1.1. Dépenses de santé
En 2022, avec une dépense courante de santé au sens international (DCSi1) représentant 18,2 % de leur produit intérieur brut (PIB), les États-Unis sont de loin en tête des pays de l’OCDE en matière de dépenses de santé. Plus de cinq points derrière les États-Unis, l’Allemagne, premier pays de l’UE-27, dépense 12,6 % de son PIB pour la santé, juste devant la France (11,9 %) et l’Autriche (11,4 %).
En moyenne, en 2021 (dernière année pour laquelle les données sont disponibles pour tous les pays de l’OCDE), les États membres de l’UE-27 consacrent en moyenne 11,0 % de leur PIB aux dépenses de santé. Il existe néanmoins une division géographique marquée en Europe au regard de la santé : les pays de l’UE-14 consacrent, en 2021, en moyenne 11,4 % de leur PIB aux dépenses de santé, mais ces dernières sont plus faibles dans les pays du sud de l’Europe (de 9,2 % en Grèce à 10,7 % en Espagne). Pour les nouveaux membres de l’UE qui ont intégré l’OCDE (NM-13), les dépenses de santé représentent en moyenne 7,5 % du PIB en 2021.
La hiérarchie des pays en tête du classement est sensiblement modifiée lorsque l’indicateur de comparaison retenu est la dépense courante de santé exprimée en parité de pouvoir d’achat en santé (PPA santé) et par habitant (voir encadré ci-dessous). Cet indicateur est fondé sur une comparaison des prix pratiqués dans chaque pays pour un panier de produits et services de santé standards, comprenant les équipements, les médicaments et le personnel soignant. Il permet d’ajuster les dépenses de santé par les prix, pour apprécier les différences de volume de produits et de services consommés. En pratique, on utilise les estimations de PPA santé en base France pour comparer les dépenses moyennes par individu : avec cette mesure, dans chaque pays, tout euro PPA santé correspond à un euro en France pour ce domaine de dépense.
En 2022, parmi les pays de l’OCDE, c’est toujours aux États-Unis que la DCSi par tête est la plus élevée : elle atteint 6 780 € PPA santé par habitant. Ce montant est presque 50 % supérieur à la dépense moyenne en France : 4 650 € en PPA santé par habitant.
En moyenne, en 2021, les pays de l’UE-14 et les NM-13 consacrent respectivement 3 860 euros PPA et 2 860 euros PPA par habitant. L’Allemagne, où les prix des biens et services de santé sont comparables à ceux de la France (encadré) a la DCSi par habitant la plus élevée de l’UE-27, avec 5 710 euros PPA par habitant en 2022. La Suisse, où les biens et services de santé sont les plus onéreux dans l’OCDE, n’est qu’au12e rang pour ce qui est de la DCSi par habitant en euros PPA santé (4 030 euros PPA). À l’inverse, la Tchéquie, pays où les prix de santé sont parmi les plus faibles d’Europe, se situe au 3e rang des dépenses par habitant en € PPA santé, juste derrière l’Allemagne.
En 2021, et pour cet indicateur, la France se situe au 5e rang des pays étudiés ici, à un niveau proche des Pays-Bas, du Luxembourg ou de la Norvège.
1La DCSi agrégat de référence au niveau international, inclut la consommation de soins et de bien médicaux ainsi que les dépenses de soins de longue durée, les dépenses de gouvernance et les dépenses de prévention.
Graphique 1 ● Dépense courante de santé au sens international (DCSi), base France = 1
* Les pays de l’UE-27 correspondent aux 27 pays membres de l’Union européenne (UE) en juillet 2022 (le Royaume-Uni n’en fait donc pas partie). Les pays de l’UE-15 correspondent aux pays qui appartenaient à l’UE entre 1995 et 2004 (le Royaume-Uni en fait partie). Les NM-13 correspondent aux 13 nouveaux membres de l’UE à partir de 2004. Les données pour Malte, seul pays de l’UE-27 à n’avoir pas communiqué sa DCSi 2021 à l’OCDE, portent sur l’année 2020. Elles sont mises à disposition par Eurostat dans le respect de la convention SHA.
