Dépenses et financement
Les différents ratios (produits/charges) présentés ci-après (cf. Tableau 1) représentent la diversité des structures de financement des régimes de retraite de base. En effet, ces derniers sont financés à différents niveaux par des cotisations (ratio 1), des transferts de compensation démographique (ratio 2), des recettes fiscales et d’autres transferts (ratio 3) ainsi que des mécanismes d’équilibrage (ratio 4). Ces différentes sources de financement dépendent notamment des évolutions législatives, des spécificités propres à chaque régime et enfin de leur situation financière et démographique.
L’indicateur rapproche le total des cotisations (y compris impôts et taxes compensant des exonérations et cotisations prises en charge) du total des prestations supportées par chacun des régimes (y compris charges de gestion courante).
On distingue trois catégories de régimes selon leur positionnement par rapport à la situation d’équilibre. La première regroupe ceux présentant des ratios recettes sur dépenses supérieurs à 1 : il s’agit du régime de la CNAVPL (professions libérales) pour lequel les produits de cette caisse représentent 1,3 fois ses charges en 2023. Le régime général et celui de la CNRACL (fonctionnaires des collectivités locales et des hôpitaux) sont, dans la deuxième catégorie, relativement proches de l’équilibre avec un ratio respectif de 83,7 % et 92,5 % en 2023, avec un ratio en amélioration pour la Cnav de 1,6 point par rapport à 2022 avec une moindre revalorisation des pensions accordée (+2,8 % en 2023 en moyenne annuelle après +3,1 %). Enfin, les autres régimes se situent bien en dessous de l’équilibre, traduisant leur besoin de financement.
On observe toutefois une forte hétérogénéité au sein de cette dernière catégorie avec des régimes qui présentent des ratios plus ou moins dégradés. En effet, les fonctionnaires d’État , les exploitants agricoles, les marins et le régime des mines apparaissent très éloignés d’une situation équilibrée avec des ratios inférieurs à 25 %. Le régime des mines se démarque toutefois par un ratio particulièrement bas (0,5 %). Pour ces régimes, la faiblesse des ratios affichés est imputable à un contexte démographique particulièrement dégradé, la population de ces régimes étant très vieillissante. Le régime des mines est par ailleurs « fermé », c’est-à-dire qu’aucun nouveau cotisant n’y est affilié depuis 2010.
Les transferts de compensation reposent sur le principe de la solidarité financière entre les régimes. Ils ont pour but de corriger l’impact des déséquilibres démographiques existant entre les régimes (les produits et charges du niveau 2 correspondent à la somme des montants du niveau 1 et des transferts de compensation).
En raison de leurs poids et de leurs rapports démographiques très dégradés, les principaux bénéficiaires de la compensation sont les salariés et exploitants agricoles. En effet, ils ont chacun reçu en 2023 des produits nets de compensation s’élevant à 2,6 Md€. Inversement, les principaux contributeurs sont le régime général, la CNRACL et la CNAVPL, qui ont versé des transferts nets de compensation de respectivement 6,0 Md€, 0,6 Md€ et 0,4 M€. La CNRACL et la CNAVPL n’ont pas atteint leur maturité démographique et participent fortement aux transferts de compensation. Bien qu’il ne soit pas à l’équilibre (cf. ratio 1), le régime général est un fort contributeur du fait du nombre élevé de ses effectifs de cotisants et d’un ratio démographique moins dégradé relativement aux autres régimes de base. Il a par ailleurs vu son transfert de compensation se maintenir à un niveau éléve en 2023 avec la poursuite de la reprise économique et sa capacité contributive plus importante ; de plus et avec l’intégration des indépendants anciennement affiliés à l’ex-RSI, ses charges nettes de compensation sont désormais augmentées par les chargées versées pour cette population.
