Objectif n°4 : Améliorer la qualité de la prise en charge par le système de soins
Depuis 1994, les programmes de prévention et de lutte contre les infections nosocomiales (IN) sont élaborés tous les quatre à cinq ans. Le programme national d’actions de prévention des infections associées aux soins (Propias) 2015 considère le parcours de santé du patient au cours de sa prise en charge dans les différents secteurs de l’offre de soins, qu’il s’agisse des établissements de santé, des établissements médico-sociaux ou des soins de ville, dans un souci de cohérence et de continuité des actions de prévention.
Des enquêtes nationales de prévalences (ENP) des infections nosocomiales sont proposées tous les 5 ans aux établissements de santé depuis 1996. La dernière a eu lieu en 2017 sur un échantillon représentatif d’ES français.
D’autre part, le Propias prévoit de réaliser au niveau national, tous les cinq ans, une enquête de prévalence des infections associées aux soins (IAS) dans les établissements médico-sociaux. La première enquête nationale, s’adressant à des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), a eu lieu du 16 mai au 30 juin 2016. Parmi un échantillon de 719 EHPAD, 367 établissements ont participé à cette enquête permettant d’inclure 28 277 résidents. Les résultats montrent une prévalence de résidents infectés de 2,9 % (IC 95 % [2,6-3,3]), celle des infections de 3,0 % (IC 95 % [2,7-3,4]) du fait qu’un résident peut avoir plusieurs infections actives le jour de l’enquête.
Un patient hospitalisé sur 20 présente au moins une infection nosocomiale
Dans la population des patients hospitalisés en établissements de santé, la prévalence des patients infectés en 2017 est estimée à 5,0 % (IC 95 % [4,6-5,3]). Autrement dit, un jour donné, un patient hospitalisé sur 20 présente au moins une infection nosocomiale.
Présentées par catégorie d’établissement, les prévalences brutes des patients infectés - c’est-à-dire non ajustées sur les caractéristiques des patients - sont indiquées pour les quatre dernières ENP (2001, 2006, 2012 et 2017).
La prévalence des patients infectés est la plus élevée dans les centres de lutte contre le cancer quelle que soit l’année d’enquête. Elle est la moins élevée dans les établissements psychiatriques.
Tableau 1 ● Prévalence des patients avec une infection nosocomiale par catégorie d'établissement de santé
Sources : Santé publique France, Enquêtes nationales de prévalence, France, 2001, 2006, 2012 et 2017. Note : n = effectif de patients inclus dans l’enquête.
* Inclus les établissements de catégorie Hôpitaux Locaux pour les enquêtes 2001, 2006 et 2012.
** Données présentées pour l'ensemble des établissements de soins de suite et de réadaptation et de longue durée.
*** En 2001, 2006, et 2012, les enquête étaient réalisée sur l’ensemble des établissements français ; les prévalences calculées correspondent aux vraies dans la population. A partir de 2017, l’enquête est réalisée sur un échantillon d’établissements représentatifs des établissements français ; les prévalences sont des estimations entourées de leur intervalle de confiance à 95 % indiqué entre crochet : cela signifie que 95 % des valeurs de prévalence observée dans les établissements sont comprises entre les bornes supérieure et inférieure de l’intervalle de confiance.
Evolution contrastée de la prévalence des patients infectés depuis 2001
- Avec ajustement : la prévalence globale des patients infectés est restée stable entre 2012 et 2017, contrairement à la diminution régulière qui avait été observée depuis 2001 : diminution de 11 % entre 2001 et 2006 et de 10,8 % entre 2006 et 2012.
- Sans ajustement : les prévalences brutes des patients infectés par des infections acquises dans l’établissement ont été comparées de manière à observer la tendance d’évolution entre 2001 et 2006, 2006 et 2012, 2012 et 2017, selon la catégorie d’établissement.
L’évolution est contrastée suivant à la fois les années et la catégorie d’établissement. Si la prévalence des infectés par des infections acquises continue de diminuer en 2017 dans les établissements de soins de suite et de réadaptation et de longue durée, les centres hospitaliers et en psychiatrie ; en revanche, elle augmente fortement dans les établissements de médecine, chirurgie, obstétrique (MCO) et dans les centres de lutte contre le cancer.