Les parités de pouvoir d'achat santé (PPA santé) utilisées ici proviennent de calculs effectués par l’OCDE sur un panier de produits et services de santé standards pour l’année 2017 (OCDE, 2021). Elles permettent de neutraliser les différences de consommation et de prix spécifiques au secteur de la santé. Nous faisons ici l’hypothèse qu’elles n’ont pas été modifiées entre 2017 et 2020. Sur ce graphique, les PPA utilisent l’euro comme monnaie nationale et la France comme pays de référence (base 1).
Note : Les données pour la France ont été actualisées pour l’année 2022 par rapport aux données diffusées par l’OCDE ou Eurostat pour tenir compte des dernières données. Elles correspondent aux données de la partie sur la France de l’édition 2023 du panorama des comptes de la santé de la DREES.
Sources : DREES, comptes de la santé (pour la France) ; OCDE, Eurostat, OMS, Système international des comptes de la santé (SHA).
Les niveaux de prix des biens et services de santé varient considérablement suivant les pays Les variations de dépenses entre pays peuvent être dues à des différences liées aux prix des produits et des services achetés, ou à des différences de « volume », c’est-à-dire liées à la quantité de biens et services utilisés par les individus. C’est pour tenir compte de cette décomposition que l’on utilise les niveaux de prix, qui indiquent le ratio des prix du même panier de produits et services dans différents pays. Sur le graphique ci-dessous, trois catégories de niveaux de prix sont présentées : la consommation individuelle effective (qui correspond à l’ensemble des biens et services acquis par les ménages), la santé (l’ensemble des biens et services de santé acquis par les ménages, comprenant les équipements, les médicaments et le personnel soignant) et les services hospitaliers. Ces données permettent d’ajuster les dépenses concernées par les prix, pour apprécier les différences de volume des produits et services consommés. C’est pourquoi, même en utilisant la France comme pays de référence (base 1), les niveaux de prix liés à la consommation individuelle effective en Suisse sont de 1,59, quand ceux liés aux biens et services de santé atteignent 2,22 et ceux liés aux services hospitaliers 2,61. Cela signifie que les prix pratiqués en Suisse sont 59 % plus élevés qu’en France pour l’ensemble des biens et services achetés par les ménages, 122 % plus élevés qu’en France pour les biens et services de santé et 161 % plus élevés qu’en France pour les services hospitaliers. Les niveaux de prix sont mesurés par les services en charge de la comptabilité nationale des instituts statistiques nationaux. Pour les services hospitaliers, une enquête triennale est réalisée afin d’analyser la structure des prix. La dernière enquête en date diffusée date de 2017. Pour plus d’informations, voir Eurostat et OCDE . Graphique ● Niveaux des prix d’achat par catégories de biens et services en 2017, base France = 1 Lecture : Aux États-Unis, en 2017, les niveaux des prix dans le secteur de la santé, avec la France comme pays de référence (base 1), s’élèvent à 1,64. Cela signifie que pour un panier de biens similaires en santé, les prix aux États-Unis sont 64 % supérieurs à ceux pratiqués en France. |
Graphique 2 ● Taux de croissance annuel moyen de la DCSi, en pourcentage
Source : OCDE, Eurostat, OMS, Système international des comptes de la santé (SHA)
Après une croissance modérée des dépenses de santé entre 2013 et 2019, principalement due à de fortes contraintes budgétaires, la DCSi, en valeur, a augmenté dans la quasi-totalité des pays ayant communiqué des données pour 2021 et pour 2022.
Avant la crise sanitaire de la Covid-19, les dépenses de santé progressent ainsi d’environ 4 % par an entre 2013 et 2019 en Allemagne. La croissance est du même ordre aux États-Unis, avec néanmoins un dynamisme plus marqué à partir de 2014 et la mise en œuvre du Patient Protection and Affordable Care Act (ACA ou Obamacare). L’Espagne et le Royaume-Uni connaissent également une croissance dynamique de leurs dépenses de santé, avec un peu plus de variations au cours de la période observée, voire une progression heurtée pour l’Espagne (notamment entre 2015 et 2016). La France et l’Italie ont des profils plus stables et une croissance de leurs dépenses à prix courants parmi les plus faibles d’Europe avec environ 2 % en moyenne d’augmentation par an. En France, cette progression est régulée par l’objectif national des dépenses d’Assurance maladie (Ondam).
