Dépenses et financement

1.2. Dépenses de retraite dans le produit intérieur brut

Le montant des pensions de retraite rapporté au produit intérieur brut constitue une mesure de la part de la richesse nationale dédiée au versement des retraites. Cependant, la contraction exceptionnelle du PIB en 2020 liée à la crise sanitaire a conduit mécaniquement à augmenter significativement la part des retraites dans le PIB.

Stable depuis 2015, la part des pensions de retraite dans le PIB a augmenté en 2020 en raison de la crise

Le montant des pensions de retraite rapporté au produit intérieur brut constitue une mesure de la part de la richesse nationale dédiée au versement des retraites. Cependant, la contraction exceptionnelle du PIB en 2020 liée à la crise sanitaire a conduit mécaniquement à augmenter significativement la part des retraites dans le PIB.

La France se situe parmi les pays européens qui dépensent le plus en termes de richesse nationale pour couvrir le risque « vieillesse-survie »

En 2020, le montant des pensions de retraite (des régimes obligatoires de base et complémentaires, ainsi que des régimes supplémentaires non légalement obligatoires) s’élève à 332 Md€, soit plus d’un septième du PIB (14,4 %), dont 295 Md€ au titre des pensions de droit direct de base et complémentaires (soit 12,8 % du PIB) et 37 Md€ au titre des pensions de droit dérivé (soit 1,6 % du PIB) (cf. Graphique 1).
Les pensions versées par les régimes de retraite de base représentent plus des deux-tiers de l’ensemble des pensions de retraite, avec 246 Md€ en 2020. Les pensions complémentaires de retraite de droit direct, d’un montant total de 85,5 Md€, se partagent entre les pensions versées par les régimes de retraite complémentaire obligatoire (85,5 Md€), et les pensions versées par les régimes de la mutualité et de la prévoyance, qui ne représentent en France qu’une très faible part des pensions de retraite (2 Md€ en 2020, soit 0,7 % de ces pensions).
La masse des pensions de droit direct des régimes obligatoires augmente de 2,2 % en euros courants entre 2019 et 2020, suivant ainsi la tendance observée entre 2018 et 2019. Cette croissance s’explique notamment par la tendance à la hausse de l’effectif total des bénéficiaires de droit direct (+0,6 % en 2020), portée par l’arrivée de nouveaux retraités issus des générations nombreuses du baby-boom et par l’allongement continu de la durée de vie. 

En effet, le nombre de bénéficiaires des principaux régimes, en hausse par rapport à 2019 (hormis pour la Mutualité sociale agricole [MSA]), pousse à la hausse la masse des pensions versées. Cette hausse est cependant plus faible qu’en 2019 pour tous les régimes excepté pour la retraite publique complémentaire (l’Ircantec). Le relèvement progressif de l’âge du taux plein automatique de 65 à 67 ans, intervenant entre 2016 et 2020, se traduit en revanche par un ralentissement des départs à la retraite.
De plus, la pension moyenne augmente mécaniquement tirant à la hausse les masses versées au titre des pensions de droit direct, du fait de l’effet noria : les pensions de nouveaux retraités sont en moyenne plus élevées que celles des retraités décédés au cours de l’année, du fait de carrières plus favorables. La hausse de la pension moyenne de cette année résulte également de la revalorisation exceptionnelle des retraites inférieures à 2 000 euros en janvier 2020, plus importante que la revalorisation de 0,3 % en 2019.
La masse financière relative aux pensions de droit
dérivé augmente de 0,3 % en euros courants en 2020 (après +0,9 % en 2019). Ce ralentissement est principalement à rapprocher de la diminution du nombre de bénéficiaires en 2020, légèrement compensée par la progression de la pension moyenne (cf. indicateur 1.10 sur les bénéficiaires des pensions de droit dérivé).
En tenant compte de l’inflation, les dépenses pour les pensions de retraite accélèrent en 2020 (+1,5 % en euros constants, après +0,9 % en 2019). Les dépenses de droits directs sont plus dynamiques en 2020 (+1,7 %, après +1,1 % en 2019), tandis que les dépenses de droits dérivés baissent de nouveau (-0,2 % en 2019 et 2020).
 

