Objectif n°3 : Garantir les moyens nécessaires au système de santé
En 2021, 44 % des médecins exercent une activité régulière libérale, 44 % une activité salariée et 12 % une activité mixte. Le salaire d’un praticien hospitalier n’est pas lié à sa spécialité, se sont essentiellement l’échelon (lié à l’ancienneté) et le statut (temps plein, mi-temps, etc.) qui déterminent le niveau de salaire. Cette fiche traite donc uniquement des inégalités de rémunération entre professionnels exerçant une activité libérale.
La crise sanitaire s’est traduite par une diminution des honoraires perçus en 2020 puis d’un rebond en 2021 (cf. indicateur 1.4.2). La tendance sur longue période reste ainsi inchangée. Les données ventilées par spécialités n’étant pas encore disponibles pour 2021 et l’année 2020 étant moins représentative des évolutions sur longue période, il a été choisi de ne pas présenter les données pour 2020 lors de cette nouvelle édiction.
Par ailleurs, la LFSS a mis en place un dispositif exceptionnel d’accompagnement des professionnels de santé. Ce dispositif d’indemnisation pour perte d’activité (DIPA) avait pour but de couvrir les charges fixes des professionnels de santé qui n’auraient pas été couvertes pendant les périodes de baisse d’activité dues à la crise et délimitées en fonction des périodes de confinement ou de restrictions des déplacements.
En 2020, le revenu net moyen des médecins libéraux est de 87 000 € annuels, tandis que celui des médecins généralistes est de 74 000 € et celui des spécialistes de 105 000 € contre respectivement 93 000 €, 77 000 € et 113 000 € en 2019.
En 2019, une certaine hétérogénéité de revenus existe entre spécialités, avec des revenus allant de 58 000 € pour la gynécologie médicale à 316 000 € pour la cancérologie, soit un écart de 258 000 € annuels. Sans pondération, la moitié des spécialités ont des revenus inférieurs à 97 000€ (valeur médiane) et la moyenne des spécialités est de 103 000 €, montrant une asymétrie en faveur des revenus élevés. Ce mode de calcul représente l’intérêt de comparer les spécialités entre elles sans prendre en compte la différence d’effectifs dans le calcul de la moyenne et de la médiane.
Cependant, en prenant compte des effectifs, la répartition des revenus montre une concentration importante sur la seule catégorie des médecins généralistes, qui représentent plus de la moitié des effectifs de médecins (cf. graphique 1), ainsi, 67 % des médecins gagnent en moyenne moins de 77 000 €, tandis que les 25 % les mieux rémunérés ont des revenus supérieurs à 101 000 €. Parmi les hauts revenus, la cancérologie malgré son niveau très élevé représente peu de professionnels de santé, tandis que les anesthésistes, les ophtalmologues ou les chirurgiens sont plus nombreux. S’agissant de l’évolution des revenus entre 2009 et 2019, les différentes professions ont connu une évolution relativement homogène, avec cependant la cancérologie et dans une moindre mesure l’hématologie dont la progression a été plus importante tandis que la radiologie aura connu une légère baisse sur la même période.
Graphique 1 ● Revenus des médecins libéraux, évolution de 2009 à 2019 et nombre de professionnels par spécialité
Source : Données de revenus des médecins libéraux (CARMF).
Champ : Médecins cotisant à la CARMF. Note de lecture : L’axe horizontal représente l’évolution en pourcentage des revenus entre 2009 et 2019, l’axe vertical représente le niveau de revenu, tandis que la taille de la bulle représente l’importance des effectifs.
L’écart à la moyenne des revenus des médecins libéraux permet de représenter les disparités entre spécialités (cf. graphique 2). Ainsi pour l’année 2019, en ordre de revenus décroissant, le graphique montre différentes spécialités médicales et leur évolution entre 2009 et 2019.
En 2019, l’écart va de 3,4 fois la moyenne pour les cancérologues, contre 0,6 pour les gynécologues médicaux ou les gériatres, avec un écart moyen de 0,38 pour l’ensemble des médecins. Au final, 15 spécialités sont au-dessus de la moyenne et 14 en-dessous.
En 2009, sur les spécialités qui étaient sous la moyenne, deux sont passées légèrement au-dessus, à savoir les pneumologues et les neurologues. Tandis que les médecins biologistes, initialement au-dessus de la moyenne des spécialistes, sont passés en-dessous.