En 2020 et en 2021, avec la crise sanitaire, la DCSi en valeur a augmenté dans la totalité des pays étudiés. On observe toutefois des évolutions très différenciées suivant les pays. En valeur, en 2020 et parmi les pays étudiés, la variation s’échelonne entre 2,8 % en Italie et 15,1 % au Royaume-Uni. En 2021, elle s’échelonne de 2,5 % aux États-Unis à 9,8 % en France. La hausse généralisée de la DCSi sur cette période tient pour l’essentiel aux dépenses exceptionnelles liées à l’épidémie de Covid-19 : achats de masques, tests de dépistage, primes aux soignants, etc. Au Royaume-Uni, la hausse spectaculaire des dépenses de santé provient en particulier des coûts très élevés des masques et des équipements de protection individuelle (qui ont été achetés en très grande quantité et au-dessus des prix du marché), ainsi qu’à la mise en place du système de dépistage et de suivi des malades britanniques, le « Test and Trace System » .
En 2022, la DCSi continue de croître dans tous les pays étudiés, mais de manière moins prononcée qu’en 2020 et en 2021. Parmi les pays étudiés, c’est en Espagne que la DCSi augmente le plus en 2022 (+7,1 %), devant l’Allemagne (+5,0 %) et les États-Unis (4,6 %), contre 2,0 % en France. Si les dépenses de prévention ont chuté en 2022 dans la majorité des pays avec le reflux progressif de l'épidémie de Covid-19, les autres composantes de la DCSi croissent à un rythme plus élevé que celui observé avant la crise (en raison notamment de la poursuite de la hausse des rémunérations des personnels hospitaliers, de l'introduction de médicaments innovants et de la reprise des soins courants). En parallèle, l’inflation et l’augmentation des prix de l’énergie pèsent sur les charges fixes en 2022 et tirent à la hausse les dépenses de santé, notamment dans les hôpitaux.
Tableau 1 ● Dépense courante de santé au sens international (DCSi) en France - en milliards d'euros
Source : DREES, comptes de la santé, édition 2023.
Tableau 2 ● ● Structure de la consommation de soins et de biens médicaux - en milliards d'euros
* Optique, prothèses, orthèses, véhicules pour handicapés physiques, petits matériels et pansements.
Source : DREES, comptes de la santé, édition 2023.
En 2022, la DCSi s’élève à 313,6 milliards d’euros en France, soit 11,9 % du PIB (cf. tableau 1). La DCSi retrouve ainsi son rythme de croissance pré-crise : +2,0 % en 2022, proche de la croissance moyenne observée entre 2013 et 2019 (+1,9 % en moyenne par an), après une forte hausse en 2021 (+9,9 %). Ce ralentissement provient notamment de la chute des dépenses de vaccination et de dépistage pour la Covid-19. Les dépenses de prévention diminuent ainsi de -27,9 % en 2022, tout en restant plus hautes qu’avant la crise, à 12,7 milliards d’euros (contre 5,5 milliards d’euros en 2019). La croissance de la DCSi reste cependant positive, entraînée par celle de la consommation de soins et de biens médicaux (CSBM).
En 2022, le reflux progressif de l’épidémie au cours de l’année contribue également au ralentissement de la CSBM (+3,9 % en 2022 après +7,8 % en 2021, cf. tableau 3). Elle continue cependant de croître à un rythme supérieur à celui observé pendant la période pré-crise (entre 2013 et 2019, le taux de croissance annuel moyen de la CSBM est de +1,9 %). Elle atteint ainsi 235,8 milliards d’euros en 2022, soit une dépense moyenne de 3 475 euros par habitant.
L’ensemble des secteurs contribue à la croissance de la CSBM en 2022. Les principaux secteurs contributeurs sont les soins hospitaliers, les soins de médecins et les transports sanitaires.
Tableau 3 ● Contribution à la croissance de la CSBM en valeur
Source : DREES, comptes de la santé, édition 2023.
