Caractéristiques des retraites et des retraités
Les nouveaux retraités du régime général, des régimes de la fonction publique et du régime spécial du personnel de la SNCF qui ont pris leur retraite entre juillet 2019 et juin 2020 déclarent majoritairement être partis dès qu’ils en ont eu la possibilité. Profiter de sa retraite le plus longtemps possible, atteindre l’âge légal d’ouverture des droits et bénéficier du taux plein sont les motivations de départ le plus souvent citées. Pour ceux qui ont prolongé leur activité au-delà de l’âge minimum de départ jugé possible, les principales motivations avancées sont l’intérêt porté au travail et les raisons financières.
Dans le cadre de l’enquête sur les motivations de départ à la retraite, à la question « Dans l’idéal, à quel âge auriez-vous souhaité partir à la retraite ? », les nouveaux retraités interrogés en 2021 répondent 61 ans en moyenne. C’est presque un an et demi de moins que l’âge réel auquel ils ont liquidé leurs droits, c’est-à-dire 62 ans et 5 mois (cf. Tableau 1).
L’âge idéal moyen de départ à la retraite selon les retraités interrogés en 2021 est en hausse de 5 mois par rapport à l’âge idéal moyen de départ selon les retraités interrogés lors des deux enquêtes précédentes, en 2014 et en 2017. De 2010 à 2017, la moitié des personnes interrogées considéraient que l’âge idéal de départ à la retraite était de 60 ans, contre 40 % des personnes interrogées en 2021, soit 10 points de moins. À l’inverse, les retraités interrogés en 2021 sont plus nombreux que ceux interrogés entre 2010 et 2017 à considérer que l’âge idéal pour un départ à la retraite est supérieur à 60 ans.
Près de trois nouveaux retraités sur quatre déclarent être partis dès qu’ils en ont eu la possibilité (73 %). Cette proportion est stable par rapport à celle qui ressort de l’enquête de 2017. Par ailleurs, 65 % des retraités déclarent être partis à l’âge qu’ils souhaitaient, soit 4 points de plus par rapport aux retraités partis quatre ans plus tôt. Parmi les retraités du régime général uniquement, cette part est restée assez stable pendant les dix dernières années. En revanche, la proportion des retraités du régime général déclarant être partis plus tôt que l’âge souhaité diminue légèrement (de 22 % en 2008-2009 à 17 % en 2019-2020), et la part de ceux qui déclarent être partis plus tard que l’âge souhaité augmente (de 13 % à 18 %).
Tableau 1 ● Age de départ à la retraite : souhaits et situation réelle des nouveaux retraités
Champ : Nouveaux retraités du régime général, des régimes de la fonction publique (et de la CPRPSNCF pour l’enquête 2021) résidant en France.
Sources : DREES, CNAV, SRE, CDC, CPRPSNCF, Agirc-Arrco, COR, DSS, enquêtes Motivations de départ à la retraite 2010, 2014, 2017 et 2021.
Profiter de la retraite le plus longtemps possible est le motif de départ à la retraite le plus fréquemment cité : 81 % des nouveaux retraités considèrent que cela a joué dans leur décision de partir, que ce soit « beaucoup », « assez » ou « peu » (cf. graphique 1).
Cette proportion est en hausse sur les trois dernières enquêtes, de 8 points entre 2014 et 2017, et de 4 points entre 2017 et 2021. Pour 60 % des personnes interrogées, ce motif a même beaucoup joué. Par ailleurs, 78 % des retraités interrogés répondent qu’avoir atteint l’âge minimum légal de départ à la retraite a influé sur leur décision de partir, et 69 % que c’est le fait d’avoir atteint l’âge du taux plein qui a joué en ce sens. Enfin, plus de six retraités sur dix déclarent que leur départ était, entre autres, motivé par le fait d’avoir atteint un niveau de pension suffisant. Interrogés également sur les motifs de départ à la retraite liés au travail, la moitié des retraités déclarent qu’ils ne souhaitaient plus travailler. Un peu plus d’un tiers des personnes interrogées avancent des problèmes de santé qui rendaient le travail difficile, et un tiers également invoquent des conditions de travail non satisfaisantes.