La dispersion autour de la moyenne, calculée par l’écart-type, montre une augmentation de la dispersion des revenus tirée par l’augmentation des revenus des cancérologues. Cependant, cette mesure, sensible aux valeurs aberrantes, n’est pas confirmée en les enlevant, avec un écart-type en 2019 légèrement plus faible (0,35) qu’en 2009 (0,39). En effet, en enlevant les cancérologues, les revenus au-dessus de la moyenne en 2009 ont eu une augmentation de leurs revenus plus faible que ceux qui étaient sous la moyenne (+10 % contre +21 %). Ainsi, le revenu des médecins est moins dispersé autour de la moyenne grâce à une augmentation plus importante des revenus plus faibles.
Graphique 2 ● Disparités de revenus des médecins libéraux entre 2009 et 2019
Source : Données de revenus des médecins libéraux (CARMF).
Champ : Médecins cotisant à la CARMF. Note de lecture : La courbe horizontale noire représente la moyenne des revenus des médecins et les points de couleur représentent pour chaque spécialité l’écart à cette moyenne pour l’année 2009 et 2019.
La comparaison des deux secteurs de conventionnement montre une disparité entre spécialités plus importante chez les secteurs 1 (cf. graphique 3a), tirée par l’écart à la moyenne des cancérologues. Ainsi, en 2019 l’écart à la moyenne des médecins secteur 1 est de 0,4 contre 0,3 pour les secteurs 2, montrant qu’en moyenne, les médecins de secteur 1 ont des revenus plus loin de la moyenne que les secteurs 2 (cf. graphique 3b). Cette distinction se maintient en enlevant les cancérologues, mais à un moindre niveau (0,31 contre 0,28).
L’évolution de l’écart-type, hors cancérologues, montre que la dispersion des revenus dans le secteur 1 est restée la même, marquée par une évolution des revenus égale entre les spécialités sous la moyenne et celles au-dessus. Tandis que l’évolution des secteurs 2 montre une baisse de la dispersion, tirée par une évolution des revenus plus forte dans les spécialités qui étaient sous la moyenne en 2009.
Pour ce qui est de la concentration des revenus, représentée par la courbe de Lorenz (cf. graphique 4), celle-ci permet de représenter les revenus croissants en abscisse, avec le cumul de la population concernée en ordonnée. La droite verte montre la répartition si la richesse était parfaitement équitable, tandis que les deux courbes montrent la répartition de la richesse telle qu’elle est en 2019 (droite bleue foncée) et en 2009 (droite en pointillés). Ainsi, plus la courbe est éloignée de la droite, plus la richesse est inégalement répartie. Dans la comparaison entre 2009 et 2019, quoique légère, la concentration des revenus s’est accentuée au fil du temps.
Graphique 3a ● Disparités de revenus des médecins libéraux exerçant en secteur 1
Source : Données de revenus des médecins libéraux (CARMF).
Champ : Médecins cotisant à la CARMF.
Graphique 3b ● Disparités de revenus des médecins libéraux exerçant en secteur 2
Source : Données de revenus des médecins libéraux (CARMF).
Champ : Médecins cotisant à la CARMF.
Graphique 4 ● Inégalités de revenus des médecins libéraux en 2009 et 2019
Source : Données de revenus des médecins libéraux (CARMF).
Champ : Médecins cotisant à la CARMF. Courbe de Lorenz : Cette courbe affecte à chaque part de population, organisée par revenu croissant, la part que représentent ses revenus. Plus la courbe est éloignée de la bissectrice, plus les inégalités sont fortes.
Les données sont issues de la Caisse autonome de retraite des médecins de France (CARMF), caisse de retraite obligatoire des médecins libéraux. Afin d’estimer les cotisations des médecins, la CARMF s’appuie sur les déclarations de revenus des médecins cotisants (y compris les médecins en cumul retraite-activité), publiées sur le site de la caisse. Les données de la fiche s’appuient sur ces données publiques. Certaines spécialités ont été retirées de l’étude, soit parce qu’elles n’étaient pas présentes et en 2009 et en 2019, soit parce que la donnée sur les effectifs n’étaient pas disponibles. Ainsi, l’allergologie, la génétique médicale, la médecine biologique, la médecine d’urgence, la Santé publique et médecine sociale, les spécialités non précisées ne sont pas présentes dans tous les calculs.
Organisme responsable de la production de l’indicateur : DSS