie. En effet, un individu, qui a versé des cotisations retraite durant sa carrière, perçoit à la retraite des pensions qui sont financées par les cotisations retraites des actifs d’alors. Le système de retraite lui verse ainsi à la retraite des flux financiers qui, par rapport à ses propres versements en cours de carrière, auront évolué comme les cotisations – donc la croissance économique (à taux de cotisation et partage de la valeur ajoutée inchangés.). Outre les règles propres au système de retraite, le TRI est donc très fortement lié aux niveaux de croissance économique connus par les générations durant leur carrière et leur période de retraite. Il est présenté ci-après en comparant des flux actualisés selon le salaire moyen par tête (SMPT) : il s’agit de la méthode retenue dans le rapport 2024 du COR ; elle permet de neutraliser des différences de croissance économique connues entre cohortes. Une seconde approche – présentée en annexe méthodologique du rapport du COR de juin 2024 – consiste à actualiser les flux monétaires selon les prix ; elle permet de mettre les prestations reçues au regard des contributions acquittées d’un point de vue individuel. L’estimation du TRI est effectuée sur le cas type de salarié non-cadre du secteur privé et repose sur les mêmes hypothèses que celles retenues pour calculer les quatre indicateurs habituels de l’équité. Seules les cotisations sont retenues – sans les allègements (qui tendraient à augmenter le TRI), mais aussi sans les autres ressources telles que les impôts et taxes affectés et les transferts (qui, en revanche, tendraient à diminuer le TRI). Les pensions perçues sont limitées aux seuls droits propres et hors droits familiaux – le cas type n° 2 du COR n’ayant pas de genre déterminé, ni de situation maritale ou familiale particulière. Enfin, les pensions et cotisations sont calculées à législation inchangée, sans que l’équilibre financier global du système de retraite – ni a fortiori celui des régimes de salariés du secteur privé – ne soit nécessairement assuré.
Organismes responsables de la production de l’indicateur : COR - DSS
Intégralité du REPSS - Retraites - Edition 2025
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Synthèse du REPSS - Retraites - Edition 2025
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Données du REPSS - Retraites - Edition 2025
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