Les produits et charges de compensation permettent de faire converger les régimes vers l’équilibre, à l’exception des ratios du régime général et de la CNRACL qui se dégradent une fois intégration des transferts de compensation, passant respectivement de 83,7 % à 80,6 % et de 92,5 % à 90,4 %. En 2023, après compensation, seule la CNAVPL demeure en excédent avec un ratio produits sur charges s’élevant à 112,8 % et le régime des salariés agricoles se rapporche fortement de l’équilibre (ratio passant de 54,5 % à 91,9 %). Le régime des IEG présente quant à lui un ratio de 62,1 %. Les autres régimes se situent en deçà de l’équilibre, avec des disparités importantes. Malgré les transferts de compensation qui amoindrissent les besoins de financement des régimes déficitaires, certains régimes restent très éloignés de l’équilibre. C’est le cas des mines, des marins, de la SNCF et de la RATP pour lesquels, après transferts de compensation, les charges demeurent au moins deux fois supérieures aux produits.
Les produits et charges du niveau 3 compris dans ce troisème ratio correspondent à la somme des montants du niveau 2 et des éléments ci-dessous :
La prise en compte de ces recettes relève le ratio de l’ensemble des régimes, en particulier ceux bénéficiant de recettes fiscales spécifiques. Ainsi, le ratio de la CNIEG augmente de 40,1 points et atteint l’excédent (le produit net de l’adossement augmente les recettes du régime de 0,7 Md€ et la contribution tarifaire d’acheminement de 1,8 Md€), celui des exploitants agricoles augmente de 43,3 points pour aussi atteindre l’excédent (notamment avec 2,6 Md€ de taxes sur les alcools et boissons non alcoolisées), et les salariés agricoles de 5,8 points (avec 0,6 Md€ de prises en charge de prestations par le FSV et la Cnaf) lui permettant ainsi d’être quasiment à l’équilibre (97,7 %). Enfin, les nombreuses contributions et recettes fiscales perçues par le régime général (principalement 6,4 Md€ de forfait social, 9,0 Md€ de taxe sur les salaires, 4,8 Md€ de contribution sociale de solidarité de sociétés – CSSS) , ainsi que les prestations prises en charge par le FSV et la Cnaf (pour 8,4 Md€ en 2023) améliorent significativement son solde. Son ratio s’améliore de 18,8 points et le régime général se retrouve en situation de quasi équlibre (99,3 %).
Le dernier ratio intègre les divers mécanismes d’équilibrage : transferts d’équilibrage entre régimes, subventions d’équilibre et cotisations d’équilibre de l’employeur principal (les produits et charges du niveau 4 correspondent à la somme des montants du niveau 3 et de ceux liés à ces mécanismes d’équilibrage). Une fois ces transferts pris en compte, seuls le régime général et la CNRACL demeurent en déficit (avec des ratios respectifs de 99,3 % et de 91,1 %).
Les mines, la SNCF, la RATP et les marins reçoivent de la part de l’État des subventions d’équilibre. Exception faite de la SNCF, ces transferts ne sont pas des dispositifs d’équilibrage au sens strict (les montants subventionnés sont définis sur des prévisions). Le régime des salariés agricoles est financièrement intégré au régime général. Ce déficit de la branche vieillesse salariée du régime agricole (MSA salariés ; ratio 3 de 97,7 %) s’est traduit par un produit de la MSA pour 146 M€ en 2023 en provenance du régime général lui permettant d’améliorer légèrement leur ratio. Le régime des fonctionnaires est équilibré par le biais de cotisations d’équilibre de l’État.
En 2023, six régimes parmi les onze présentés ici sont excédentaires (la RATP, la CNAVPL, le régime des exploitants agricoles et celui des marins, le régime minier et les IEG), trois régimes sont strictement équilibrés (les fonctionnaires d’État, la SNCF, le régime des salariés agricoles) et deux, à savoir le régime général et la CNRACL, convergent fortement vers l’équilibre (ratios compris entre 91,1 % et 99,3 %).
Tableau 1 ● Structure de financement des principaux régimes de retraite en 2023
* Cnav et ex-RSI.
Source : DSS – CCSS mai 2024.
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