Graphique 1 ● Part des prestations de retraite dans le PIB

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Source Drees-CPS, Insee-Comptes nationaux pour le PIB. 
Champ : régimes de protection sociale (cf. « La Protection Sociale en France et en Europe en 2020 – édition 2021», Collection « Panorama », Drees, décembre 2021).

La France se situe parmi les pays européens qui dépensent le plus en termes de richesse nationale pour couvrir le risque « vieillesse-survie »

Sur un champ un peu plus large incluant notamment les prestations liées à la dépendance (voir précisions méthodologiques), Eurostat réalise des comparaisons européennes pour le risque « vieillesse-survie ».
En 2019, les prestations de vieillesse-survie représentent 12,4 % du PIB dans l’UE-27 (cf. Graphique 2). L’Italie et la Grèce affichent les niveaux de prestations en parts du PIB les plus élevés (16,5 % et 15,9 %). L’Autriche (14,4 %) et la France (14,2 %) présentent aussi une dépense sensiblement supérieure à la moyenne. Parmi les pays qui dépensent moins de 10 % de leur PIB pour les prestations vieillesse-survie figurent l'Irlande, la plupart des « nouveaux États membres » (entrés après le 1er mai 2004) mais aussi le Luxembourg.
Les dépenses de prestations du risque « vieillesse-survie » dépendent à la fois de la part de la population en âge d'être retraitée et du niveau de richesse du pays. Ainsi, les niveaux élevés observés en Grèce, en Italie et au Portugal sont liés, en comparaison à la moyenne UE-15, à une part de la population âgée supérieure et à un PIB par habitant inférieur. À l’inverse, le faible niveau de dépense par rapport au PIB au Luxembourg et en Irlande est lié à la faible part de la population âgée de 65 ans et plus dans la population totale (14 % contre 20 % dans l’UE-27) ainsi qu’à un niveau de PIB par habitant très supérieur à la moyenne de l’UE-27 (respectivement 79 600 et 59 600 en standard de pouvoir d’achat [SPA] par habitant, contre 31 300 en moyenne dans l’UE-27).
Un autre déterminant important de la dépense est le niveau des prestations servies par personne âgée de 65 ans ou plus, très variable entre pays. Ainsi, les prestations par personne âgée sont parmi les plus faibles dans les pays d’Europe centrale et orientale, ainsi qu’en Grèce et au Portugal, à moins de 15 000 SPA. Elles sont également inférieures à la moyenne UE-27 (15 620 SPA) en Espagne et en Irlande. Les autres pays du nord de l’Europe, ainsi que l’Autriche, les Pays-Bas et la France (23 400 SPA) comptent parmi les pays où les prestations versées par personne âgée sont supérieures à la moyenne UE-27. C’est le Luxembourg qui consacre le niveau de prestations le plus élevé d’Europe par personne âgée (43 100 SPA).

Graphique 2 ●  Prestations couvrant le risque « vieillesse-survie » dans les pays de l’UE en 2019

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Source : Eurostat-Système européen de statistiques intégrées de la protection sociale (Sespros) .

L’augmentation de la part du PIB consacrée aux prestations de retraite ralentit en Europe sous l’effet des réformes

Depuis la crise de 2008, les dépenses de vieillesse-survie augmentent dans tous les pays observés, à l’exception de l’Allemagne, où elles stagnent. Dans les cinq autres pays considérés (cf. Graphique 3), la hausse générale des dépenses de « vieillesse-survie » entre 2010 et 2019, résulte largement des effets démographiques du vieillissement, sauf en Espagne et en Suède.
Entre 2010 et 2019, la part des dépenses vieillesse-survie dans le PIB de l’UE-27 pris dans son ensemble est resté identique (12,4 %).
La hausse des dépenses la plus importante est en Espagne (+17 % entre 2010 et 2019) en raison de la montée en charge des réformes de 2011 et 2013 (carrières plus longues et supplément familial), de l’application du nouvel indice de revalorisation des pensions (plus favorable en période de faible inflation) et de la contraction du PIB. 

