Objectif n°3 : Garantir les moyens nécessaires au système de santé
En 2022, 42 % des médecins exercent une activité régulière libérale, 48 % une activité salariée et 10 % une activité mixte. Le salaire d’un praticien hospitalier n’est pas lié à sa spécialité, se sont essentiellement l’échelon (lié à l’ancienneté) et le statut (temps plein, mi-temps, etc.) qui déterminent le niveau de salaire. Cette fiche se concentre donc sur les revenus des médecins les plus susceptibles d’avoir des différences de salaire entre spécialités : les professionnels exerçant une activité libérale.
La crise sanitaire s’est traduite tout d’abord par une baisse globale des honoraires perçus entre 2019 et 2020, puis par une augmentation entre 2020 et 2022 (cf. indicateur 1-4-2). Les revenus des médecins ont suivi les mêmes tendances, excepté pour l’année 2022 où leurs revenus ont légèrement baissé alors que les honoraires avaient augmenté, en raison de la hausse de leurs charges. Malgré une diminution des revenus entre 2021 et 2022, la tendance concernant les revenus sur la dernière décennie reste à la hausse (+9 % entre 2012 et 2022). Cette hausse est plus marquée chez les médecins exerçant en secteur 2 (+14 %) comparé à ceux exerçant en secteur 1 (+7 %). La cancérologie se démarque des autres spécialités par une évolution très importante durant la période (+34 %). Hors cancérologie, les inégalités de rémunération entre spécialités, mesurées par l’écart-type, la dispersion des revenus autour de la moyenne sont globalement restés les mêmes entre 2012 et 2022. Cependant, lorsque l’on regarde par secteur d’activité, hors cancérologie, cette dispersion augmente légèrement en secteur 1 et diminue en secteur 2.
En 2022, le revenu net moyen des médecins libéraux est de 92 000€ annuels, tandis que celui des médecins généralistes est de 77 000 € et celui des spécialistes de 112 000 € contre respectivement 95 000 €, 81 000 € et 114 000 € en 2021.
En 2022, une certaine hétérogénéité de revenus existe entre spécialités, avec des revenus allant de 57 000 € pour la gynécologie médicale à 259 000 € pour la cancérologie, soit un écart de 202 000 € annuels. Sans pondération, la moitié des spécialités ont des revenus inférieurs à 97 000 € (valeur médiane) et la moyenne des spécialités est de 104 000 €, montrant une asymétrie en faveur des revenus élevés. Ce mode de calcul représente l’intérêt de comparer les spécialités entre elles sans prendre en compte la différence d’effectifs dans le calcul de la moyenne et de la médiane.
Graphique 1 ● Revenus des médecins libéraux, évolution de 2012 à 2022 et nombre de professionnels par spécialité
Source : Données de revenus des médecins libéraux (CARMF).
Champ : Médecins cotisant à la CARMF.
Note de lecture : L’axe horizontal représente l’évolution en pourcentage des revenus entre 2012 et 2022, l’axe vertical représente le niveau de revenu, tandis que la taille de la bulle représente les effectifs (38 pour l’hématologie ou la médecine nucléaire jusqu’à 58 000 pour la médecine générale).
Cependant, en prenant en compte les effectifs, la répartition des revenus montre une concentration importante sur la seule catégorie des médecins généralistes, qui représentent plus de la moitié des effectifs de médecins (cf. graphique 1). Ainsi, 69 % des médecins gagnent en moyenne moins de 77 000 €, tandis que les 25 % les mieux rémunérés ont des revenus supérieurs à 101 000 €. Parmi les hauts revenus, la cancérologie, la spécialité, la mieux rémunérée sur la période, représente peu de professionnels de santé, tandis que les anesthésistes, les ophtalmologues ou les chirurgiens sont plus nombreux. En ce qui concerne l'évolution des revenus entre 2012 et 2022, les différentes professions ont connu une évolution relativement homogène, excepté pour la cancérologie dont la progression a été plus importante (+34 %), tandis que la rhumatologie a connu une légère baisse sur la même période.
Le ratio du revenu moyen de la spécialité divisé par le revenu moyen des médecins libéraux permet de représenter les disparités entre spécialités (cf. graphique 2). Ainsi pour l’année 2022, en ordre de revenus décroissant, le graphique montre différentes spécialités médicales et leur évolution entre 2012 et 2022.
En 2022, l’écart va de 2,8 fois la moyenne pour les cancérologues, contre 0,6 pour les gynécologues médicaux, avec un écart moyen de 0,4 pour l’ensemble des médecins. Au final, 17 spécialités sont au-dessus de la moyenne et 10 en-dessous.
