Objectif n°1 : Développer la prévention
Avec près de 75 000 décès chaque année, le tabac est la première cause de mortalité évitable (cf. indicateur n°1-2-2). Le coût pour la société de cette consommation est estimé à 122 milliards d’euros par an (estimation pour l’année 2010). Les pouvoirs publics mettent en œuvre des mesures pour réduire la consommation de tabac en particulier chez les femmes enceintes (cf. graphique 1) les jeunes (cf. graphique 2). Les mesures visant à réduire le tabagisme sont présentées dans un paragraphe dédiée (cf. infra
Les données concernant la prévalence du tabagisme quotidien sont présentées en part de la population (pour les femmes enceintes, en part du nombre de femmes déclarant fumer au troisième trimestre de grossesse). Elles témoignent d’une diminution du tabagisme dans l’ensemble de la population entre 2017 et 2019 et plus récemment pour les moins de 17 ans. Toutefois les objectifs fixés ne sont pas atteints et les données pour 2020 semblent montrer un impact négatif de la crise sanitaire sur la diminution de la consommation.
Graphique 1 ● Prévalence du tabagisme quotidien
Sources : Baromètre santé (Santé Publique France) pour la population générale, Enquête Nationale Périnatale (Inserm/DREES/Santé publique France) pour la femme enceinte
Note : l’objectif ne concerne pas les femmes enceintes
En 2020, un quart des adultes de 18 à 75 ans déclaraient fumer quotidiennement (26 %) (cf. graphique 1). Pour l’ensemble de la population des 18-75 ans en 2020, la prévalence du tabagisme et du tabagisme quotidien ne varie pas significativement par rapport à 2019. Cependant, entre 2019 et 2020, la prévalence du tabagisme quotidien a augmenté de 29,8 % à 33,3 % parmi le tiers de la population dont les revenus étaient les moins élevés. Cette augmentation est essentiellement due à une hausse entre 2019 et début 2020, avant le premier confinement, une stabilisation étant notée en post confinement. Les inégalités sociales restent ainsi très marquées en 2020, avec 15 points d’écart entre les plus bas et les plus hauts revenus.
Graphique 2 ● Prévalence du tabagisme quotidien chez les jeunes de 17 ans
Source : étude ESCAPAD (OFDT).
Après une baisse du tabagisme en France métropolitaine de 2014 à 2019, la prévalence se stabilise en 2020. Dans un contexte de crise sanitaire, psychologique, économique et sociale inédite, un des enjeux est de réinstaller une tendance à la baisse, et de renforcer encore la lutte auprès des populations les plus vulnérables face au tabagisme, les inégalités sociales étant très marquées.
Comme pour les 18-75 ans, le tabagisme quotidien chez les adolescents de 17 ans est en très nette diminution : 25,1 % en 2017 contre 32,4 % en 2014. Cette tendance à la baisse s’observe aussi bien chez les garçons que chez les filles (respectivement -3,6 points et -4,1 points) (cf. graphique 2).
En France métropolitaine, la consommation de tabac chez les femmes enceintes a fortement augmenté dans les années 70 et 80, elle était stable au milieu des années 1990 et a diminué par la suite. En 2016, 16,5 % des femmes déclarent fumer au troisième trimestre de la grossesse, proportion stable par rapport à 2010 (enquêtes nationales périnatales).
En 2020, 37,4 % des 18-75 ans ont déclaré avoir déjà expérimenté la cigarette électronique, en hausse par rapport à 2019 (34,4 %). L’usage actuel d’une vapoteuse a été déclaré par 5,4 % des 18-75 ans, et la prévalence du vapotage quotidien s’élevait à 4,3 %, proportions stables par rapport à 2019.
La prévalence du tabagisme en France est l’une des plus élevé des pays de l’OCDE : 25,4 % en 2018 contre 18 % en moyenne. L’Allemagne et la Belgique se situent autour de cette moyenne alors que les certains pays nordiques, ont une prévalence inférieure à 15 %. Depuis 2007, la Norvège, l’Estonie et l’Islande font partie des pays ayant connu la plus forte réduction de la proportion de fumeurs. La Grèce se singularise par une prévalence du tabagisme élevée (27,3 %) malgré une baisse de 12 points en 10 ans.
