1.5. Coût du travail
En 2022, le coût horaire de la main d’œuvre s’élève à 39,7 € en France, ce qui la situe au 4ème rang des 8 pays observés, après la Belgique ; la Suède et les Pays-Bas (cf. graphique 1). Dans cet échantillon, le pays dont le coût horaire moyen de la main d’œuvre est le plus bas est l’Espagne (23,5 €) et le plus élevé : la Belgique (41,6 €). Dans les 19 pays de la zone euro, il s’établit en moyenne à 32,8 € et à 30 ,5 € pour les 27 pays de l’Union européenne. Ce coût est composé, d’une part, des salaires et des traitements bruts et, d’autre part, des cotisations sociales et des autres prélèvements assis sur les salaires à la charge des employeurs. Le poids respectif de ces deux composantes varie en fonction des pays. Les salaires et traitements bruts des cotisations sociales salariales représentent de 73 % du coût horaire de la main d’œuvre en France à 95 % en Irlande. Pour la zone euro comme pour l’Union européenne à 27, les salaires et traitements bruts constituent les trois-quarts du coût total. Ces différences s’expliquent essentiellement par les modalités de financement de la protection sociale de chaque État. Ainsi, sans reposer sur une seule assiette, ce financement est principalement assuré par des cotisations patronales en France, alors que d’autres pays ont opté pour un financement plus largement assuré par des cotisations salariales (cas de l’Allemagne et des Pays Bas par exemple) ou par l’impôt (Suède notamment).
Graphique 1 ● Coût horaire moyen de la main d’œuvre en 2022 dont montant des salaires et traitements bruts
Source : Insee, Eurostat.
L’indice du coût du travail mesuré par l’Insee et transmis à Eurostat à des fins de comparaison internationale permet d’apprécier les différences d’évolution entre les pays (cf. précisions méthodologiques et graphique 2).
Entre 2009 et 2022, l’indice a progressé de 27 points en France, et de 34 points pour l’ensemble de l’Union européenne à 27. C’est en Suède et en Allemagne que la croissance a été la plus dynamique (respectivement +42 et +39 points) tandis que le l’Italie devient le pays, où la hausse a été la plus modérée (+18 points), alors qu’il s’agissait jusqu’en 2021 de l’Irlande.
L’analyse de ces évolutions comparées peut être affinée en distinguant la progression des salaires et traitements bruts de celle des cotisations et autres prélèvements à la charge des employeurs. En France, le coût moyen des cotisations sociales et prélèvements à la charge de l’employeur avait diminué de -4,2 % entre 2012 et 2016 contre une augmentation de1,5 % pour l’ensemble de l’Union européenne (cf. graphique 3). Cette différence s’expliquait principalement par l’entrée en vigueur du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) en France en 2014, qui avait conduit à une baisse des prélèvements acquittés par l’employeur. En revanche, entre 2016 et 2022, c’est une augmentation de 6,5 % des coûts extra salariaux qui est observée en France. Elle s’explique notamment par la diminution du taux du CICE de 7 % à 6 % en 2018 avant la bascule vers la réduction du taux de cotisations patronales d’assurance maladie en 2019. La progression est cependant moindre que dans l’ensemble de l’Union Européenne dans la même période (+17,0 %).
Les niveaux et les évolutions des rémunérations horaires étant définies comme brutes des cotisations salariales, leur traduction en termes de salaire horaire net pour le salarié varie selon les pays, en raison des divers taux de cotisations salariales d’un pays à l’autre. Par exemple, si les Pays Bas ont des charges patronales moindres qu’en France (26 % contre 35 %), les charges salariales sont en revanche plus importantes.
Graphique 2 ● Indice du coût horaire du travail
Source : Insee, Eurostat.
Graphique 3 ● Coût horaire des salaires et traitements et du coût de la main d’œuvre hors salaires et traitements
Source : Insee, Eurostat.
Une analyse par secteur d’activité montre que dans l’industrie en 2022, le coût horaire du travail en France (43,5 €) est inférieur au coût horaire du travail en Allemagne (44,3 €) alors qu’en 2012, le coût français (36,4 €) excédait de 1,2 € le coût allemand (35,2 €). En Italie et en Irlande, le coût dans le secteur industriel reste en revanche significativement plus faible qu’en France et en Allemagne (respectivement 29,5 € et 37,2 €) (cf. graphique 4).
Dans le secteur de la construction et dans celui des services, le coût horaire moyen est plus élevé en France que dans les autres pays retenus ici. Néanmoins, la progression modérée du coût du travail en France dans ces deux secteurs sur la période 2008-2022 (croissance de +1,7 % par an en moyenne dans le secteur de la construction et de +1,6 % dans celui des services) a permis de réduire l’écart avec l’Allemagne et l’Irlande. En effet, la croissance annuelle moyenne en Allemagne est de +2,9 % par an dans le secteur de la construction et de +2,6 % dans celui des services entre 2008 et 2022. La récente hausse du coût du travail en Irlande, s’explique avant tout par une hausse des charges sociales incombant aux employeurs (cf. graphique 3), depuis la suppression en mai 2022, d’un mécanisme de subvention, entré en vigueur depuis la Covid-19, et pris en compte comme moindres cotisations lors du calcul du coût du travail en Irlande de début 2020 à fin 2022.
Graphique 4 ● Coût de la main d’œuvre par secteur
Source : Insee, Eurostat.
Construction de l’indicateur
Les 19 pays qui constituaient la zone euro en 2020 sont l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, l’Espagne, la Finlande, la France, l’Irlande, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Portugal, la Grèce, la Slovénie, Chypre, Malte, la Slovaquie, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie. Les données relatives à l’Union européenne (UE) sont calculées pour les 27 États membres.
L'enquête sur le coût du travail (« Labour Cost Survey » - LCS) fournit des informations structurelles sur les coûts de la main-d'œuvre. Il s’agit d’une enquête quadriennale dont la vague la plus récente a été réalisée en 2016. Elle couvre les entreprises de plus de 10 employés et toutes les activités économiques, à l'exception de l'agriculture, de la sylviculture et de la pêche, l'administration publique, les ménages privés et les organisations extraterritoriales.
Le coût du travail par heure de la LCS est calculé de la manière suivante: Rémunération des salariés + formation professionnelle + coûts des autres dépenses + Taxes - Subventions.
L'indice du coût du travail (ICT, en anglais « Labour Cost Index » - LCI) est un indicateur conjoncturel de l'évolution des coûts salariaux horaires supportés par les employeurs. Il est calculé en divisant les coûts de main-d'œuvre par le nombre d'heures travaillées. Il porte sur l’ensemble des entreprises, quel que soit le nombre de salariés, et sur toutes les activités économiques, à l'exception de l'agriculture, de la sylviculture et de la pêche, les ménages privés et les organisations extraterritoriales. Le coût du travail est constitué du coût des salaires et traitements, ainsi que des coûts non salariaux tels que les cotisations sociales patronales. Ils ne comprennent pas les frais de formation professionnelle ou d'autres dépenses telles que les frais de recrutement, les dépenses en vêtements de travail, etc. L'indice est égal à 100 en 2009. Il est calculé de la manière suivante : Rémunération des salariés + impôts - subventions
La décomposition par secteur d’activité correspond à la nouvelle réglementation d’Eurostat (NACE Rév 2) adoptée depuis décembre 2006. Elle comporte 21 catégories de secteurs. Les données relatives à la France utilisées par Eurostat sont produites par l’Insee. Le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) étant calculé sur la masse salariale, il est assimilé à une subvention au bénéfice de l’employeur.