Objectif n°1 : Développer la prévention
La feuille de route des dépistages organisés des cancers 2024-2028 prévoit de renforcer les programmes de dépistage organisé grâce à des évolutions organisationnelles et technologiques. La stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030 prévoit également le renfort de la recherche dans le domaine des dépistages afin de disposer de tests plus efficaces, de développer de nouveaux dépistages (cancer du poumon, cancer de la prostate) et d’orienter vers un dépistage plus personnalisé prenant mieux en compte le risque de chaque individu.
Le dépistage des cancers ou des lésions précancéreuses pour lesquels existe un programme de dépistage organisé (sein, col de l’utérus et colorectal) permet de diminuer la mortalité de ces pathologies. A l’horizon 2028, l’un des objectifs de la feuille de route vise à atteindre les objectifs de couverture recommandés au niveau européen en matière de dépistage des cancers (75 % pour les cancers du sein et 80 % pour le col de l’utérus, 65 % pour le cancer colorectal), notamment en levant les inégalités d’accès et de recours au dépistage (niveau de participation quel que soit l’indice de défavorisation ou la CSP). A cette fin, la feuille de route prévoit la réalisation d’un million de dépistages en plus à cet horizon par rapport aux 9 millions de dépistages environ, réalisés chaque année.
Après une baisse continue depuis de nombreuses années suivie d’une chute en 2020 liée à la crise sanitaire du Covid-19, les taux de participation des programmes de dépistage organisé des cancers du sein ont augmenté en 2021 : la participation est de 51 % pour le cancer du sein (cf.graphique 1) et de 34,6 % (2020-2021) pour le dépistage du cancer colorectal (cf. graphique 3). Pour le dépistage du cancer du col de l’utérus, malgré une baisse du nombre de dépistages réalisés en 2020 (données non présentées), la couverture du dépistage de ce cancer est restée stable depuis 2012. En 2019-2021, le taux de couverture du dépistage du cancer du col de l’utérus était de 59,6% (graphique 2).
Concernant le dépistage organisé du cancer du sein : 2,4 millions de femmes ont effectué une mammographie de dépistage organisée en 2022, Le taux national de participation pour la période 2021-2022 est de 47,7 %, soit 50,6 % pour l’année 2021 et 44,9 % pour l’année 2022.
Après avoir augmenté jusqu’en 2011-2012 pour atteindre un pic à 52,3 %, la participation au programme est en diminution depuis 10 ans, pour toutes les tranches d’âge et toutes les régions. En 2020, en raison du premier confinement et de la fermeture des CRCDC, le taux de participation avait nettement chuté, globalement et dans toutes les tranches d’âge et tous les départements. L’année 2021 montrait un rattrapage pour toutes les tranches d’âges et tous les départements, témoignant d’une activité accrue des CRCDC et des cabinets de radiologie pour compenser la baisse de l’année 2020. En 2022, on observe une participation plus faible qu’en 2021. Elle reste légèrement plus faible qu’en 2019, pour toutes les tranches d’âge et la grande majorité des départements.
L’épidémie de COVID-19 a probablement continué de perturber le dépistage du cancer du sein en 2022, mais la baisse du dépistage observée depuis 2012 pour toutes les tranches d’âges et toutes les régions est peut-être en train de perdurer.
A noter que le dépistage organisé ne représente qu’une partie de la pratique de dépistage en France, et une partie des femmes le font en dehors des recommandations.
La convention médicale entre la Cnam et les médecins libéraux fixe notamment des objectifs de suivi des patientes âgées entre 50 et 74 ans dans le cadre de la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP, cf. indicateur n°2-9 2).
Graphique 1 ● Dépistage organisé du cancer du sein chez les femmes de 50 à 74 ans (taux standardisés)
Sources : Données issues des CRCDC et Insee (ELP). Exploitation Santé publique France 2024 (standardisation sur la population française Insee 2009 (projections de population Omphale, scénario central, 2007-2042))
Concernant le cancer du col de l’utérus (cf. graphique 2), le taux de couverture national pour l’ensemble des femmes âgées de 25 à 65 ans est de 59,6 % pour la période 2019-2021 et varie selon les départements. Le taux de couverture brut par tranche d’âge quinquennale au niveau national le plus élevé est observé au sein de la tranche d’âge la plus jeune (25-29 ans, 67,5 %), puis diminue de manière importante entre 45 et 65 ans (60-65 ans, 46,5 %).
La proportion de femmes de 30 à 65 ans dépistées par la méthode du test HPV (recommandation HAS 2019) augmente rapidement : elle était de <1 % en 2019, de 22,8 % en 2020 et de 69,1 % pour le premier semestre 2022.