Graphique 3 ● Part des prestations vieillesse-survie dans le PIB en 2019 et évolution entre 2010 et 2019

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Source : Eurostat

En France en Italie et en Espagne, les personnes de plus de 65 ans ont un revenu médian identique à celui du reste de la population (ratio de 1,0) (cf. Graphique 4.). Cette situation est plus favorable que dans les autres pays observés : le revenu médian des plus de 65 ans est de 80 % de celui de l’ensemble de la population en Belgique, en Allemagne et en Suède.
Depuis 2010, le revenu médian des plus de 65 ans a progressé dans l’ensemble des pays à l’exception de l’Allemagne.
Le taux de pauvreté monétaire (à 60 % du revenu médian) de la population âgée de 65 ans ou plus en France (7,9 %) est nettement inférieur à la moyenne des pays de l’UE-28 (16 %). Cependant, ces statistiques peuvent cacher d’importantes disparités de conditions de vie. En effet, malgré un niveau de vie relatif des personnes âgées plus favorable en Italie (1,01) qu’en Allemagne (0,84), le taux de privation matérielle sévère des personnes âgées est nettement supérieur en Italie (6,7 % en 2019), qu’en Allemagne (2,0 %). 

Graphique 4 ● Revenu médian relatif des 65 ans et plus en 2019 et évolution entre 2010 et 2019

 

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Note de lecture : le revenu des plus de 65 ans représente 1,01 fois de celui de l’ensemble de la population Italie en 2019 ; il a progressé de 0,09 point depuis 2010.
Source : Drees-CPS pour la France ; Eurostat-Système européen de statistiques intégrées de la protection sociale (Sespros) pour les autres pays – calculs Drees. 

Sources des données 
La masse totale des prestations de retraite est déterminée à l’aide des comptes de la protection sociale élaborés annuellement par la Drees. Le premier graphique présente trois séries ainsi définies :
- la série « pensions de base de droit direct » comprend l’ensemble des pensions de retraite et les avantages complémentaires (majorations de pensions pour enfants, etc.) servies par les régimes de retraite de base (régime général, régimes de base de non-salariés, régimes spéciaux y compris le régime des pensions civiles de l’État), ainsi que les prestations servies au titre des allocations supplémentaires (allocations constitutives du minimum vieillesse, pensions d’inaptitude, pensions d’invalidité des plus de 60 ans…). 
Elle ne comprend pas les allocations compensant la perte d’autonomie des personnes âgées ;

- la série « autres pensions de droit direct » comprend les pensions complémentaires de droit direct versées par les régimes obligatoires de retraite complémentaire des salariés et des non-salariés ainsi que les pensions supplémentaires de droit direct versées par les mutuelles et les institutions de retraite supplémentaire et de prévoyance. Les prestations vieillesse versées par des sociétés d’assurance ne font pas partie du champ de la protection sociale.

- la série « pensions de droit dérivé » inclut les pensions délivrées aux ayants-droit de pensions de retraite, d’invalidité et d’accidents du travail. Elle exclut les capitaux décès et l’assurance veuvage.

Dans le deuxième graphique, le montant des prestations sociales est exprimé en pourcentage du PIB et en standard de pouvoir d’achat (SPA), unité monétaire fictive de référence utilisée par l’Institut européen des statistiques, Eurostat, pour effectuer des comparaisons en parité de pouvoir d’achat (PPA). Les PPA sont un taux de conversion qui vise à éliminer les différences de niveaux de prix entre pays. Les PPA expriment le rapport entre la quantité d’unités monétaires nécessaire dans des pays différents pour se procurer le même panier de biens et de services.

Les comparaisons menées par Eurostat et reprises ici dans les graphiques 2 et 3 portent sur un champ plus large que celui représenté dans le premier graphique « prestations de retraite ». Elles incluent aussi le minimum vieillesse, les primes de départ à la retraite, les capitaux-décès versés par les organismes d’assurance (au titre du risque « survie »), les allocations compensant la perte d’autonomie des personnes âgées (dans le cas de la France, il s’agit de l’allocation personnalisée d’autonomie ainsi que de l’allocation compensatrice pour tierce personne et la prestation de compensation du handicap versées aux plus de 60 ans, voir rapport «Autonomie ») et les aides versées dans le cadre de l’action sociale des différents régimes. Il convient de préciser que les dépenses de certains systèmes par capitalisation sont sous-estimées car hors du champ de définition de la protection sociale.

Pour aller plus loin
« Les retraités et les retraites – édition 2022 », Drees, Collection Panoramas de la Drees - Social 
« La protection sociale en France et en Europe en 2020 – édition 2021 », Drees, Collection Panoramas de la Drees - Social.
 

Organisme responsable de la production de l’indicateur : DSS

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