Dépenses et financement
Le montant des pensions de retraite rapporté au produit intérieur brut constitue une mesure de la part de la richesse nationale dédiée au versement des retraites. Cependant, la contraction exceptionnelle du PIB en 2020 liée à la crise sanitaire a conduit mécaniquement à augmenter significativement la part des retraites dans le PIB.
En 2021, le montant des pensions de retraite (des régimes obligatoires de base et complémentaires, ainsi que des régimes supplémentaires non légalement obligatoires) s’élève à 338 Md€, soit plus d’un huitième du PIB (13,5 %), dont 303,2 Md€ au titre des pensions de droit direct de base et complémentaires (soit 12,1 % du PIB) et 37,4 Md€ au titre des pensions de droit dérivé (soit 1,4 % du PIB) (cf. Graphique 1). Entre 2020 et 2021, la part des dépenses de retraite dans le produit intérieur brut (PIB) passe de 14,4 % à 13,5 % et retrouve ainsi son niveau d’avant la crise sanitaire.
La masse des pensions de droit direct des régimes obligatoires augmente de 1,9 % en euros courants entre 2020 et 2021, soit légèrement moins rapidement qu’en 2020 (+2,2 %)..Cette croissance s’explique notamment par l’augmentation de la pension moyenne en 2021 en raison, d’une part, de la revalorisation de 0,4 % dans les régimes de base et, d’autre part et dans une moindre mesure, du fait de la revalorisation de 1,0 % dans le régime complémentaire Agirc-Arrco.
De plus, la masse des pensions de droit direct est également tirée vers le haut par la tendance à la hausse de l’effectif total des bénéficiaires de droit direct (+0,5 % en 2021), portée par l’arrivée de nouveaux retraités issus des générations nombreuses du baby-boom et par l’allongement continu de la durée de vie.
En effet, le nombre de bénéficiaires des principaux régimes, en hausse par rapport à 2020 (hormis pour la Mutualité sociale agricole [MSA]), pousse à la hausse la masse des pensions versées. Le relèvement progressif de l’âge du taux plein automatique de 65 à 67 ans, intervenant entre 2016 et 2020, se traduit en revanche par un ralentissement des départs à la retraite.
De plus, la pension moyenne augmente mécaniquement tirant à la hausse les masses versées au titre des pensions de droit direct, du fait de l’effet noria : les pensions de nouveaux retraités sont en moyenne plus élevées que celles des retraités décédés au cours de l’année, du fait de carrières plus favorables.
La masse financière relative aux pensions de droit
dérivé augmente de 0,6 % en euros courants en 2021 (après +0,2 % en 2020), la légère baisse des pensions moyennes compensant la progression du nombre de bénéficiaires. (cf. indicateur 1.10).
En tenant compte de l’inflation, les dépenses pour les pensions de retraite ralentissent fortement en 2021 (+0 ,1 % en euros constants, après +1,5 % en 2020). Les dépenses relatives aux pensions de droits directs sont aussi moins dynamiques en 2021 (+0,2 %, après +1,8 % en 2020), les dépenses de droits dérivés baissent davantage (-1,0 % en 2021 contre -0,2 en 2019).
Graphique 1 ● Part des prestations de retraite dans le PIB
Source Drees-CPS, Insee-Comptes nationaux pour le PIB.
Champ : régimes de protection sociale (cf. « La Protection Sociale en France et en Europe en 2020 – édition 2021», Collection « Panorama », Drees, décembre 2021).
Sur un champ un peu plus large incluant notamment le minimum vieillesse et des prestations liées à l’autonomie (voir précisions méthodologiques), Eurostat réalise des comparaisons européennes pour le risque « vieillesse-survie ».
En 2021, les prestations de vieillesse-survie représentent 13,0 % du PIB dans l’UE-27 (cf. Graphique 2). L’Italie et la Grèce affichent les niveaux de prestations en parts du PIB les plus élevés (17,2 % et 16,6 %). L’Autriche (15,4 %) et la France (14,4 %) présentent aussi une dépense sensiblement supérieure à la moyenne. Parmi les pays qui dépensent moins de 10 % de leur PIB pour les prestations vieillesse-survie figurent l'Irlande (4,0 %), la plupart des « nouveaux États membres » (entrés après le 1er mai 2004) mais aussi le Luxembourg (8,6 %).
Les dépenses de prestations du risque « vieillesse-survie » dépendent à la fois de la part de la population en âge d'être retraitée et du niveau de richesse du pays. Ainsi, les niveaux élevés observés en Grèce, en Italie et au Portugal sont liés, en comparaison à la moyenne UE-15, à une part de la population âgée supérieure (supérieure à 22% de leurs populations) et à un PIB par habitant inférieur. À l’inverse, le faible niveau de dépenses par rapport au PIB du Luxembourg et de l’ Irlande est lié à la faible part de la population âgée de 65 ans et plus dans la population totale (15 ,0 % contre 20,9 % dans l’UE-27) ainsi qu’à un niveau de PIB par habitant très supérieur à la moyenne de l’UE-27 (respectivement 87 000 et 72 200 en parité de pouvoir d’achat [PPA] par habitant, contre 35 500 en moyenne dans l’UE-27 en 2021).
