Finalité

L’un des principaux objectifs de la politique familiale française est de faciliter l’articulation entre vie familiale et vie professionnelle et de réduire les inégalités de genre en la matière. Cet indicateur mesure les effets du nombre et de l’âge des enfants à charge sur la participation au marché du travail des femmes et des hommes âgés de 20 à 64 ans, appréhendée par leurs taux d’activité et d’emploi. À la différence du taux d’emploi, le taux d’activité inclut les personnes au chômage (cf. construction de l’indicateur).

Résultats

Depuis 30 ans, les comportements d’activité et d’emploi des femmes et des hommes se sont rapprochés, les taux d’activité et d’emploi des femmes s’étant accrus au fil des générations. En 2022, ces derniers restent toutefois inférieurs de 7 points à ceux des hommes, que ce soit pour le taux d’activité (78 % contre 85 %) ou pour le taux d’emploi (73 % contre 80 %). Les taux d’activité et d’emploi des femmes demeurent par ailleurs nettement plus sensibles à la configuration familiale du ménage que ceux des hommes. Les mères de jeunes enfants ont des taux d’activité et d’emploi qui décroissent fortement avec le nombre d’enfants ; elles sont aussi plus fréquemment à temps partiel.

Graphiques ● Taux d’activité et d’emploi des femmes et des hommes selon le nombre et l’âge des enfants
 

Source : INSEE, enquête Emploi 2022, traitement DREES.
Champ : France, population des ménages, personnes de référence ou conjoints âgés de 20 à 64 ans (âge courant).
Note : Un ménage, au sens du recensement de la population, désigne l'ensemble des personnes qui partagent la même résidence principale, sans que ces personnes soient nécessairement unies par des liens de parenté. Les personnes vivant dans des habitations mobiles, les bateliers, les sans-abris, et les personnes vivant en communauté (foyers de travailleurs, maisons de retraite, résidences universitaires, maisons de détention, etc.) sont considérées comme vivant hors ménage.

Les taux d’activité et d’emploi des mères décroissent avec le nombre d’enfants

La baisse du taux d’activité des mères s’observe dès le deuxième enfant lorsque le plus jeune des enfants est âgé de moins de 3 ans et à compter du troisième enfant lorsque le plus jeune est âgé de 3 ans ou plus. La baisse du taux d’emploi est similaire : il décroit pour les mères dès le deuxième enfant si le plus jeune a moins de 3 ans sinon à partir du troisième enfant. Ainsi, en 2022, lorsque le plus jeune enfant a moins de 3 ans, le taux d’activité des mères d’un enfant s’élève à 80 %, celui des mères de deux enfants est de 75 % et celui des mères de trois enfants ou plus s’établit à 54 %. Précision importante dans l’analyse des chiffres, les hommes et femmes sans enfant à charge ont des taux d’activité et des taux d’emploi plus faibles que ceux des hommes et femmes avec enfant(s) à charge car ces populations n’ont pas le même profil d’âge. De fait, les proportions de personnes jeunes et âgées - structurellement plus souvent inactives - sont plus élevées parmi les personnes âgées de 20 à 64 ans sans enfant à charge. Ainsi, la comparaison des taux d’activité et d’emploi lors du passage de pas d’enfant au premier enfant ne traduit pas uniquement l’effet de l’arrivée du premier enfant.