Actuellement recommandée chez les filles et les garçons âgés de 11 à 14 ans (avec un rattrapage vaccinal possible jusqu’à 19 ans), la vaccination contre les HPV permet de prévenir les infections génitales à HPV à l’origine d’environ 90 % des cancers du col de l’utérus et à l’origine d’autres cancers des voies génitales et de la sphère ORL. La couverture vaccinale du vaccin contre les HPV chez les adolescentes est en progression depuis plusieurs années. En 2023, elle était estimée à 55 % pour une dose à 15 ans et à 45 % pour le schéma complet à 16 ans. La vaccination des garçons, recommandée depuis 2021, permet de réduire la transmission des papillomavirus et permettra ainsi de protéger les prochaines générations, quel que soit le sexe, vis-à-vis des maladies liées aux HPV. En 2023, la couverture vaccinale du vaccin contre les HPV chez les garçons était estimée à 26 % pour une dose à 15 ans et à 16 % pour le schéma complet à 16 ans. Il est important que les couvertures vaccinales des filles et garçons continuent à progresser ; elles restent encore très inférieures à l’objectif de 80 % fixé pour 2030 dans la Stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030.
Graphique 2 ● Dépistage du cancer du col de l’utérus chez les femmes de 25 à 65 ans (taux standardisés)
Sources : SNDS/DCIR (tous régimes) et Insee. Exploitation Santé publique France 2022 (standardisation sur la population française de 2015)
Dépistage du cancer colorectal : 6,2 millions de personnes ont réalisé un test de dépistage, quel qu’en soit le résultat (positif, négatif ou non analysable), ce qui représente un taux de participation-population éligible standardisé sur l’âge de 34, %. Ce taux est stable par rapport à la période précédente (34,3 % en 2021-2022 – cf. graphique 3) mais toujours en-deçà du standard européen acceptable de 45 %. Ce taux de participation reste plus élevé chez les femmes (35,4 %) que chez les hommes (32,8 %), il augmente avec l’âge et varie selon les départements.
Graphique 3 ● Dépistage organisé du cancer colorectal chez les personnes de 50 à 74 ans (taux standardisés)
Sources : Données issues des CRCDC et Insee (ELP). Exploitation Santé publique France 2024 (standardisation sur la population française Insee 2009 (projections de population Omphale, scénario central, 2007-2042))
Note : ruptures de série entre 2015 et 2016 (cf. construction de l’indicateur
Construction des indicateurs
Le taux de participation au programme national de dépistage organisé rapporte le nombre de personnes ayant réalisé un dépistage dans le cadre de ce programme au nombre de personnes cibles, du sexe et de la classe d’âge considérés.
Pour le cancer du sein et le cancer colorectal, l’indicateur est produit annuellement par Santé publique France à partir du nombre de personnes dépistées dans le cadre du programme de dépistage organisé correspondant, transmis par les CRCDC, et de la population cible transmise par l’Insee.
Précisions pour le cancer colorectal :
- Les taux de participation sont calculés après exclusion de la population âgée de 50-74 ans des individus identifiés comme étant à risque élevé de cancer colorectal ;
- Pour la période 2013-2014, les données sont incomplètes en raison de l’arrêt anticipé des invitations dans certaines régions au cours du dernier trimestre 2014 ;
- En raison du changement de test intervenu en 2015, les taux pour 2014-2015 et 2015-2016 ne sont pas présentés ;
- Les taux sont estimés par rapport aux estimations localisées de population (ELP) de l'Insee.
Pour le cancer du col de l’utérus (CCU), le taux calculé est le taux de couverture du dépistage triennal du cancer du col de l’utérus par examen cytologique ou, depuis 2020, par test HPV.
La source de données est le Système national des données de santé/Datamart de consommations inter-régimes (SNDS/DCIR). L’indicateur constitue le rapport entre :
- le nombre de femmes de 25 à 65 ans assurées sociales affiliées aux régimes présents dans le SNDS/DCIR (régime général, RSI, MSA, sections locales mutualistes SLM, …) pour la France entière, ayant réalisé au moins un examen cytologique ou un test HPV au cours d’une période triennale ;
- et le nombre de femmes de 25 à 65 ans au cours de la même période (ELP de l’Insee).
L’indicateur de couverture du dépistage du CCU prend en compte le test HPV comme méthode de dépistage pour les femmes âgées de 30 à 65 ans, tel que recommandé par la HAS en 2019 et officiellement intégré dans le programme national de dépistage organisé en 2020. L’indicateur de couverture utilisé jusqu’à présent et encore aujourd’hui est le « taux de couverture du dépistage triennal du cancer du col de l’utérus chez les femmes de 25-65 ans ».
A terme, l’indicateur de couverture du dépistage du CCU sera modifié pour prendre en compte le rythme de dépistage en fonction du test utilisé et l’âge des femmes.
Pour aller plus loin
Dépistage du cancer du sein : quelle participation des femmes en 2021 ?, Santé publique France , 24 juin 2022
Taux de participation au programme de dépistage organisé du cancer du sein 2020-2021 et évolution depuis 2005, Santé publique France (2022).
Cancer du col de l’utérus : la couverture du dépistage et de la vaccination doivent progresser pour une meilleure prévention, Santé publique France (2022)
Hamers FF et Jezeweski-Serra D. (2019) Couverture du dépistage du cancer du col de l’utérus en France, 2012-2019. Bull Epidémiol Hebd. 2019;(22-23):417-23.
Cancer colorectal : données de dépistage 2020-2021, Santé publique France (2022).
Bouvier AM, et al. (2018), Stade au diagnostic des cancers du sein, du côlon et du rectum, Boulogne Billancourt : Institut national du cancer, 40 p.
Organisme responsable de la production de l’indicateur : ANSP Santé Publique France