Caractéristiques des retraites et des retraités
Pour les générations nées avant 1951, l’âge légal de départ à la retraite était fixé à 60 ans, l’âge de départ à taux plein à 65 ans. Pour les générations nées après 1951, la réforme de 2010 repousse l’âge légal de 60 à 62 ans et l’âge à taux plein de 65 à 67 ans. Ces mesures sont instaurées de manière progressive pour les générations nées entre 1952 et 1955. A partir de septembre 2023 l’âge de départ à la retraite est progressivement relevé, d’un trimestre par génération, pour atteindre 64 ans pour la génération 1968.
En 2021, l’âge conjoncturel de départ à la retraite (voir méthodologie) est de 62 ans et 7 mois (cf : graphique 1) : 63 ans pour les femmes et 62,2 ans pour les hommes. Il est en progression continue depuis 2010 (+1 an et 11 mois). Cette augmentation s’explique principalement par le relèvement de l’âge d’ouverture des droits à la retraite en 2010, et par le relèvement de l’âge d’annulation de la décote en 2016. De façon plus marginale, il est aussi porté par une légère diminution des taux de retraités entre 62 ans et 64 ans depuis 2015, due, pour partie au moins, à l’évolution des règles de cumul emploi-retraite suite à la réforme de 2014. Depuis cette réforme, un assuré doit avoir liquidé l’ensemble de ses pensions de retraite (et non plus une partie) pour pouvoir bénéficier du cumul emploi-retraite.
Pour les hommes, les liquidations avant 60 ans représentent 30 % des départs en retraite de la génération 1950 (cf. graphique 2). Elles ont significativement augmenté : pour les générations 1930 à 1942, la proportion des départs à ces âges n’excédait pas 15 %. . La mise en place du dispositif de départs anticipés pour carrières longues dès 2003, dont les retraités de la génération 1946, alors âgés de 57 ans, ont pu bénéficier, explique la proportion significativement élevée du nombre de départs en retraite avant 60 ans.
En contrepartie, les assurés nés en 1950 sont moins nombreux à partir à 60 ans : 45 % contre plus de 62 % pour les générations nées avant 1942. Les départs à 61-64 ans continuent eux de progresser. Les départs à 65 ans ou plus sont stables pour les générations 1946 et 1950, représentant 10 % des assurés, bien qu’ils aient diminué de 3 points depuis la génération 1938.
A l’instar des hommes, on observe pour les femmes de la génération 1950 une augmentation des départs avant 60 ans. Cette hausse est néanmoins moindre par rapport aux hommes (+6 points % par rapport à 1942 pour les femmes, +16 % pour les hommes). Pour les femmes de la génération 1950, les départs avant 60 ans augmentent pour atteindre 14 %. A la différence des hommes, les départs à 65 ans ou plus continuent de diminuer chez les femmes (29 % pour la génération 1942, 23 % pour la génération 1946, 19 % pour la génération 1950), tandis que les proportions de départs à 60 ans et entre 61 ans et 64 ans restent quasi-stables : autour de 54 % pour les premières et de 12 % pour les secondes.
Globalement, la mise en place des retraites anticipées en 2003 a ainsi favorisé les départs avant 60 ans pour les générations 1946 et 1950, surtout chez les hommes. Les années à venir devraient montrer une hausse des départs entre 61 et 64 ans, pour la génération 1951 et suivantes concernées par le relèvement progressif de l’AOD de la réforme de 2010, puis de 2023.
Les liquidations avant 60 ans correspondent également à des départs dans des régimes spéciaux, y compris ceux de la fonction publique, qui permettent aux agents de bénéficier de leurs droits avant l’âge de droit commun. C’est notamment le cas des fonctionnaires civils de l’État ou des collectivités territoriales et hospitalières, qui peuvent liquider leur pension dès l’âge de 55 ans, voire 50 ans, dès lors qu’ils ont effectué au minimum quinze ans de service dans un corps classé en « catégorie active ». Jusqu’à la réforme de 2010, ces régimes autorisent également les mères de trois enfants à partir après quinze ans de service. Par ailleurs, les fonctionnaires militaires bénéficient de dispositifs spécifiques de départ, d’une durée minimale de cotisation et de bonifications d’ancienneté, qui conduisent à des âges précoces de liquidation.
Les départs à 65 ans concernent majoritairement des femmes. En effet, ces dernières disposent en général de carrières moins complètes que celles des hommes, si bien qu’elles remplissent moins souvent la condition de durée d’assurance pour bénéficier d’une pension à taux plein. On remarque qu’un nombre important d’assurées ne part pas en retraite avant 65 ans (19 % pour la génération 1950). Cela leur permet d’obtenir le taux plein par l’âge, qui leur ouvre droit, le cas échéant, au minimum contributif (cf. indicateur n°1-12).