À nombre d’enfants donné au sein de la famille, le taux d’activité et le taux d’emploi des mères croissent fortement avec l’âge des enfants. L’écart est particulièrement marqué pour les mères de familles nombreuses. Ainsi, dans les familles comprenant un unique enfant, le taux d’emploi des mères d’un enfant de 3 ans ou plus est supérieur de 5 points à celui des mères d’un enfant de moins de 3 ans (73 % contre 79 % en 2022). L’écart est de 13 points dans les familles avec deux enfants (70 % contre 84 % en 2022) et de 16 points dans les familles avec 3 enfants ou plus (49 % contre 66 %).
Le nombre et l’âge des enfants jouent beaucoup plus marginalement sur les taux d’activité et d’emploi des pères. À nombre ou âge des enfants donné, l’amplitude des écarts est beaucoup plus réduite que ce qui est observé pour les mères. La différence entre le taux d’activité des femmes et celui des hommes est la plus élevée dans les configurations familiales où le plus jeune enfant est âgé de moins de 3 ans : 15 points lorsqu’il y a un unique enfant, 20 points quand ils sont deux et 37 points quand ils sont au moins trois. 
À compter de 3 ans, quasiment tous les enfants sont scolarisés ; cela permet à davantage de mères de reprendre une activité. Par ailleurs, certaines prestations de la prestation d’accueil du jeune enfant (Paje) ne sont plus servies ou diminuent lorsque le plus jeune enfant a 3 ans ou plus. C’est le cas de l’allocation de base, de la Prepare et du complément de libre choix du mode de garde (CMG).

Les écarts sont importants également en fonction de la situation conjugale des femmes. Lorsque l’enfant le plus jeune est âgé de moins de 3 ans, le taux d’activité des mères est plus élevé lorsqu’elles vivent en couple (74 % en 2022) plutôt que sans conjoint (56 %).
 

Tous rythmes de travail confondus, les mères sont plus enclins à s’investir auprès des enfants

En 2022, parmi les personnes en emploi, 25 % des femmes occupent un emploi à temps partiel contre seulement 7 % des hommes. Pour les femmes, cette part d’emploi à temps partiel est assez fortement liée à la configuration familiale : 22 % des femmes sans enfant occupent un emploi à temps partiel contre 31 % des mères dont le plus jeune enfant est âgé de moins de 3 ans. Une partie des  femmes en emploi à temps partiel subissent cette situation : elles souhaitent travailler davantage et sont disponibles pour le faire. En 2022, 6 % des femmes en emploi sont concernées par le sous-emploi contre 2 % des hommes en emploi.

L’écart entre le taux d’activité et le taux d’emploi reflète le chômage. Historiquement, le chômage est plus fréquent parmi les femmes que parmi les hommes, mais l’écart tend à se réduire sur longue période. En 2022, la différence parmi les personnes âgées de 20 à 64 ans s’établit à 0,4 point : 5,8 % des hommes actifs sont au chômage contre 6,2 % des femmes actives.

La hausse de l’activité des femmes s’accompagne toutefois souvent d’un sentiment de difficile conciliation entre vie familiale et vie professionnelle : plus d’un quart des mères (27%) exprime rencontrer des difficultés à concilier travail et famille, contre un cinquième des hommes (17%). Selon l’enquête Elfe, pilotée par l’Institut national d’études démographiques (Ined) et l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), tous rythmes de travail confondus, les mères s’investissement davantage que les pères dans les soins apportés aux enfants. Ainsi, 75% des mères s’occupent du choix des vêtements de l’enfants (contre 9% des pères), 89% des mères s’occupent de l’hygiène corporelle de l’enfant (contre 55% des pères), et 96% des mères s’occupent de la charge de l’enfant lorsqu’il est malade (contre 42% des pères).

Construction de l’indicateur 
Les indicateurs de cette fiche sont issus de l’enquête Emploi de l’INSEE qui vise à observer le marché du travail de manière structurelle et conjoncturelle. C’est la seule source fournissant une mesure des concepts d’activité, de chômage et d’emploi tels qu’ils sont définis par le Bureau international du travail (BIT). Elle correspond à l’enquête sur les forces de travail (EFT) qui est la déclinaison française de l’enquête « Labour Force Survey » (LFS) définie au niveau européen.
Le champ d’étude de cette fiche couvre les personnes de référence des ménages, ou leurs conjoints, âgés de 20 à 64 ans. La population active regroupe les personnes en emploi et les personnes au chômage au sens du BIT.
Le taux d’activité d’une classe de population est obtenu en divisant le nombre de personnes actives par le nombre total de personnes dans cette classe de population. 
Le taux d’emploi d’une classe de population est obtenu en divisant le nombre de personnes en emploi par le nombre total de personnes dans cette classe de population. 

