Le nombre moyen de consultations médicales par habitant est un indicateur qui permet d’apprécier les conditions de recours aux soins en France par rapport aux autres pays. Les consultations retenues dans les comparaisons internationales de l’OCDE sont réalisées par les médecins en cabinet, dans le cadre de visites au domicile des patients ou dans les services de consultations externes des hôpitaux et des cliniques.

De grandes disparités du nombre de consultations de médecins par habitant entre les pays de l’OCDE

La France enregistre 5,5 consultations par habitant en 2021. Au sein de l’OCDE, les disparités du nombre de consultations entre pays sont importantes (de moins de 3 consultations annuelles par habitant en Suède à près de 16en Corée). Il dépend de différences d’état de santé de la population, de facteurs culturels et de différences structurelles liées à l’organisation du système de soins, notamment en matière d’accès aux soins ou de répartition médecine de ville - hôpital. Le taux de consultations est également déterminé par les modes de rémunération des médecins ou encore la densité médicale. Ainsi, les pays dans lesquels le paiement à l’acte domine ont tendance à enregistrer un plus grand nombre de consultations (Japon, Allemagne, Belgique), alors que ceux dans lesquels l’exercice de la médecine est plus fréquemment salarié ou assorti d’une rémunération à la capitation (forfait par patient) en font relativement moins (Suède, Finlande, Espagne). Ceci ne se vérifie toutefois pas pour tous les pays. Aux Pays-Bas par exemple, la rémunération des médecins se fait principalement à la capitation et ce pays enregistrait ainsi 8,6 consultations par habitant en 2021.
Les disparités entre pays peuvent parfois s’expliquer par l’organisation des ressources humaines du secteur. En particulier, l’extension des compétences et responsabilités des professions infirmières et paramédicales (physician assistants, advanced nurse practitioner) peuvent contribuer à réduire les taux de recours à des médecins. En particulier, dans certains pays, les paramédicaux peuvent renouveler des prescriptions pour les malades chroniques. Tel est le cas, dans les pays scandinaves qui affichent des consultations médicales moindres par habitant.

Une chute brutale des consultations en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19

La pandémie a eu un impact substantiel sur la fréquence des consultations médicales. Les confinements, ainsi que les reports de soins programmés, particulièrement marqués lors des premiers mois de 2020, ont contribué à la baisse significative des consultations. A ce phénomène lié à l’offre médicale se combine un effet demande : la crainte de fréquenter des lieux de contamination éventuelle.
La grande majorité des pays ont connu une baisse des consultations en 2020, à l’exception du Danemark. Elle est particulièrement marquée en Italie ( 50 %) ou en Espagne et Lituanie (autour de  30 %) et bien moindre aux Pays Bas et en Finlande (-5 %) ou en Allemagne ( 1 %). A ce titre, la baisse observée en France ( 14 %, soit 5,0 consultations par an) est proche de celle des pays de l’OCDE en moyenne ( 16 %). Il convient de noter que la chute des consultations a été en partie limitée par le développement massif de la téléconsultation dans la même période (exclue de cet indicateur). Entre 2020 et 2021, le renoncement aux soins causé par les risques de contaminations à la Covid-19 semble s’estomper dans la majeure partie des pays de l’OCDE : Le nombre de consultations a cru en moyenne de 3 %, et de 10 % en France, atteignant 5,5 consultations en 2021 et se rapprochant ainsi du nombre de consultations pré-crise (5,8 en 2019).

Avant la crise sanitaire, une augmentation du nombre de consultations dans la majorité des pays depuis 2010

Le nombre moyen de consultations par habitant et par an a diminué entre 2010 et 2021, passant de 6,3 à 6 dans les pays de l’OCDE Cette baisse s’explique avant tout par une diminution depuis la crise sanitaire, qui vient interrompre la tendance à la hausse, qui était à l’œuvre depuis 2010 dans la majorité des pays de l’OCDE. En 2021, le nombre de consultations en France passe de 6,7 à 5,8 par an (cf. graphique 1), ce qui la fait se situer en position médiane. Le faible nombre de consultations par habitant en Suède (2,3 en 2021) s’explique d’après l’OCDE par l’activité des médecins qui se concentrent sur les cas les plus graves ou complexes, les autres patients étant pris en charge par d’autres professionnels de santé comme les infirmiers. Cette différence entre la Suède et la France peut également s’expliquer d’une part, par l’existence d’un système d’orientation téléphonique, en Suède et d’autre part, par la visite préalable d’un généraliste en France donnant droit à de meilleures conditions de remboursement dans la suite du parcours de soins coordonnés, ce qui n’est pas de rigueur en Suède.
 

Graphique 1 ● Nombre annuel de consultations de médecins par habitant 2010-2021

Source : OCDE 2021

Indications complémentaires :

Dans les données Eco Santé de l’OCDE, le nombre de consultations médicales par assuré est défini comme le rapport entre le nombre de contacts avec un médecin (généraliste ou spécialiste) et la population totale. Le nombre de consultations comprend : les visites au cabinet du médecin, les visites faites par des médecins dans des cadres institutionnels (hôpitaux ou cliniques) et les visites à domicile. Les consultations par téléphone en sont en principe exclues, même s’il demeure plusieurs pays où elles sont comprises (par exemple l’Espagne, l’Irlande et le Royaume-Uni). 

Des disparités existent également entre pays dans la couverture des différents types de consultations, notamment les consultations dans les services de consultations externes des hôpitaux. Les données des Pays-Bas excluent les consultations pour soins maternels et infantiles. Celles du Portugal excluent les visites aux médecins libéraux, tandis que celles du Royaume-Uni ne prennent pas en compte les consultations de spécialistes en dehors des consultations externes des hôpitaux. En Allemagne, les consultations de médecins ne représentent que le nombre de cas de traitements médicaux selon les règles de remboursement du régime d’assurance-maladie (un traitement ne prend en compte que le premier contact sur une période de trois mois même si le patient consulte plus souvent un médecin). Le nombre de consultations par assuré est donc un indicateur à prendre avec précaution, les écarts observés étant difficiles à interpréter.

Enfin, un indicateur qui se fonde sur le nombre de consultations, ne reflète pas la productivité des médecins, dans la mesure où la durée et l’efficacité de la consultation peuvent varier et certains actes ne sont pas pris en compte dans cet indicateur (travaux administratifs et de recherche, suivi des patients chroniques).

Sources des données : 
Les données sur les consultations proviennent principalement de sources administratives (issues des systèmes d’information des régimes d’assurance maladie, comme le GKV en Allemagne, l’Inami en Belgique, la Cnam en France), bien que dans certains pays, elles soient issues d’enquêtes de santé avec entretien (Espagne, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suisse). Les estimations provenant d’enquêtes auprès des ménages sont en général plus faibles en raison du biais de remémoration et du taux de non réponse. 


Pour aller plus loin :
Pour plus de détails, se reporter à la publication annuelle de l’OCDE, Panorama de la santé.
 

Organismes responsables de la production de l’indicateur : DSS

Téléchargements complémentaires

  • Intégralité du REPSS - Maladie - Edition 2024 8 MB   Télécharger
  • Synthèse du REPSS - Maladie - Edition 2024 819 KB   Télécharger
  • Données du REPSS Maladie - Edition 2024 7 MB   Télécharger