Un autre déterminant important de la dépense est le niveau des prestations servies par personne âgée de 65 ans ou plus, très variable entre pays. Ainsi, les prestations par personne âgée sont parmi les plus faibles dans les pays d’Europe centrale et orientale, ainsi qu’en Grèce et au Portugal, à moins de 16 000 PPA. Elles sont également inférieures à la moyenne UE-27 (20 360 PPA) en Espagne (17 470 PPA) et en Irlande (15 880 PPA). Les autres pays du nord de l’Europe, ainsi que l’Autriche, les Pays-Bas et la France (23 740 SPA) comptent parmi les pays où les prestations versées par personne âgée sont supérieures à la moyenne UE-27. C’est le Luxembourg qui consacre le niveau de prestations le plus élevé d’Europe par personne âgée (43 640 SPA).
Graphique 2 ● Prestations couvrant le risque « vieillesse-survie » dans les pays de l’UE en 2021
Source : Eurostat-Système européen de statistiques intégrées de la protection sociale (Sespros) .
Depuis la crise de 2008, les dépenses de vieillesse-survie augmentent dans tous les pays observés. Parmi les pays considérés (cf.
), la hausse générale des dépenses de « vieillesse-survie » entre 2010 et 2021, résulte largement des effets démographiques du vieillissement, sauf en Espagne et en Suède.
Entre 2010 et 2021, la part des dépenses vieillesse-survie dans le PIB de l’UE-27 pris dans son ensemble a légèrement augmenté, passant de 12,4 % du PIB à 13 % du PIB (+0,6 point).
La hausse de la part des dépenses dans le PIB la plus importante est en Espagne (+27 % entre 2010 et 2021) en raison de la montée en charge des réformes de 2011 et 2013 (carrières plus longues et supplément familial), de l’application du nouvel indice de revalorisation des pensions (plus favorable en période de faible inflation) et de la contraction du PIB.
Graphique 3 ● Part des prestations vieillesse-survie dans le PIB en 2019 et évolution entre 2010 et 2021
Source : Eurostat
En 2022, en Espagne, les personnes de plus de 65 ans ont un revenu médian identique à celui du reste de la population (ratio de 1,01) (cf. Graphique 4). Cette situation est plus favorable que dans les autres pays observés. Le revenu médian des plus de 65 ans est de 73 % de celui des moins de 65 ans en Belgique, de 84 % en Allemagne et de 93 % en France .
Depuis 2010, le revenu médian relatif des plus de 65 ans a stagné dans l’ensemble des pays à l’exception de l’Espagne, où il augmente de 0,13 points de pourcentage.
Le taux de pauvreté monétaire (à 60 % du revenu médian) de la population âgée de 65 ans ou plus en France (12,5 %) est nettement inférieur à la moyenne des pays de l’UE-27 (17,3 %). Cependant, ces statistiques peuvent cacher d’importantes disparités de conditions de vie. En effet, malgré un niveau de vie relatif des personnes âgées plus favorable en Italie (0.98) qu’en Allemagne (0,84), le taux de privation matérielle sévère des personnes âgées est nettement supérieur en Italie (16,7 % ) qu’en Allemagne (9,9 %).
Graphique 4 ● Revenu médian relatif des 65 ans et plus en 2022 et évolution entre 2010 et 2022
Note de lecture : le revenu des plus de 65 ans représente 93 % de celui de l’ensemble de la population de France en 2022 ; il a régressé de 0,05 point depuis 2010.
Source : Eurostat-Système européen de statistiques intégrées de la protection sociale (Sespros).
Sources des données
La masse totale des prestations de retraite est déterminée à l’aide des comptes de la protection sociale élaborés annuellement par la Drees. Le premier graphique présente deux séries ainsi définies :
- la série « pensions de base de droit direct » comprend l’ensemble des pensions de retraite et les avantages complémentaires (majorations de pensions pour enfants, etc.) servies par les régimes de retraite de base (régime général, régimes de base de non-salariés, régimes spéciaux y compris le régime des pensions civiles de l’État), ainsi que les prestations servies au titre des allocations supplémentaires (allocations constitutives du minimum vieillesse, pensions d’inaptitude, pensions d’invalidité des plus de 60 ans…).
Elle ne comprend pas les allocations compensant la perte d’autonomie des personnes âgées ;
Dans le deuxième graphique, le montant des prestations sociales est exprimé en pourcentage du PIB et en parité de pouvoir d’achat (PPA), unité monétaire fictive de référence utilisée par l’Institut européen des statistiques, Eurostat, pour effectuer des comparaisons en parité de pouvoir d’achat (PPA). Les PPA sont un taux de conversion qui vise à éliminer les différences de niveaux de prix entre pays. Les PPA expriment le rapport entre la quantité d’unités monétaires nécessaire dans des pays différents pour se procurer le même panier de biens et de services.
Les comparaisons menées par Eurostat et reprises ici dans les graphiques 2 et 3 portent sur un champ plus large que celui représenté dans le premier graphique « prestations de retraite ». Elles incluent aussi le minimum vieillesse, les primes de départ à la retraite, les capitaux-décès versés par les organismes d’assurance (au titre du risque « survie »), les allocations compensant la perte d’autonomie des personnes âgées (dans le cas de la France, il s’agit de l’allocation personnalisée d’autonomie ainsi que de l’allocation compensatrice pour tierce personne et la prestation de compensation du handicap versées aux plus de 60 ans, voir rapport «Autonomie ») et les aides versées dans le cadre de l’action sociale des différents régimes. Il convient de préciser que les dépenses de certains systèmes par capitalisation sont sous-estimées car hors du champ de définition de la protection sociale.
Pour aller plus loin
« Les retraités et les retraites – édition 2023 », Drees, Collection Panoramas de la Drees - Social
« La protection sociale en France et en Europe en 2022 – édition 2023 », Drees, Collection Panoramas de la Drees - Social.
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