Précisions méthodologiques 
Pour construire la typologie des familles selon le nombre et l’âge des enfants, est considérée comme « enfant » toute personne ayant un lien de filiation avec la personne de référence du logement ou son conjoint et qui n’est pas elle-même en couple avec une autre personne vivant dans le logement. Ainsi aucune limite d’âge n’est retenue ici pour la définition des enfants.

Le champ d’étude de la fiche couvre exclusivement les personnes de référence des ménages ou leurs conjoints âgés de 20 à 64 ans pour assurer une meilleure comparabilité entre les familles en excluant du calcul de l’indicateur des enfants ou autres individus à charge de 20 ans ou plus. 

La part d’emploi à temps partiel d’une classe de population est obtenue en divisant le nombre de personnes de la classe ayant un emploi occupé à temps partiel par le nombre total de personnes en emploi dans cette classe de population.

Le sous-emploi recouvre les personnes qui ont un emploi à temps partiel, qui souhaitent travailler plus d’heures, et qui sont disponibles pour le faire, qu’elles cherchent un emploi ou non. Sont également incluses les personnes ayant involontairement travaillé moins que d’habitude, pour cause de chômage partiel par exemple, qu’elles travaillent à temps complet ou à temps partiel. 

Les personnes au chômage au sens du BIT correspondent aux personnes sans travail durant la semaine de référence, disponibles pour travailler, activement à la recherche d’un emploi au cours des quatre semaines précédentes ou ayant trouvé un emploi débutant au cours des trois mois suivants.

L’enquête Emploi a subi à plusieurs reprises des refontes de grande envergure. Lors de la dernière refonte réalisée en 2021, d’importants changements de concepts ont modifié les niveaux de l'emploi, du chômage, du halo et de l'inactivité pure, notamment en raison d’un changement de prise en compte du congé parental (désormais une personne qui cesse son activité pour prendre un congé parental est comptée comme en emploi, quelle que soit la durée de ce congé, s’il s’accompagne d’une prestation, alors qu’elle était auparavant comptée comme inactive). Pour tenir compte de ces modifications, l’INSEE a procédé à une rétropolation des séries historiques qu’il publie pour les années 2014 à 2020. Les résultats 2022 présentés dans cette fiche ne doivent pas être comparés aux chiffres publiés dans les éditions précédentes de ce rapport.  

L’analyse du partage des tâches domestiques est issue de l’enquête Elfe, pilotée par l’Ined et l’Inserm. Cette enquête suit près de 18 000 enfants nés en 2011 en France métropolitaine de leur naissance à leurs 20 ans. Elle recueille des données relatives à de nombreux aspects du quotidien, de la scolarité à la santé en passant par leurs activités de loisirs et culturelles. 

Pour aller plus loin 

Kitzmann M., 2023, "Le quotidien des familles biactives au prisme des horaires atypiques", Dossier d'Etudes - Documents de travail de la CNAF, n°230, Paris : CNAF.
Kitzmann M., Ensellem C., 2023, Quand les deux parents travaillent : horaires de travail atypiques et quotidien des familles avec jeunes enfants, L’e-ssentiel n°2016.
Briard K., 2017, L’articulation des temps parental et professionnel au sein des couples : quelle place occupée par les pères ?, Dares Analyses n°058

Organisme responsable de la production de l’indicateur : DREES

  • Intégralité du REPSS - Famille - Edition 2024 7 MB   Télécharger
  • Synthèse du REPSS - Famille - Edition 2024 852 KB   Télécharger
  • Données du REPSS - Famille - Edition 2024 2 MB   Télécharger