En 2012, sur les spécialités qui étaient sous la moyenne, trois sont passées légèrement au-dessus, à savoir les hématologues, les médecins biologistes et les neurologues.
La dispersion autour de la moyenne, calculée par l’écart-type, ne montre pas d’évolution de la dispersion des revenus entre 2012 (0,3) et 2022 (0,3). Cependant, cette mesure, sensible aux valeurs extrêmes, révèle des différences en enlevant les cancérologues, avec un écart-type en 2022 plus élevé (0,5) qu’en 2012 (0,4). En effet, en enlevant les cancérologues, les revenus au-dessus de la moyenne en 2012 ont eu une augmentation de leurs revenus plus faible que ceux qui étaient sous la moyenne (+ 5 % contre + 6 %). Ainsi, le revenu des médecins est moins dispersé autour de la moyenne grâce à une augmentation plus importante des revenus plus faibles.
Graphique 2 ● Disparités de revenus des médecins libéraux entre 2012 et 2022
Source : Données de revenus des médecins libéraux (CARMF).
Champ : Médecins cotisant à la CARMF.
Note de lecture : La courbe horizontale noire représente la moyenne des revenus des médecins et les points de couleur représentent pour chaque spécialité l’écart à cette moyenne pour l’année 2012 et 2022.
La comparaison des deux secteurs de conventionnement montre une disparité entre spécialités plus importante chez les secteurs 1 (cf. graphique 3a), tirée par l’écart à la moyenne des cancérologues. Ainsi, en 2022, l’écart-type des médecins secteur 1 est de 0,5 contre 0,4 pour les secteurs 2, montrant qu’en moyenne, les médecins de secteur 1 ont des revenus plus dispersés autour de la moyenne que les secteurs 2 (cf. graphique 3b). Cette différence n’est plus aussi importante en ne tenant pas compte des cancérologues (0,34 contre 0,37). L’évolution de l’écart-type, hors cancérologues, montre que la dispersion des revenus dans le secteur 1 a légèrement augmenté. Tandis que l’évolution des secteurs 2 hors cancérologues, montre une baisse de la dispersion, tirée par une baisse des revenus plus forte dans les spécialités qui étaient au-dessus de la moyenne en 2012.
Pour ce qui est de la concentration des revenus, représentée par la courbe de Lorenz (cf. graphique 4), celle-ci permet de représenter les revenus croissants en abscisse, avec le cumul de la population concernée en ordonnée. La droite verte montre la répartition si la richesse était parfaitement équitable, tandis que les deux courbes montrent la répartition de la richesse telle qu’elle est en 2022 (droite bleue foncée) et en 2012 (droite en pointillés). Ainsi, plus la courbe est éloignée de la droite, plus la richesse est inégalement répartie. La comparaison entre 2012 et 2022, montre que la distribution des richesses et donc les inégalités de revenus n’ont pas évolué entre 2012 et 2022.
Graphique 3a ● Disparités de revenus des médecins libéraux exerçant en secteur 1
Source : Données de revenus des médecins libéraux (CARMF).
Champ : Médecins cotisant à la CARMF.
Graphique 3b ● Disparités de revenus des médecins libéraux exerçant en secteur 2
Source : Données de revenus des médecins libéraux (CARMF).
Champ : Médecins cotisant à la CARMF.
Graphique 4 ● Inégalités de revenus des médecins libéraux en 2012 et 2022
Source : Données de revenus des médecins libéraux (CARMF).
Champ : Médecins cotisant à la CARMF. Courbe de Lorenz : Cette courbe affecte à chaque part de population, organisée par revenu croissant, la part que représentent ses revenus. Plus la courbe est éloignée de la bissectrice, plus les inégalités sont fortes.
Les données sont issues de la Caisse autonome de retraite des médecins de France (CARMF), caisse de retraite obligatoire des médecins libéraux. Afin d’estimer les cotisations des médecins, la CARMF s’appuie sur les déclarations de revenus des médecins cotisants (y compris les médecins en cumul retraite-activité), publiées sur le site de la caisse. Les données de la fiche s’appuient sur ces données publiques.
Certaines spécialités ont été retirées de l’étude, soit parce qu’elles n’étaient pas présentes et en 2012 et en 2022, soit parce que la donnée sur les effectifs n’étaient pas disponibles. Ainsi, l’allergologie, la génétique médicale, la médecine légale, la médecine nucléaire, la médecine vasculaire, la médecine d’urgence, la Santé publique et médecine sociale, les spécialités non précisées ne sont pas présentes dans tous les calculs.
Organisme responsable de la production de l’indicateur : DSS