Objectif n°1 : Assurer un niveau de vie adapté et garantir la solidarité entre retraités
Le système de retraite prévoit plusieurs dispositifs qui visent à garantir un revenu minimal aux personnes âgées. Ces dispositifs permettent soit de réduire le taux de pauvreté lorsqu’ils portent le revenu des personnes au-delà du seuil, soit d’en diminuer l’intensité. Pour mesurer l’efficacité de ces mécanismes de solidarité, un des indicateurs est la proportion de personnes retraitées dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté, comparativement au taux de pauvreté de l’ensemble de la population.
En 2019 (dernière année disponible), la proportion de retraités disposant de revenus inférieurs au seuil de pauvreté était de 9,5 %, soit à un niveau inférieur à celui observé pour l'ensemble de la population (14,6 %). Cet écart se réduit de nouveau en 2019, après être resté quasi constant entre 2012 et 2017. En 2019, le taux de pauvreté des retraités augmente de 0,8 point, tandis que celui de l’ensemble de la population diminue légèrement (- 0,2 point).
La proportion de femmes retraitées ayant des revenus inférieurs au seuil de pauvreté est plus élevée que celle des hommes (10,4 % contre 8,5 % en 2019). Cet écart s’explique en partie par les différences de carrière entre les hommes et les femmes : celles-ci ont généralement des carrières moins longues. Par ailleurs, elles vivent plus longtemps et sont par conséquent plus souvent confrontées au décès de leur conjoint ce qui engendre mécaniquement une baisse de leur revenu disponible.
Les retraités les plus âgés, parmi lesquels les femmes sont surreprésentées, sont également plus pauvres, du fait de carrières moins favorables et d’une revalorisation de leur pension généralement indexée sur les prix. En 2019, le taux de pauvreté augmente dans des proportions similaires pour les femmes (+ 0,9 point) et pour les hommes (+ 0,8 point).
Graphique et tableau 1 ● Taux de pauvreté des retraités selon le sexe et celui de l’ensemble de la population
* ruptures de séries, voir « Précisions méthodologiques »
Sources : Insee-DGI, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux rétropolées 2004 ; Insee-DGFIP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2005 à 2019.
Champ : France métropolitaine, individus vivant dans un ménage ordinaire dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante.
Parmi les pays de l’OCDE, la France se distinguait en 2016 par un taux de pauvreté des personnes de plus de 65 ans particulièrement faible. Ce taux n’est pas directement comparable à celui exposé plus haut, d’une part car la définition du taux de pauvreté est plus restreinte que celle retenue dans l’indicateur français (part de la population dont le revenu est inférieur ou égal à 50 % du revenu médian, contre 60 % pour l’indicateur français). De plus, l’indicateur couvre tous les plus de 65 ans, y compris s’ils sont encore en activité ou n’ont acquis aucun droit à retraite.
Graphique 2 ● Taux de pauvreté des plus de 65 ans dans une sélection de pays de l’OCDE (2016)
Source : OCDE, Income distribution database, données 2016
Champ : personnes de plus de 65 ans et ensemble de la population des pays.
Construction de l’indicateur
Le seuil de pauvreté retenu dans le cadre de l’indicateur français est égal à 60 % du niveau de vie médian. Le niveau de vie d’un individu correspond au revenu disponible du ménage dans lequel il vit, divisé par le nombre d’unités de consommation correspondant à la composition de ce ménage. Le système d’unités de consommation habituellement utilisé compte une part pour le premier adulte du ménage, 0,5 part pour les autres personnes âgées de 14 ans et plus et 0,3 part pour les personnes âgées de moins de 14 ans. Le seuil de pauvreté s’établissait ainsi en 2019 à 1 102 euros par mois. Plus de 9,4 millions de personnes (dont 1,4 million de retraités) étaient alors considérées comme « personnes pauvres » en France et leur niveau de vie médian était de 885 euros par mois. Cet indicateur est calculé pour la population des retraités (par sexe) et comparé à celui de l’ensemble de la population.
L’OCDE, qui vise à comparer des pays aux systèmes de protection sociale très différents, retient un autre calcul de l’indicateur, et le décline sur des champs différents. Le seuil de pauvreté est, d’une part, fixé à 50 % du revenu médian du pays, et non 60 %. Par ailleurs, les systèmes de retraites étant très différents, les populations de retraités le sont aussi, par exemple du point de vue de leur âge. Par conséquent, l’OCDE compare la tranche d’âge des plus de 65 ans avec la population générale. Les individus concernés peuvent donc ne pas être retraités. Enfin, le calcul du niveau de vie par l’OCDE est légèrement différent : il correspond au revenu disponible du ménage, divisé par la racine carrée du nombre de personnes dans le ménage. Pour un foyer de deux adultes et deux enfants de moins de 14 ans, le revenu disponible du foyer est donc divisé par 2 (√4) pour l’indicateur de l’OCDE, contre 2,1 (1+0,5+2*0,3) pour l’indicateur français.
Précisions méthodologiques
L’indicateur français est calculé à partir des données de l’enquête Revenus fiscaux et sociaux élaborée par l’Insee, la DGFIP, la Cnaf, la Cnav et la CCMSA. Le champ retenu est celui des personnes vivant dans des ménages dont le revenu est non nul, dont la personne de référence n’est pas étudiante et vivant en France métropolitaine. Il exclut les personnes résidant en institution ainsi que les personnes sans domiciliation.
Ruptures de séries : à partir de 2010, les estimations de revenus financiers mobilisent l'enquête Patrimoine 2010. Par ailleurs, l'enquête a été rénovée en 2012 : l'impôt déduit du revenu d'une année donnée est désormais l'impôt payé durant cette même année. Il peut donc être dû au titre des revenus de l'année précédente. Auparavant, c'était l'impôt payé au titre de l'année de perception des revenus et éventuellement payé l'année suivante qui était déduit. D'autre part, les majorations de pensions de retraite pour avoir élevé 3 enfants ou plus ainsi que l’avantage en nature constitué par la participation des employeurs aux contrats collectifs de complémentaire santé sont maintenant comptabilisés dans le revenu disponible mesuré par l'enquête revenus fiscaux et sociaux De plus, les estimations de revenus financiers utilisent l'enquête Patrimoine 2014-15 à partir de 2012.
Organismes responsables de la production de l’indicateur : Insee-DSS