Quant aux facteurs familiaux (départ du conjoint à la retraite, obligations familiales), ils concernent environ un quart des personnes interrogées et sont en léger recul par rapport à 2017. Ces facteurs sont en outre plus souvent cités par les femmes que par les hommes.
Les raisons financières sont fréquemment avancées pour justifier une prolongation d’activité. Parmi les retraités déclarant ne pas être partis dès que cela leur était possible mais plus tard, 69 % invoquent ainsi le souhait d’augmenter leur retraite future en augmentant leurs droits (cf. graphique 2). Ils sont presque autant (67 %) à déclarer qu’ils souhaitaient conserver encore quelques années leur salaire.
Les motifs professionnels peuvent également influer sur la décision de prolonger son activité. Ainsi, 67 % des nouveaux retraités expliquent entre autres le fait d’avoir prolongé leur activité par l’intérêt qu’ils portaient à leur emploi ou par des conditions de travail satisfaisantes. Comme en 2017, les autres motifs professionnels sont plus rarement évoqués : 29 % des retraités interrogés déclarent avoir prolongé leur activité pour finir un projet ou une mission en cours, et seulement 23 % l’ont fait dans l’attente d’une promotion. Par ailleurs, 46 % des nouveaux retraités déclarant être partis plus tard que le plus tôt possible ne se sentaient pas prêts à devenir retraités. Les raisons familiales (attendre le départ de son conjoint ou ne plus avoir d’enfants à charge) demeurent toujours marginales dans la décision de continuer à travailler.
Graphique 1 ● Motivations du départ à la retraite et de la cessation d’activité
Lecture : En 2021, 54 % des nouveaux retraités ont répondu que le fait d’avoir atteint l’âge légal minimal a beaucoup joué dans leur décision de partir à la retraite, 18 % qu’il a assez joué, 6 % qu’il a peu joué, et 22 % qu’il n’a pas joué du tout.
Champ : Nouveaux retraités résidant en France qui ont travaillé jusqu’à 50 ans au moins et sont partis à la retraite entre juillet 2015 et juin 2016 (enquête 2017) ou juillet 2019 et juin 2020 (enquête 2021).
Sources : DREES, COR, DSS, CNAV, Agirc-Arrco, SRE, CDC, CPRPSNCF, enquêtes Motivations de départ à la retraite 2017 et 2021.
Graphique 2 ● Motivations de la prolongation d’activité des retraités déclarant être partis plus tard que ce qui était possible
Lecture : En 2021, 36 % des nouveaux retraités déclarant être partis plus tard que ce qui était possible ont répondu que le souhait d’augmenter leur retraite future en augmentant leurs droits a beaucoup joué dans leur décision de retarder leur départ à la retraite, 19 % qu’il a assez joué, 14 % qu’il a peu joué et 31 % qu’il n’a pas joué du tout.
Champ : Nouveaux retraités qui étaient en activité au moment de leur départ et qui ont déclaré qu’ils n’étaient pas partis dès qu’ils en ont eu la possibilité mais plus tard, résidant en France, et partis à la retraite entre juillet 2015 et juin 2016 (enquête 2017) ou juillet 2019 et juin 2020 (enquête 2021).
Sources : DREES, CNAV, SRE, CDC, CPRPSNCF, Agirc-Arrco, COR, DSS, enquête Motivations de départ à la retraite 2017 et 2021.
