Objectif n°1 : Développer la prévention
Comme le tabac, l‘alcool est un facteur de morbidité important. La diminution de la consommation d’alcool des plus de 15 ans constitue une priorité de santé publique réaffirmée dans la loi de modernisation de notre système de santé du 26 janvier 2016 ainsi qu’au travers des mesures « alcool » du plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les conduites addictives 2013-2017 et du plan cancer 2014-2019.
Malgré une diminution régulière de la consommation moyenne d’alcool pur par français de 15 ans et plus, celle-ci reste particulièrement élevée avec un peu plus de deux unités d’alcool (21 grammes) par jour et par personne en 2020 selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). De ce fait, l’alcool est une source majeure de dommages sociaux et sanitaires. Sa part dans la mortalité évitable est majeure et on estime à près de 50 000 le nombre annuel de décès liés à l’usage d’alcool. La politique de lutte contre les usages nocifs d’alcool doit s’articuler autour de la prévention et de la prise en charge, avec une attention particulière à la politique de zéro alcool au cours de la grossesse compte tenu des conséquences possibles sur le fœtus, et de la protection des jeunes. Pour les mineurs, du fait de conséquences importantes sur le développement cérébral, il faut retarder au plus les usages précoces et viser une réduction des alcoolisations ponctuelles importantes. La prise en charge des personnes en difficulté avec leur consommation d’alcool est également prioritaire et relève tant des professionnels de première ligne que des dispositifs spécialisés (médico-sociaux et hospitaliers). Les mouvements d’entraide sont un dispositif associatif de proximité qui vient en appui des dispositifs professionnels pour l’accompagnement des personnes en difficultés et de leurs proches, et qui porte la parole des malades de l’alcool.
Graphique 1 ● Consommation annuelle moyenne d’alcool pur par habitant de 15 ans et plus
Source : Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), Insee.
Le rythme de diminution de la consommation d’alcool sur le territoire français, assez rapide au début des années 2000, s’est ralenti depuis 2005. Entre 2013 et 2014, la quantité d’alcool consommée a augmenté de 0,3 litre équivalent d’alcool pur. Ceci est dû exclusivement à une augmentation de la consommation de bière (de 1,8 litre d’alcool pur en 2013 à 2,3 litres en 2014) dont la diminution particulièrement forte en 2003 s’explique par l’augmentation des taxes prévues par la LFSS 2013. En 2018, la consommation moyenne d’alcool pur s’élève à 11,6 litres en équivalent d’alcool pur et elle continue de diminiuer en 2019, où elle s’élève à 11,4 littres équivalent d’alcool pur. Elle est en diminution de 0,65 point depuis 2014.
La France est le quatrième pays de l’OCDE en terme de consommation d’alcool par habitant, ce qui la place à des niveaux proches de ceux des pays de l’Est (Lettonie, Autriche, République Tchèque, Lituanie). Cette consommation est supérieure de 2 litres à celle de la moyenne des pays de l’OCDE. Les pays nordiques se situent sous la moyenne. Depuis 2006, la plupart des pays ont vu leur consommation baisser. Cette baisse a été particulièrement importante au Danemark, en Grèce et en Espagne.
Graphique 2 ● Consommation annuelle moyenne d’alcool pur par habitant de 15 ans et plus en comparaisons internationales, en 2020
Source : Ocde
Construction de l’indicateur
La consommation d’alcool pur moyenne par habitant de 15 ans et plus se déduit du nombre de litres d’alcool pur vendus en France rapporté au nombre d’habitants âgés de 15 ans et plus.
Précisions méthodologiques
L’indicateur est construit à partir des statistiques fiscales, complétées par des estimations de l’autoconsommation déterminées dans le cadre d’un groupe de travail rassemblant des experts en collaboration avec l’Insee. L’alcool étant soumis à des droits de consommation (droits d’accises) fondés sur les volumes, il est donc possible de reconstituer les quantités d’alcool consommées à partir des montants de recettes fiscales. Les quantités d’alcool exportées par la France ne sont pas soumises à ces droits (en France) et ne sont donc pas incluses dans ces chiffres. Le calcul repose également sur des évaluations du degré moyen d’alcool des différentes catégories de vins et de cidres. Toutefois, l’estimation des quantités d’alcool qui échappent à la taxation s’accompagne de marges d’incertitudes non négligeables (de l’ordre de 2 % à 3 % des quantités totales). De plus, la quantité d’alcool soumise à taxation constitue un indicateur de consommation moyenne de l’ensemble des personnes présentes sur le territoire français, y compris les non-résidents (les touristes principalement). De même, les achats de ces personnes viennent gonfler les chiffres de consommation d’alcool des Français. La non-prise en compte des achats d’alcool des Français à l’étranger vient en partie réduire cette surestimation. Les touristes viennent en très grand nombre en France mais la plupart n’y séjournent que pour une courte durée. Des calculs effectués à partir de statistiques de nuitées d’hôtel des étrangers montrent, ainsi, que la contribution des touristes à la consommation sur le territoire français représente au plus 2 % des quantités totales d’alcool.
Pour plus de détails, se reporter au rapport publié par la Drees en 2017, "L’état de santé de la population en France".
Organismes responsables de la production de l’indicateur : ANSP/DGS