Graphique 3 ● Prévalence du tabagisme quotidien chez les adultes en comparaison internationale
Source : Ocde
Mesures visant à réduire le tabagisme
En 2015 et 2016, de nombreuses actions ont été engagées que ce soit sur le plan juridique ou sur celui des actions de terrain. Plusieurs textes ont permis la transposition en droit français de la directive 2014/40/CE ; et la loi de modernisation de notre système de santé (LMSS) du 26 janvier 2016 comprend de nombreuses mesures relatives à la lutte contre le tabac. En novembre 2016, le remboursement des traitements de substitution nicotiniques a été augmenté à 150 € par an. Le nouveau conditionnement des produits du tabac, standardisé (paquet neutre) et avec des avertissements sanitaires de taille augmentée, a été rendu obligatoire depuis le 1er janvier 2017. En novembre 2016 est diffusée la première campagne "Moi(s) sans tabac", dispositif reconduit depuis chaque année. Plusieurs autres mesures du PNRT se sont concrétisées en 2016, telles l’interdiction des arômes dans les produits du tabac ; l’obligation pour le vendeur d’exiger une preuve de la majorité de l’acheteur de produits du tabac ; la possibilité pour les polices municipales de contrôler le respect de l’interdiction de vente aux mineurs ; l’interdiction de la publicité sur les lieux de vente ; l’interdiction de fumer dans un véhicule en présence d’un mineur et la détermination obligatoire de zones autour des établissements accueillant des mineurs dans lesquelles aucun nouveau débit de tabac ne puisse s’installer, ainsi que l’obligation de transparence des industriels du tabac sur leur action de lobbying.
La stratégie nationale de santé et le plan Priorité Prévention, projet interministériel mis en place en 2018, font de la lutte contre le tabac une priorité de santé publique de premier plan. Le programme national de lutte contre le tabac (PNLT) 2018-2022 est la suite et l’amplification du PNRT dont toutes les actions ont été réalisées avant son terme. Il comprend quatre axes :
1/ Protéger nos enfants et éviter l'entrée dans le tabagisme ;
2/ Encourager et accompagner les fumeurs pour aller vers le sevrage ;
3/ Agir sur l'économie du tabac pour protéger la santé publique ;
4/ Surveiller, évaluer, chercher et diffuser les connaissances relatives au tabac.
Le PNLT a pour ambition de protéger prioritairement les jeunes, de lutter contre les inégalités sociales en soutenant les personnes les plus vulnérables de notre société, tels les chômeurs et les plus modestes très fortement touchés par le tabac, ainsi que d’accompagner les femmes, en particulier celles qui sont enceintes.
Depuis le 1er janvier 2019, les substituts nicotiniques sont remboursés comme tous les médicaments remboursables, sans plafond. Le PNLT fixe comme objectif d’ici 2022 d’abaisser à moins de 22 % la part de fumeurs quotidiens chez les 18-75 ans, et à moins de 20 % la part de fumeurs quotidiens chez les adolescents de 17 ans, pour atteindre une génération de non-fumeurs d’ici 2032 (moins de 5 % de fumeurs chez les jeunes de 18 ans).
L’exercice prévision/réalisation est très largement dépendant de l’évolution des mesures de lutte anti-tabac, telle que l’évolution de la taxation des tabacs et des cigarettes.
Les données sont issues du Baromètre de Santé publique France (réalisé tous les ans depuis 2016) pour la population générale, de l’enquête nationale périnatale pour les femmes enceintes (dernière édition en 2016), et de l’enquête sur la santé et les consommations lors de l'appel de préparation à la défense (ESCAPAD) pour les adolescents de 17 ans (dernière édition en 2017).
L’indicateur de prévalence du tabagisme quotidien étant donné par des enquêtes déclaratives en population générale, ses résultats sont soumis à un risque de sous-déclaration des personnes enquêtées. La non-réponse totale est corrigée par redressement sur les marges de la population issues du recensement.
Organismes responsables de la production de l’indicateur : ANSP Santé Publique France/DGS