Les nouveaux retraités de la fonction publique ou des régimes spéciaux sont, en proportion, plus nombreux que ceux du secteur privé à citer le fait d’avoir prolongé leur activité pour des raisons financières. Pour les retraités du secteur privé, c’est l’intérêt pour l’emploi exercé qui reste le critère le plus fréquemment mis en avant. Cette différence peut en partie s’expliquer par les règles de calcul du montant de la pension de retraite : dans les régimes de la fonction publique et à la CPRPSNCF, la pension dépend directement du salaire perçu les six derniers mois, tandis qu’au régime général, il s’agit du salaire moyen des 25 meilleures années. La prolongation de carrière dans la fonction publique et les régimes spéciaux peut donc potentiellement avoir un impact plus marqué sur le montant de la retraite que dans le secteur privé.
Sources des données
La cinquième vague de l’enquête Motivations de départ à la retraite, réalisée au premier semestre 2021, est le fruit d’une collaboration entre la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), le Secrétariat général du Conseil d’orientation des retraites (SG-COR), la Direction de la Sécurité sociale (DSS), la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV), l’Association générale des institutions de retraite des cadres et l’Association pour le régime de retraite complémentaire des salariés (Agirc-Arrco), le Service des retraites de l’État (SRE), la Caisse des dépôts (CDC) et la Caisse de prévoyance et de retraite du personnel de la SNCF (CPRPSNCF), dont c’est la première participation. L’enquête a été mise en place en vue d’analyser périodiquement les comportements de départ à la retraite des assurés – c’est-à-dire à la fois les raisons qui ont motivé la décision de partir à la retraite, mais aussi, pour les personnes ayant prolongé leur activité, celles qui les ont incitées en ce sens. Les quatre premières vagues de l’enquête ont été réalisées en 2010, 2012, 2014 et 2017[1].
Entre février et mai 2021, 5 499 personnes (dont 2 458 ayant liquidé leurs droits à la CNAV, 1 000 au SRE, 1 037 à la CNRACL, et 1 004 à la CPRPSNCF) ont été interrogées par téléphone parmi les 619 000 nouveaux retraités vivants au moment de l’enquête, résidant en France et ayant liquidé leur retraite de droit direct entre le 1er juillet 2019 et le 30 juin 2020. Le champ exclut cependant certaines personnes : les personnes ayant liquidé leurs droits avant 50 ans, les anciens fonctionnaires devenus invalides avant d’avoir atteint l’âge d’ouverture de leurs droits à la retraite, les militaires, ainsi que les anciens assurés de la CPRPSNCF qui ont liquidé une pension de réforme. Les modalités de tirage de l’échantillon et les pondérations effectuées sur les résultats veillent à respecter la représentativité des personnes interrogées par rapport à la population totale des nouveaux retraités pour chacun des quatre régimes de base. Les résultats de cette cinquième vague sont observés sur le champ des quatre régimes de retraite de base interrogés en 2021, soit un champ élargi par rapport à 2017, puisque la CPRPSNCF participe pour la première fois à l’enquête. D’une manière générale, les résultats varient très peu entre le champ comprenant la CNAV, le SRE et la CNRACL, et celui comprenant la CNAV, le SRE, la CNRACL et la CPRPSNCF. En effet, les assurés de la CPRPSNCF ne représentent que 0,5 % du champ total de l’enquête.
[1] Par facilité de langage, l’année 2021 est retenue pour les résultats de l’enquête collectée cette année-là, quand bien même les départs à la retraite ont eu lieu entre juillet 2019 et juin 2020. De même, l’année 2017 est retenue pour qualifier la quatrième vague de l’enquête, portant sur les personnes parties à la retraite entre juillet 2015 et juin 2016, etc.
Publications de référence
- Arnaud, F., Ferret, A. (2021, décembre). Pour huit Français sur dix, profiter le plus longtemps possible de la retraite reste la principale motivation de départ. DREES, Études & Résultats, 1216.
- Ferret, A. (2022, juin). Méthodologie de l’enquête Motivations de départ à la retraite (cinquième vague). DREES, DREES méthodes, 1.
- Marino, A. (dir) (2022, mai). Les retraités et les retraites – Edition 2022. Paris, France : DREES, coll. Panoramas de la DREES-Social, fiche 19.
Données détaillées associées sont disponibles sur le site de la DREES
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