Finalité

L’indicateur vise à donner une mesure des disparités salariales entre hommes et femmes. L’égalité salariale est un objectif de politique publique, comme l’ont rappelé la loi du 23 mars 2006 relative à l’égalité salariale entre les femmes et les hommes et, plus récemment, la loi du 4 août 2014 pour l'égalité réelle entre les femmes et les hommes. C’est aussi l’un objectif de la Commission Européenne, pour contribuer à la réalisation d’objectifs économiques plus généraux. La politique familiale peut contribuer à réduire les écarts et faciliter l’insertion des femmes sur le marché de l’emploi grâce à une meilleure conciliation de la vie familiale et de la vie professionnelle.

Résultats

Les femmes perçoivent un salaire en moyenne inférieur de 23,5 % à celui des hommes en 2022 dans le secteur privé. Le revenu salarial annuel moyen des hommes salariés est de 26 110 €, tandis que celui des femmes se situe à 19 980 € (cf. graphique 1). Les femmes salariées restent ainsi moins rémunérées sur le marché du travail malgré un investissement éducatif plus poussé que les hommes sur les dernières décennies et le renforcement des dispositions légales en matière d’égalité professionnelle et de lutte contre les discriminations. Cet écart tend néanmoins à se réduire depuis 15 ans, à un rythme relativement lent : en 2000, le salaire moyen des femmes était ainsi inférieur de 34,5 % à celui des hommes avant de se réduire légèrement entre 2000 et 2007, puis de manière plus accentuée depuis 2008, suite à la crise économique (le revenu salarial des hommes a eu tendance à diminuer légèrement sur cette période quand celui des femmes continuait de progresser) : entre 2008 et 2022, il diminue en moyenne de 2,2 % par année. Les dernières données disponibles sur le champ des salariés y compris fonctionnaires datent de 2020. Elles permettent d’identifier des pratiques différentes dans la fonction publique, les écarts salariaux femmes-hommes étant de 20,7 % en 2020 sur ce champ (contre 24,5 % sur le champ du privé uniquement).

Graphique 1 ● Revenu salarial annuel moyen pour les femmes et les hommes salariés
   

*La prise en compte depuis 2013 dans le salaire net des cotisations patronales pour complémentaire santé obligatoire rend impossible la comparaison du revenu salarial annuel moyen depuis 2013 avec les années antérieures.
Source : Insee, Panel tous salariés.
Champ : France métropolitaine jusqu’en 2001, France hors Mayotte à partir de 2002, salariés du secteur privé hors élus, hors salariés agricoles et apprentis stagiaires, hors salaires versés par des particuliers employeurs.
Note de lecture : en 2022, dans l’ensemble du secteur privé, le revenu salarial moyen des femmes est de 19 980 euros et celui des hommes de 26 110 euros.

L’essentiel de l’écart de salaire moyen provient d’une différence de salaire horaire entre hommes et femmes
Le revenu salarial intègre deux dimensions qu’il convient de séparer pour comprendre l’origine de ces écarts : le salaire en équivalent temps plein (EQTP) (assimilable à un salaire horaire net) et le volume de travail salarié réalisé au cours de l’année. L’écart de salaire moyen entre femmes et hommes reste majoritairement lié à une différence de salaire moyen en EQTP : en 2022, les femmes salariées perçoivent ainsi, en moyenne, 14,9 % de moins de l’heure que les hommes (cf. graphique 2). Cet écart est resté globalement assez stable sur la période de 2000 à 2008, avant d’amorcer une légère baisse à partir de 2008. Il peut être attribué à de multiples facteurs, le fait que les femmes occupent plus fréquemment des positions socioprofessionnelles moins favorables que les hommes, dans des secteurs d’activité moins rémunérateurs. En outre, l’expérience professionnelle des femmes est moins valorisée, et il existe des différences de pouvoir de négociation, voire des comportements discriminatoires à l’encontre des femmes. A ce titre, les écarts de salaire par âge sont particulièrement illustratifs : croissant avec l’âge, l’écart de salaire EQTP entre les femmes et les hommes passe de 4,7 % pour les moins de 25 ans, à 14% pour les 40-49ans, à plus de 26% pour les 60 ans et plus (cf. graphique 3). Cette hausse de l’écart peut s’expliquer par un effet de génération, les femmes les plus âgées ayant moins bénéficié des politiques de lutte contre les discriminations, mais aussi potentiellement par le caractère cumulatif des inégalités au cours de la carrière. En effet, les écarts observés en début de carrière, notamment liés à la maternité, ralentissent durablement la carrière des femmes et participant ainsi à creuser les inégalités femmes-hommes. 

La quantité de travail annuelle contribue mécaniquement aux écarts de revenus salariaux : en 2022, la différence moyenne de volume de travail entre femmes et hommes est de 10,1 % (cf. graphique 2). Le temps de travail moyen est en effet moins élevé chez les femmes, qui sont davantage concernées par les temps partiels et font en moyenne moins d’heures supplémentaires que les hommes. En particulier, les femmes sont surreprésentées dans les emplois à temps très partiels (inférieurs ou égaux à un travail à mi-temps), près de 60 % de ces derniers sont occupés par des femmes. L’inégale répartition des responsabilités familiales et du travail domestique au sein des familles est susceptible d’expliquer ces écarts de temps de travail moyen et contribuerait donc indirectement aux différences de rémunération. La différence moyenne de volume de travail apparaît en régression sur les 19 dernières années, passant de 15,0 % en 2001 à 10,1 % en 2022.