Tableau 2 ● Prévalence des patients infectés par une infection acquise dans l’établissement par catégorie d'établissement de santé
Sources : Santé publique France, Enquêtes nationales de prévalence, France, 2001, 2006, 2012 et 2017.
* Comparaisons sur taux bruts restreintes aux ES ayant participés aux deux enquêtes.
** Comparaisons sur taux bruts sur l'ensemble de la population d'ES.
*** Données présentées pour l'ensemble des établissements de soins de suite et de réadaptation et de longue durée.
En 2017, la prévalence des infections acquises est 4 fois plus importante que la prévalence des infections importées
Dans la population des patients hospitalisés en établissements de santé, la prévalence des infections nosocomiales (IN) en 2017 est égale à 5,2 % (IC 95 % [4,8-5,6]), 4,1 (IC 95 % [3,7-4,4]), pour les infections acquises contre 1,0 (IC 95 % [0,9-1,2]), pour les infections importées. Le rapport entre prévalence des infections acquises et importées varie selon la catégorie d’établissement : de 7 fois plus important dans les CHR/CHU et les centres de lutte contre le cancer à quasiment nul pour les établissements de soins de suite de réadaptation.
Tableau 3 ● Prévalence des infections nosocomiales (IN) par origine de l'infection et par catégorie d'établissement de santé (année 2017)
Sources : Santé publique France, Enquêtes nationales de prévalence, France, 2017.
Note : Prév. % = prévalence des infections nosocomiales exprimée en pourcentage. [IC 95 %] = intervalle de confiance à 95 % de la prévalence estimée ; cela signifie que 95 % des valeurs de prévalence observée dans les établissements sont comprises entre les bornes supérieure et inférieure de l’intervalle de confiance.
En France, la prévalence des infections nosocomiales est comparable à celle de l’union européenne (environ 6 % en 2017). L’Allemagne et les Pays-Bas disposent de prévalences relativement faibles (environ 4 %) alors que la Grèce, le Portugal, la Finlande et l’Italie ont des prévalences supérieures à 8%.
Graphique 1 ● Patients hospitalisés présentant au moins une infection associée aux soins (2016-2017)
Sources : OCDE - European Center for Disease Prevention and Control 2016-17 Point prevalence survey
Construction de l'indicateur
Le taux de prévalence est le nombre de patients infectés ou le nombre d’IN rapporté au nombre de patients en hospitalisation complète présents un jour donné dans les établissements enquêtés.
Précisions méthodologiques
Les ENP sont proposées aux ES tous les 5 ans depuis 1996. L’enquête nationale de prévalence des IAS a été conduite du 15 mai au 30 juin 2017 dans chaque établissement de santé (ES) participant. L’ENP 2017 a été réalisée par sondage sur un échantillon représentatif des ES français. La participation d’ES volontaires non tirés au sort restait néanmoins possible. Le protocole a pris en compte celui de l’enquête européenne pilotée par l’ECDC ce qui a permis, comme en 2012, de contribuer à fournir des données françaises pour l’enquête européenne. Il s’agissait d’une enquête de prévalence réalisée « un jour donné », incluant tous les services d’hospitalisation complète et tous les patients hospitalisés avant 8h00 du jour de l’enquête. Pour chaque patient étaient recueillis les caractéristiques de l’établissement (type, statut et taille), la spécialité du service d’accueil, les caractéristiques du patient (âge, sexe, indice de Mac Cabe, statut immunitaire, affection maligne …), les informations sur l'hospitalisation du patient et les facteurs de risques liés à sa prise en charge (intervention chirurgicale dans les 30 derniers jours, présence de dispositifs invasifs…). Pour chaque IN étaient documentés la localisation infectieuse, l’origine (acquise dans l’établissement ou importée d’un autre établissement), la date de diagnostic, le(s) micro-organisme(s) identifié(s) et certaines caractéristiques de résistance aux antibiotiques. L’ensemble des résultats est consultable sur le site internet de Santé publique France.
Organisme responsable de la production de l’indicateur : DSS