Objectif n°1 : Développer la prévention
Relayant la stratégie nationale de santé, la stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030 prévoit de renforcer les programmes de dépistage organisé grâce à des évolutions organisationnelles et technologiques. Elle prévoit également le renfort de la recherche dans le domaine des dépistages afin de disposer de tests plus efficaces, de développer de nouveaux dépistages (cancer du poumon, cancer de la prostate) et d’orienter vers un dépistage plus personnalisé prenant mieux en compte le risque de chaque individu.
Le dépistage des cancers ou des lésions précancéreuses pour lesquels existent un programme de dépistage organisé (sein, col de l’utérus et colorectal) permet de diminuer la mortalité de ces pathologies. A l’horizon 2025, l’un des objectifs de la Stratégie vise à dépasser les objectifs de couverture recommandés au niveau européen en matière de dépistage des cancers (75 % pour le cancer du sein, 85 % pour le cancer du col de l’utérus, et 65 % pour le cancer colorectal), notamment en levant les inégalités d’accès et de recours au dépistage (niveau de participation quel que soit l’indice de défavorisation ou la CSP). A cette fin, la Stratégie prévoit la réalisation d’un million de dépistages en plus à cet horizon par rapport aux 9 millions de dépistages environ, réalisés chaque année.
Après une baisse continue depuis de nombreuses années suivie d’une chute en 2020 liée à la crise sanitaire du covid-19, les taux de participation des programmes de dépistage organisé des cancers du sein et colorectal ont augmenté en 2021 : ils sont de 51 % pour le cancer du sein (cf. Graphique 1) et de 35 % pour le cancer colorectal (cf. Graphique 3). Pour le dépistage du cancer du col de l’utérus, malgré une baisse du nombre de dépistages réalisés en 2020 (données non présentées), la couverture du dépistage de ce cancer est restée stable depuis 2012. En 2018-2020, le taux de couverture du dépistage du cancer du col de l’utérus était de 59 % (cf. Graphique 2).
Concernant le dépistage organisé du cancer du sein : 2,7 millions de femmes ont effectué une mammographie de dépistage organisé en 2021, ce qui correspond à un taux national de participation de 50,6% (versus 42,6 % en 2020). Si la participation en 2021 a en partie rattrapé le déficit de l’année 2020 dû à la pandémie de covid-19 et aux confinements, la participation de la période 2020-2021 (46,6 %) reste inférieure à celle de la période 2018-2019 (49,1 %) pour toutes les tranches d’âge, toutes les régions métropolitaines et presque tous les départements.
L’épidémie de COVID-19 a probablement continué de perturber le dépistage du cancer du sein en 2021, mais la baisse du dépistage observée depuis 2012 pour toutes les tranches d’âges et toutes les régions est peut-être en train de perdurer. A noter que le dépistage organisé ne représente qu’une partie de la pratique de dépistage en France, et une partie des femmes le font en dehors des recommandations.
La convention médicale entre la Cnam et les médecins libéraux fixe notamment des objectifs de suivi des patientes âgées entre 50 et 74 ans dans le cadre de la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP, cf. indicateur n°2-9 2).
Graphique 1 ● Dépistage organisé du cancer du sein chez les femmes de 50 à 74 ans (taux standardisés)
Sources : Données issues des CRCDC et Insee (ELP). Exploitation Santé publique France 2021 (standardisation sur la population française Insee 2009 (projections de population Omphale, scénario central, 2007-2042))
Concernant le cancer du col de l’utérus (cf. Graphique 2), le taux de couverture national pour l’ensemble des femmes âgées de 25 à 65 ans est de 58,8 % pour la période 2018-2020. Malgré une forte baisse du recours au dépistage au cours des mois de mars, avril et mai 2020, la crise sanitaire ne semble pas avoir eu d’impact notable sur la couverture du dépistage du cancer du col de l’utérus. La couverture est de l’ordre de 65 % entre 25 et 45 ans et diminue ensuite de manière importante avec l’âge à partir de 50 ans pour tomber à 45,5 % chez les femmes de 60-65 ans. Le recours au dépistage est plus fréquent parmi les femmes vivant en couple, étant en activité, ayant un niveau d’études supérieur ou égal au baccalauréat ou non ménopausées (cf. Baromètre Cancer 2010).
Les couvertures les plus faibles (<50 %) sont observées dans les départements et régions d’outre-mer, à l’exception de La Réunion, ainsi que dans les départements franciliens de Seine-Saint-Denis, du Val d’Oise et du Val de Marne. Les couvertures les plus élevées (>67 %) sont retrouvées dans le Rhône, en Haute Garonne, en Isère et dans le Haut-Rhin, ces deux derniers départements étant les départements de l’Hexagone où un programme de dépistage organisé existe depuis de nombreuses années.
La proportion de femmes de 30 à 65 ans dépistées par la méthode du test HPV augmente rapidement : elle était de moins de 1 % en 2019, de 25 % en 2020 et de 65 % au cours des 6 premiers mois de 2021.
Actuellement recommandée chez les filles et les garçons âgés de 11 à 14 ans (avec un rattrapage vaccinal possible jusqu’à 19 ans), la vaccination contre les HPV permet de prévenir les infections génitales à HPV à l’origine d’environ 90 % des cancers du col de l’utérus ainsi que d’autres cancers des voies génitales et de la sphère ORL. La couverture vaccinale du vaccin contre les HPV chez les adolescentes est en progression depuis plusieurs années mais elle reste insuffisante. En 2020, elle était estimée à 41 % pour une dose à 15 ans (vs. 35 % en 2019) et 33 % pour le schéma complet à 16 ans (vs. 28 % en 2019). En complément de l’amélioration de la vaccination des jeunes filles, la vaccination des garçons, recommandée depuis 2021, permettra de réduire la transmission des papillomavirus et de protéger les futures générations, quel que soit le sexe, vis-à-vis des maladies liées aux HPV.