Les dépenses de soins hospitaliers dans le secteur public augmentent de 5,4 % en 2021, après +7,2 % en 2020. Cette augmentation s’explique par la hausse des rémunérations des personnels du fait des mesures du Ségur de la santé. Malgré la forte hausse des dépenses constatée en 2021, l’activité en volume reste toutefois inférieure au niveau atteint avant la crise épidémique, car la reprise des volumes en 2021 (+2,1 %) ne compense pas la baisse de 2020 (-7,7 %). Les hôpitaux publics ont déprogrammé une partie de soins non urgents afin d’accueillir les patients atteints de la Covid 19 lors des pics épidémiques de 2020 et de 2021.
La consommation de soins du secteur hospitalier privé s’élève à 25,3 milliards d’euros en 2021. Elle augmente de 8,9 % après 2,4 % en 2020. L’activité hospitalière privé rebondit en 2021 (+7,3 % en volume) après une forte baisse en 2020 (-6,3 %). Comme pour les hôpitaux publics, les cliniques privées ont reçu des soutiens financiers de la part de l’Assurance maladie pour faire face aux surcoûts liées à la crise sanitaire. Pour les cliniques privées, ce soutien a pris la forme d’une garantie de financement qui assure un niveau de revenu au moins équivalent à celui atteint en 2019. Ce dispositif, reconduit en 2021, s’élève à 1,1 Md€ en 2020 et 0,6 Md€ en 2021.
Les postes concernés par la réforme du 100 % santé (audioprothèses, optique médicale et prothèses dentaires) augmentent très fortement en 2021. Après un repli en 2020 dans le contexte de la crise sanitaire, la consommation des trois postes concernés par la mise en œuvre de la réforme du 100 % santé est particulièrement dynamique en 2021. La croissance de ces dépenses est soutenue par la montée en charge de ce dispositif mais également par un probable effet de report de consommation entre 2020 et 2021.
Les soins de dentistes augmentent ainsi de 22,5 %, portés par la consommation de prothèses dentaires et plus particulièrement les prothèses du panier 100 % santé, en hausse de près de 40 % en 2021. En nombre d’équipements consommés, le panier 100 % santé devient majoritaire dès 2020 avec 54 % des équipements vendus.
Également soutenue par la progression des appareils auditifs du 100 % santé, la consommation d’audioprothèses augmente dans des proportions importantes (+60,0 %).
En revanche, le redémarrage de la consommation d’optique médicale (+15,8 % en 2021) est majoritairement porté par le panier au « tarif libre ». L’offre 100 % santé en optique ne connaît pas un essor comparable à celle des prothèses dentaires et des audioprothèses. Elle ne représente en 2021 que 5 % de la dépense d’optique médicale.
La consommation de soins de médecins généralistes et spécialistes bondit en 2021 après la baisse d’activité enregistrée en 2020 (respectivement +2,9 % et +8,8 %, après -2,7 % et -1,8 %). Les mesures prises pour lutter contre la pandémie de Covid-19 lors de la première vague avaient fortement limité les déplacements chez les praticiens. Le rebond de la consommation en 2021 est nettement plus important pour les soins de médecins spécialistes que pour les soins de médecins généralistes. Ainsi, pour les spécialistes, la consommation atteint un niveau très largement supérieur à celui de 2019, tandis que pour les généralistes, la consommation retrouve seulement son niveau d’avant crise.
La consommation de soins courants infirmiers s’élève à 9,3 Md€ en 2021. Elle est en ralentissement (+3,0 % après +8,1 % en 2020).
Les dépenses de laboratoires de biologie médicale hors tests PCR, s’élèvent à 4,9 Md€ ; elles rebondissent nettement en 2021 (+9,5 % après -1,4 % en 2020). Les ménages financent directement 5,6 % de ces dépenses en 2021.
La consommation de médicaments en ambulatoire (y compris rétrocessions hospitalières, rémunérations forfaitaires et remises conventionnelles) augmente de 4,4 % en 2021 après six années consécutives de baisse. Cette progression est due à la hausse des volumes de médicaments (+7,7 %), alors que les prix continuent de baisser (-3,0 %). L’augmentation en volume s’explique notamment par de fortes hausses de consommation de plusieurs classes thérapeutiques et par l’arrivée sur le marché de nouveaux traitements coûteux.