D’une génération à l’autre, l’âge de départ en retraite peut évoluer pour différentes raisons : évolution de l’âge légal de départ et de la durée légale de cotisation, impact de mesures nouvelles (décote / surcote, départs anticipés, etc.), situation sur le marché du travail (chômage, dispositifs de cessation anticipée d’activité, etc.), état de santé moyen des assurés, etc. Sa distribution ne peut être observée que pour les générations relativement anciennes, afin de tenir compte des départs aux âges élevés et, en particulier, à 65 ans. Par conséquent, cet indicateur ne permet pas encore de tenir compte de la réforme de 2010 portant sur le recul de l’âge minimum de départ à la retraite et de l’âge d’acquisition du taux plein, qui affecte les personnes nées à partir de 1951, pour lesquelles tous les chiffres ne sont pas encore disponibles.
Pour les femmes de la génération 1954, la durée moyenne en retraite atteint 26 ans et 2 mois ; pour les hommes, 22 ans et 10 mois (cf. graphique 3). Cet écart s’explique notamment par l’espérance de vie plus importante des femmes (cf. indicateur n°1-6), malgré leur âge de départ à la retraite en moyenne plus élevé.
Tous sexes confondus, l’espérance de durée de retraite était en augmentation continue jusqu’à la génération 1950 (+4 ans et 9 mois entre 1926 et 1950), atteignant ainsi 25 ans et 10 mois ; mais diminue de plus d’un an entre les générations 1950 et 1954. Ce phénomène peut notamment s’expliquer par le recul de l’âge de départ à la retraite instauré par la réforme de 2010.
Graphique 1 ● Age conjoncturel moyen de départ à la retraite selon le genre
Note de lecture : Les femmes françaises partaient en moyenne à la retraite à 61,1 ans en 2004, à 60,8 ans (60 ans et 10 mois) en 2010 et à 63,0 ans en 2021.
Champ : Personnes résidant en France, hors personnes qui ne liquideront aucun droit de retraite
Sources : DREES, EIR, EACR, modèle ANCETRE ; Insee, bilan démographique
Graphique 2 ● Répartition des âges de départ à la retraite par génération
Note de lecture : Pour la génération 1950, 45 % des hommes sont partis à la retraite à 60 ans contre 55 % des femmes.
Champ : retraités bénéficiaires d’au moins une pension de droit direct dans un régime de base, nés en France, vivants au 31 décembre de l’année de leurs 66 ans, hors pensions d’invalidité.
Sources : Drees, EIR 1997, 2001, 2004, 2008, 2012 et 2016.
Graphique 3 ● Espérance de durée de retraite par génération, en nombre d’années
Note de lecture: Les femmes issues de la génération 1954 perçoivent une retraite pendant 26,4 années (26 ans et 5 mois) en moyenne, tandis que les hommes de cette génération en perçoivent une pendant 23 années en moyenne.
Champ : retraités bénéficiaires d’au moins une pension de droit direct dans un régime de base, nés en France, vivants au 31 décembre de l’année de leurs 66 ans, hors pensions d’invalidité.
Sources : DREES, EIR 2016 et modèle ANCETRE ; Insee, projections démographiques 2021
Quel indicateur pour l’âge moyen de départ à la retraite ?
L’âge moyen de départ à la retraite doit être calculé par génération car la plupart des paramètres de retraite sont définis selon la génération. Il ne peut être calculé que lorsque les générations sont entièrement parties à la retraite. L’âge conjoncturel de départ à la retraite est l’âge moyen de départ d’une génération fictive qui aurait, à chaque âge, la même probabilité d’être à la retraite que la génération de cet âge au cours de l’année d’observation.
La durée de retraite par génération est calculée comme suit : 60 + espérance de vie à 60 ans – âge moyen de départ à la retraite de la génération (sur le champ des personnes vivantes à 66 ans pour les générations 1950 et précédentes, et à 67 ans pour les générations 1951 et suivantes). Le scénario de mortalité retenu est le scénario central des projections démographiques de l’Insee de 2021.
Sources des données : Les données présentées ici (échantillon inter régimes des retraités 1997, 2001, 2004, 2008 2012 et 2016) sont produites par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). Elles ne couvrent que les assurés nés en France par souci de comparabilité, les EIR antérieurs à 2004 ne portant que sur ce champ.
Indications complémentaires : L’âge de départ à la retraite n’est pas nécessairement égal à l’âge de cessation d’activité : une personne peut avoir quitté le marché du travail avant de liquider ses droits à la retraite, et se retrouver dans une autre situation d’inactivité dans la période intermédiaire (préretraite, chômage en dispense de recherche d’emploi, etc.) ; à l’inverse, il est également possible de continuer à exercer une activité après la liquidation des droits à la retraite (cumul emploi-retraite). C’est la raison pour laquelle l’âge moyen de départ des fonctionnaires militaires est particulièrement bas, autour de 45 ans, alors même que la très grande majorité d’entre eux continue d’exercer une activité par la suite, notamment dans le secteur privé. Enfin, lorsque l’assuré a cotisé à plusieurs régimes de retraite pendant sa carrière, l’âge de départ en retraite considéré ici est celui du premier droit liquidé.
Organisme responsable de la production de l’indicateur : DSS