Graphique 2 ● Dépistage du cancer du col de l’utérus chez les femmes de 25 à 65 ans (taux standardisés)
Sources : SNDS/DCIR (tous régimes) et Insee. Exploitation Santé publique France 2022 (standardisation sur la population française de 2015)
Dépistage du cancer colorectal : 6,1 millions de personnes ont réalisé un test de dépistage du cancer colorectal en 2020-2021, représentant un taux de participation de 34,6 % versus 30,5 % en 2018-2019. La participation au programme de dépistage organisé du cancer colorectal en 2020-2021 est la plus élevée depuis 2010. La crise sanitaire liée à la pandémie de COVID-19 en 2020 puis en 2021 ne semble pas avoir eu d’impact important sur la participation au programme à l’échelle nationale. Il faudra attendre les résultats de l’an prochain pour mieux comprendre et interpréter ceux des deux dernières années.
Le taux de participation est plus élevé chez les femmes (35,7 %) que chez les hommes (33,5 %). Il augmente avec l’âge et varie selon les départements. La proportion de test positif de 3,6 % (219 910 personnes dépistées positives), plus élevée chez les hommes (4,3 %) que chez les femmes (3,0 %), augmente avec l’âge et varie aussi selon les départements.
Le taux de participation reste inférieur à l’objectif européen minimal acceptable de 45 % (souhaitable : 65 %).
Graphique 3 ● Dépistage organisé du cancer colorectal chez les personnes de 50 à 74 ans (taux standardisés)
Sources : Données issues des CRCDC et Insee (ELP). Exploitation Santé publique France 2022 (standardisation sur la population française Insee 2009 (projections de population Omphale, scénario central, 2007-2042))
Construction des indicateurs
Le taux de participation au programme national de dépistage organisé rapporte le nombre de personnes ayant réalisé un dépistage dans le cadre de ce programme au nombre de personnes cibles, du sexe et de la classe d’âge considérés.
Pour le cancer du sein et le cancer colorectal, l’indicateur est produit annuellement par Santé publique France à partir du nombre de personnes dépistées dans le cadre du programme de dépistage organisé correspondant, transmis par les CRCDC, et de la population cible transmise par l’Insee.
Précisions pour le cancer colorectal :
- Les taux de couverture sont calculés après exclusion de la population âgée de 50-74 ans des individus identifiés comme étant à risque élevé de cancer colorectal ;
- Pour la période 2013-2014, les données sont incomplètes en raison de l’arrêt anticipé des invitations dans certaines structures de gestion au cours du dernier trimestre 2014 ;
- En raison du changement de test intervenu en 2015, les taux pour 2014-2015 et 2015-2016 ne sont pas présentés ;
- Les taux sont estimés par rapport aux estimations localisées de population (ELP) de l'Insee.
Pour le cancer du col de l’utérus (CCU), le taux calculé est le taux de couverture du dépistage triennal du cancer du col de l’utérus par examen cytologique ou, depuis 2020, par test HPV.
La source de données est le Système national des données de santé/Datamart de consommations inter-régimes (SNDS/DCIR). L’indicateur constitue le rapport entre :
- le nombre de femmes de 25 à 65 ans assurées sociales affiliées aux régimes présents dans le SNDS/DCIR (régime général, RSI, MSA, sections locales mutualistes SLM, …) pour la France entière, ayant réalisé au moins un examen cytologique ou un test HPV au cours d’une période triennale ;
- et le nombre de femmes de 25 à 65 ans au cours de la même période (ELP de l’Insee).
L’indicateur de couverture du dépistage du CCU prend en compte, pour la première fois, le test HPV comme méthode de dépistage pour les femmes âgées de 30 à 65 ans, tel que recommandé par la HAS en 2019 et officiellement intégré dans le programme national de dépistage organisé en 2020. L’indicateur de couverture utilisé jusqu’à présent est le « taux de couverture du dépistage triennal du cancer du col de l’utérus chez les femmes de 25-65 ans ».
A terme, l’indicateur de couverture du dépistage du CCU sera modifié pour prendre en compte le rythme de dépistage en fonction du test utilisé et l’âge des femmes.
Pour aller plus loin
Dépistage du cancer du sein : quelle participation des femmes en 2021 ?, Santé publique France , 24 juin 2022
Taux de participation au programme de dépistage organisé du cancer du sein 2020-2021 et évolution depuis 2005, Santé publique France (2022).
Cancer du col de l’utérus : la couverture du dépistage et de la vaccination doivent progresser pour une meilleure prévention, Santé publique France (2022)
Hamers FF et Jezeweski-Serra D. (2019) Couverture du dépistage du cancer du col de l’utérus en France, 2012-2019. Bull Epidémiol Hebd. 2019;(22-23):417-23.
Cancer colorectal : données de dépistage 2020-2021, Santé publique France (2022).
Bouvier AM, et al. (2018), Stade au diagnostic des cancers du sein, du côlon et du rectum, Boulogne Billancourt : Institut national du cancer, 40 p.
Organisme responsable de la production de l’indicateur : ANSP Santé Publique France