La consommation de biens médicaux hors optique et audioprothèses se stabilise en 2021 après une forte hausse des dépenses en 2020 (+11,2 %). Ce ralentissement s’explique notamment par la forte baisse du prix des masques chirurgicaux et FFP2.
Enfin, les dépenses de transports sanitaires en ambulatoire s’élèvent à 5,6 Md€ en valeur. Après deux années de baisse (-6,3 % en 2020 et -0,8 % en 2019), la consommation de transports sanitaires rebondit fortement en 2021 (+17,7 %).
Les dépenses de soins hospitaliers augmentent en valeur de +4,3 % en 2022, après +6,7 % en 2021 et +6,3 % en 2020. À l’hôpital public, cette forte hausse depuis trois ans est la conséquence de trois années d’augmentation des rémunérations des personnels et de surcoûts liés à la lutte contre le Covid-19. En 2022, elle est portée par la revalorisation du point d’indice dans la fonction publique et des mesures exceptionnelles de soutien à l’attractivité dans le secteur public (mission « flash » sur les urgences, revalorisation des gardes et astreintes). En clinique privée en 2022, la hausse des dépenses est entretenue par le maintien de la garantie de financement, destinée à assurer un niveau de revenus au moins équivalent à celui de 2019. Ainsi, au global, les prix des soins hospitaliers ont augmenté de +23 % entre 2019 et 2022, alors qu’ils étaient globalement stables depuis 2010.
La hausse des dépenses de soins hospitaliers ne traduit pas une augmentation de l’activité : l’activité hospitalière mesurée en volume se réduit ainsi à nouveau en 2022, de -0,5 %, alors même que le nombre de séjours à l’hôpital public et en clinique privée augmente, conséquence du vieillissement de la population et une légère hausse du recours. Cela caractérise une évolution tendancielle de la structure des séjours hospitaliers, qui raccourcissent avec la sortie de la crise sanitaire (les affections traitées à l’hôpital, au premier rang desquels les cas de Covid-19 graves, sont moins lourdes).
La consommation de médicaments en ambulatoire (y compris rétrocessions hospitalières, rémunérations forfaitaires et remises conventionnelles) s’élève à 32,8 milliards d’euros en 2022. Elle augmente de +5,3 % par rapport à 2021, après +4,3 % en 2021. Cette hausse depuis deux ans fait suite à six années consécutives de baisse, de 2014 à 2020. Cette progression est due à la hausse des volumes de médicaments (+9,0 %), qui poursuit la hausse déjà observée en 2021 (+7,8 %). Les prix de la consommation de médicaments en ambulatoire, à l’inverse, continuent de baisser (-3,4 % en 2022, après 3,3 % en 2021). Le dynamisme du volume s’explique par l’accroissement de la consommation de plusieurs classes thérapeutiques spécifiques (traitements du cancer, traitements de la mucoviscidose, immunosuppresseurs), portée par l’arrivée sur le marché de traitements innovants et coûteux. Le nombre de boîtes de médicaments délivrées augmente également en 2022, s’accroissant de +4,5 % par rapport à 2021.
La consommation de soins de médecins ralentit après avoir bondi en 2021 : elle augmente de +3,8 % pour les généralistes et de +4,1 % pour les spécialistes. Pour les médecins généralistes, cette croissance est essentiellement liée à une hausse du volume (de +3,3 %), tandis que pour les médecins spécialistes, la croissance des dépenses est à la fois due à une croissance des volumes (+2,3 %) et des prix (+1,8 %). Ainsi, le volume de soins de médecins dépasse en 2022 son niveau d’avant la crise.
La consommation de soins courants infirmiers s’élève à 9,5 milliards d’euros en 2021. Elle continue d’être dynamique : +2,4 % en 2022, après +3,0 % en 2021.
La consommation de soins d’auxiliaires médicaux (hors soins infirmiers) s’élève à 8,3 milliards d’euros en 2022, soit +3,7 % par rapport à 2021. Elle retrouve globalement la tendance observée entre 2012 et 2019 (+3,3 % par an en moyenne entre 2012 et 2019).