Graphique 2 ● Ecarts relatifs de revenu salarial, de salaire en EQTP et de volume de travail annuels moyens entre femmes et hommes
   
Source : Insee, panel Tous salariés 2021 et 2022.
Champ : France métropolitaine de 1995 à 2001, France hors Mayotte à partir de 2002, salariés travaillant principalement dans le secteur privé hors apprentis et stagiaires, hors salariés agricoles et salariés des particuliers employeurs. 
Lecture : en 2022, l’écart relatif femmes-hommes était de 23,5 % pour le revenu salarial, 14,9 % pour le salaire en EQTP et 10,1 % pour le volume de travail.
Note : du fait de la fragilité des données de 2003 à 2005, les évolutions sont lissées entre 2002 et 2006. Les données de salaire intègrent depuis le 1er janvier 2013 les cotisations patronales pour la complémentaire santé obligatoire (CPCSO). Ce changement a un impact sur les niveaux de salaire mais pratiquement pas sur les écarts entre femmes et hommes.

Graphique 3 ● Ecarts relatifs de salaire moyens entre les femmes et les hommes dans le secteur privé en 2022 selon l'âge

   
Note : Ces chiffres diffèrent du graphique 1 en raison d'un champ légèrement différent, qui exclut ici les rémunérations que les salariés du privé multi-actifs tirent de leurs activités secondaires dans le public.
Source : Insee, base Tous salariés 2022.
Champ : France hors Mayotte, salariés du privé, y compris bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation ; hors apprentis, stagiaires, salariés agricoles et salariés des particuliers employeurs.
Lecture : En 2022, les femmes de 40 à 49 ans salariées du secteur privé gagnent en moyenne 14,1 % de moins que les hommes du même âge en équivalent temps plein (EQTP). 

Dans le secteur privé, le revenu salarial moyen des femmes est inférieur de 23,5 % à celui des hommes 
En 2022, le revenu salarial moyen des femmes est inférieur de 23,5 % à celui des hommes dans le secteur privé. Cet écart s’explique en partie par le moindre volume de travail annuel des femmes, qui sont à la fois moins souvent en emploi au cours de l’année, et davantage à temps partiel. Cependant, à temps de travail identique, le salaire moyen des femmes est inférieur de 14,9 % à celui des hommes. Depuis 1995, les inégalités de revenu salarial se sont réduites de 10 points, les écarts de volume de travail d’une part et de salaire en équivalent temps plein d’autre part contribuant conjointement à cette baisse.
Les différences de salaire s’expliquent surtout par la répartition genrée des professions : les femmes n’occupent pas le même type d’emploi et ne travaillent pas dans les mêmes secteurs que les hommes et accèdent moins aux postes les plus rémunérateurs. À poste comparable, c’est-à-dire à même profession exercée pour le même employeur, l’écart de salaire en équivalent temps plein se réduit à 4,0 %.

Les écarts de revenu salarial entre femmes et hommes sont encore plus marqués entre parents : les mères ont des temps de travail mais aussi des salaires en équivalent temps plein nettement inférieurs aux pères, et les écarts croissent avec le nombre d’enfants.
 

Construction de l’indicateur

L’indicateur donne la valeur moyenne du revenu salarial, c'est-à-dire de la somme des salaires mensuels perçus au cours d’une année, pour chaque sexe. Le revenu salarial correspond à la somme de tous les salaires perçus par un individu au cours d’une année donnée, nets de toutes cotisations sociales, y compris contribution sociale généralisée (CSG) et contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS). Cet indicateur permet de comparer, année après année, l’ampleur moyenne « globale » des écarts de salaires entre femmes et hommes mais ne permet pas de distinguer ce qui relève d’un écart durable, correspondant au profil des carrières, de ce qui relève d’un écart plus conjoncturel, lié à l’instabilité temporaire des revenus d’activités (épisodes de chômage ou d’inactivité, changement d’emploi ou de durée de travail…).

Précisions méthodologiques

L’indicateur est construit à partir du Panel tous salariés de l’Insee. Ce fichier longitudinal est extrait des déclarations annuelles des données sociales (DADS) et des fichiers de paie des agents de l’État. Il suit les périodes d’emploi, les salaires et les caractéristiques des employeurs d’un échantillon au 1/24 de la population salariée entre 1976 et 2001 et au 1/12 depuis 2002. Le champ porte sur le secteur privé, hors apprentis, stagiaires, salariés agricoles et salariés des particuliers employeurs de France hors Mayotte à partir de 2002. Les éléments d’explication relatifs à la décomposition des écarts moyens de revenu salarial entre hommes et femmes cités proviennent, eux, l’édition 2020 de l’Insee Références Emploi, chômage, revenus du travail.
 

Organisme responsable de la production de l’indicateur : DSS

  • Intégralité du REPSS - Famille - Edition 2024 7 MB   Télécharger
  • Synthèse du REPSS - Famille - Edition 2024 852 KB   Télécharger
  • Données du REPSS - Famille - Edition 2024 2 MB   Télécharger