Objectif n°2 : Assurer l’équité du système de retraite
L’indicateur intra-générationnel, rapportant le seuil du premier décile à la pension moyenne de l’ensemble de la population, tous sexes confondus, est défini par le décret n° 2014-654 du 20 juin 2014 relatif au comité de suivi des retraites, mentionnant le suivi du « rapport, par génération de retraités, pour l’ensemble des régimes de retraite légalement obligatoires, entre la valeur où se situent les pensions des 10 % des retraités les moins aisés d’une part, et la valeur moyenne des pensions de l’ensemble des retraités d’autre part ».
Par rapport aux indicateurs classiques, il se présente de façon « inversée » : une valeur faible de cet indicateur correspond à une valeur élevée d’inégalité ou une dispersion élevée. Par ailleurs, il décrit davantage le bas de la distribution que son ensemble.
Pour les retraités résidant en France, la pension moyenne tous régimes de droit direct en équivalent carrière complète (EQCC) progresse de 15 % entre les générations 1930 et 1950 (de 1 410 à 1 620 euros). Parmi la génération 1950, les retraités faisant parti des 10 % les moins aisés (1er décile) perçoivent moins de 51 % de ce montant moyen de pension (cette part s’élève à 46 % pour les femmes et 62 % pour les hommes, rapportés à la pension moyenne femmes et hommes confondus, cf. graphique 1). Les inégalités de pension sont donc davantage marquées pour les femmes que pour les hommes (cf. indicateur n°2.6 – Réduire l’écart de pension entre femmes et hommes).
L’indicateur rapportant le seuil du 1er décile à la pension moyenne est stable entre les générations 1932 et 1938 (47 % environ), puis il augmente sensiblement entre 1938 et 1950, atteignant 51 % pour cette dernière génération. L’amélioration du montant moyen de pension s’est donc fait sans accroître les inégalités. Au regard de l’indicateur, elles se sont même réduites entre la génération 1926 et la génération 1950 : pour les femmes, le seuil du 1er décile des pensions passe de 34 % de la pension moyenne perçue par les retraités de la génération 1926 à 46 % du montant moyen perçu par ceux de la génération 1950 ; pour les hommes, ce seuil augmente de 49 % à 62 %. Les inégalités se sont réduites à des rythmes similaires chez les femmes et les hommes (respectivement 12 et 13 points).
Graphique 1 ● Rapport entre le premier décile de pension nette et la moyenne parmi les retraités à carrière complète
Source : EIR 2016 de la Drees.
Champ : Retraités de droit direct à carrière complète résidant en France ou à l’étranger, vivants au 31 décembre 2016, pondérés pour être représentatifs des retraités de la génération en vie à l’âge de 66 ans.
Note de lecture : Les 10 % de retraités à carrière complète de la génération 1950 ayant les pensions les plus faibles perçoivent une pension nette à hauteur de 51 % de la pension nette moyenne perçue par cette génération (droits directs uniquement).
Entre les générations 1926 et 1950, le rapport entre les 10 % des retraités à carrière complète ayant les pensions les plus élevées et les 10 % ayant les pensions les moins élevées est resté quasi-stable (cf. graphique 2) : les premiers perçoivent une pension nette en moyenne 3 fois plus élevée que les seconds. Néanmoins, alors qu’il n’a pas varié pour les femmes, ce rapport s’est réduit pour les hommes : il était de 5 pour la génération 1926, et est de 4 pour la génération 1950 (-1).
Graphique 2 ● Rapport interdécile de pension nette parmi les retraitées à carrière complète
Source : EIR 2016 de la Drees.
Champ : Retraités de droit direct à carrière complète résidant en France ou à l’étranger, vivants au 31 décembre 2016, pondérés pour être représentatifs des retraités de la génération en vie à l’âge de 66 ans.
Note de lecture : Parmi la génération 1950, les 10 % de retraités à carrière complète ayant les pensions les plus élevées perçoivent une pension nette en moyenne 3 fois plus élevée que les 10 % de retraités à carrière complète ayant les pensions les moins élevées (droits directs uniquement)
En complément de cet indicateur, les niveaux de vie des retraités pour chaque décile sont présentés ci-après (seuils de franchissement de chaque décile, cf. tableau 1). Le champ couvert est plus large que dans les graphiques précédents, puisqu’il inclut l’ensemble des retraités (y compris ceux dont la carrière n’est pas complète). De plus, les niveaux de vie recouvrent des revenus autres que les pensions de retraite : épargne, solidarité intergénérationnelle, revenus du patrimoine, etc.
En 2021, les 10 % des retraités ayant le plus faible niveau de vie ont un niveau de vie annuel inférieur à 13 650€. Pour les 10 % des retraités ayant le plus haut niveau de vie, ce chiffre dépasse 39 830 € par an. L’écart inter-décile entre les 10 % des retraités au niveau de vie le plus élevé et les 10 % des retraités au niveau de vie le plus faible est de 2,9. Il est stable depuis 2015.
Tableau 1 ● Distribution des niveaux de vie des retraités en 2021
Source : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, Enquête Revenus Fiscaux et Sociaux 2021. Données provisoires.
Champ : Personnes retraitées appartenant aux ménages ordinaires en France métropolitaine dont la personne de référence n'est pas un étudiant, et dont le revenu déclaré du ménage est positif ou nul.
Note de lecture : En 2021, 10 % des retraités ont un niveau de vie inférieur à 13 650 euros par an, et 50% un niveau de vie inférieur à 23 160 euros par an.
Source des données
Les données ayant servi à produire ces indicateurs proviennent de l’Échantillon Interrégimes de Retraités (EIR) de 2016. Le champ est restreint aux seuls retraités de droit direct, à carrière complète. L’intérêt de ce champ est qu’il permet de supprimer le biais dû aux carrières incomplètes qui tirent naturellement le seuil vers le bas. Les pensions sont calculées en tenant compte des majorations de pension pour enfants relatives au droit propre.
Ces indicateurs sont également déclinés par sexe, tout en gardant le même dénominateur que pour l’ensemble.
Pour chaque génération et par sexe, le seuil du 1er décile est rapporté à la moyenne de toutes les pensions de droit direct des femmes et des hommes de la génération. Ceci est motivé par le fait de prendre en compte les écarts existants entre les femmes et les hommes.
Les retraités des générations anciennes et vivants au 31 décembre 2016 ne sont pas représentatifs de l’ensemble des retraités de ces générations vivant à 66 ans. Notamment, les probabilités de décès sont corrélées négativement avec le niveau des pensions de retraite. Les données présentées ici ont été corrigées de ce biais de manière à pouvoir comparer les différentes générations à partir du seul EIR 2016.
Les déciles de niveau de vie du tableau 1 sont calculés à partir des données de l’enquête sur les revenus fiscaux et sociaux réalisée annuellement par l’Insee à partir des données du quatrième trimestre de l’enquête emploi appariées aux données administratives de la DGFIP, la Cnaf, la Cnav et la CCMSA. Le champ retenu est celui des personnes vivant dans un logement ordinaire, dans des ménages dont le revenu est non nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante. Il exclut les personnes résidant en institution ainsi que les personnes sans domiciliation.
Organisme responsable de la production de l’indicateur : DSS