Les dépenses des produits concernés par la réforme du 100 % santé (audioprothèses, optique médicale et prothèses dentaires) se stabilisent en 2022, après avoir augmenté très fortement en 2021. Quatre années après la mise en place de cette réforme, la part dans la consommation totale des produits sans reste à charge ou à tarifs modérés se stabilise en 2022. Pour le secteur de l’optique médicale, la part du 100 % santé représente 6 % des 7,3 milliards d’euros de dépenses en 2022. Elle représente 24 % des 2,0 milliards d’euros de dépenses d’audioprothèses, et 43 % des 7,1 milliards d’euros de dépenses de prothèses dentaires. L’offre 100 % santé en optique ne connaît pas un essor comparable à celle des prothèses dentaires et des audioprothèses.
La consommation des biens médicaux tous confondus (y compris optique médicale, postes du 100 % santé, véhicules pour handicapé physique, matériels, aliments, pansements, prothèses et orthèses) atteint ainsi 20,0 milliards d’euros en 2022, en augmentation modérée par rapport à 2021 (+1,0 %).
Les dépenses de soins de dentistes sont en hausse (+2,6 % en 2022), s’établissant à 13,8 milliards d’euros. Elles ralentissent cependant, après une année 2021 très dynamique, portée par le rattrapage de la crise sanitaire et la montée en puissance de la réforme du 100 % santé.
Les dépenses de laboratoires de biologie médicale hors tests PCR, s’élèvent à 4,6 milliards d’euros, en baisse de -1,6 % par rapport à 2021. Les dépenses de tests PCR en laboratoire (2,1 milliards d’euros en 2022), hors CSBM (comptabilisées en dépenses de prévention) sont divisées par deux entre 2021 et 2022, en raison du reflux de l’épidémie de Covid-19 ainsi que d’une baisse du prix des tests.
La consommation de transports sanitaires s’élève à 6,0 milliards d’euros en 2022. Ce poste très dynamique croît pour la deuxième année : +7,7 % en 2022, après +17,7 % en 2021. Cette croissance est particulièrement marquée pour les transports de malades en taxi, dont les dépenses augmentent de +10,0 % en 2022, une croissance plus rapide que celle des dépenses de transports en ambulance ou en véhicule sanitaire léger.
Les comptes de la santé, publiés chaque année par la DREES, présentent différents agrégats :
Dépense courante de santé au sens international (DCSi) :
La dépense de santé au sens international (DCSi) est l’agrégat utilisé pour les comparaisons internationales. Celle-ci inclut la consommation des soins et de biens médicaux (CSBM) ainsi que les dépenses de soins de longue durée, de prévention et celles liées à la gouvernance des systèmes de santé. Les dernières données harmonisées au niveau international disponibles portent sur l’année 2021.
Consommation de soins et biens médicaux (CSBM) :
La CSBM représente la valeur totale des biens et services qui concourent directement au traitement d’une perturbation de l’état de santé. Cette dépense inclut l’ensemble des biens médicaux (médicaments et dispositifs médicaux) et soins courants, y compris ceux des personnes prises en charge au titre des affections de longue durée (ALD).
La CSBM couvre le champ des consommations effectuées sur le territoire national par les assurés sociaux relevant des régimes français et les personnes prises en charge au titre de l’aide médicale de l’État (AME) ou des soins urgents (soins des personnes en situation irrégulière sur le territoire français).
La CSBM regroupe ainsi :
- la consommation de soins des hôpitaux publics et privés (y compris les médicaments et les dispositifs médicaux à l’hôpital) ;
- la consommation de soins de ville (soins dispensés par les médecins, sages-femmes et auxiliaires médicaux, soins dentaires, analyses médicales et cures thermales, rémunérations forfaitaires des professionnels de santé) ;
- la consommation de transports sanitaires ;
- la consommation de médicaments et d’autres biens médicaux en ambulatoire (optique, orthèses, prothèses, véhicules pour handicapés physiques, matériels, aliments, pansements et produits d’origine humaine).
Pour plus de détails se reporter à la publication « Les dépenses de santé en 2022. Résultats des comptes de la santé », DREES, Collection Panoramas de la DREES - Santé, septembre 2023.
Organismes responsables de la production de l’indicateur : DREES