Le secteur de la petite enfance contribue à l'éveil et au développement des jeunes enfants en France. Les professionnelles de la petite enfance sont chargés du bien-être des enfants et les accompagnent dans leurs découvertes et leurs apprentissages, à une étape clé du développement humain. Leur rôle est crucial pour les enfants, leur famille, et plus globalement pour la cohésion sociale et dans la réduction des inégalités des chances.
Les métiers de la petite enfance sont multiples et variés : accompagnant éducatif petite enfance, assistante maternelle, auxiliaire de puériculture, directeur de crèche, éducateur de jeunes enfants, garde d’enfant à domicile, infirmier puériculteur, etc. Il s’agit donc d’un panel de métiers avec des durées de formation et des niveaux de diplôme variables : de l’agrément au diplôme d’État bac +3/+4 en passant par le CAP. Ils ont chacun leurs missions spécifiques mais leur objectif est commun : contribuer au développement de l’enfant de 3 mois à 3 ans et assurer son bien-être et sa sécurité.
Cette fiche se focalise sur les professionnelles des établissements d’accueil du jeune enfant (les crèches collectives et familiales ou les multi-accueils, par exemple), les assistantes maternelles agréées (AM) y compris celles travaillant au sein des maisons d’assistantes maternelles (MAM), les services de garde à domicile (GED).
Le périmètre peut être élargi aux établissements financés via le complément mode de garde (CMG), notamment les micro-crèches dites « PAJE » pour lesquelles le coût de l’accueil est plus élevé que dans les EAJE PSU.
Les évolutions relatives à la capacité d’accueil des enfants de moins de trois ans sont analysées dans l’indicateur 1.6.1, aussi cette partie de la fiche est centrée sur les professionnelles. Les femmes étant très majoritaires dans ces métiers, les professions sont féminisées dans la suite de la fiche afin de rendre visible la réalité de l’espace social dans lequel se déploie l’accueil des jeunes enfants.
En 2022, 149 000 assistantes maternelles (en équivalents temps-plein) sont en activité (cf. graphique 2) et spécifiquement dédiées aux enfants de moins de 3 ans (inclus). Leur nombre diminue sur longue période (-3,9 % par an en moyenne depuis 2014), ce qui est compensé par l’augmentation du nombre d’enfants moyen pouvant être accueilli (en 2022, il est de 2,7 par enfant de moins de 3 ans par équivalent temps-plein).
La profession d’AM est presque exclusivement féminine avec 99,4 % de femmes en 2022. L’âge moyen des AM gardant des enfants de moins de 3 ans a légèrement augmenté sur la période, de 44,6 ans en 2006 à 48,5 ans en 2022. Selon le rapport de l’ONAPE, les assistantes maternelles déclarent de plus en plus des niveaux de formation supérieurs à celui requis pour l’exercice de la profession, qui exige uniquement le passage d’un module du CAP petite enfance.
La rémunération de l'assistante maternelle agréée constitue un élément essentiel de la relation de travail. Le salaire est obligatoirement mensualisé quels que soient le nombre d'heures de travail par semaine et le nombre de semaines de travail dans l'année. Le salaire horaire brut ne peut pas être inférieur à 3,64 € par enfant accueilli (salaire horaire minimum prévu par la convention collective nationale des particuliers employeurs et de l'emploi à domicile majoré de 4 %). L'employeur et l'assistante maternelle peuvent se mettre d'accord pour un salaire horaire brut de base supérieur.
Selon l’Urssaf, leur taux horaire salarial brut est de 3,8 € en 2022, soit une hausse de 1,7 % par an en moyenne depuis 2015 (cf. graphique 1).
Selon le rapport de l’ONAPE, les assistantes maternelles connaissent des journées très longues qui débutent, pour plus du quart d’entre elles, très tôt le matin (avant 7 heures). Ces horaires du quotidien empiètent ainsi sur les temps personnels et familiaux, induisant des conflits entre vie personnelle et vie professionnelle plus fréquents que dans les autres professions. S’ajoutent à ces difficultés des marges de manœuvre faibles pour gérer leurs propres imprévus personnels (urgence familiale par exemple), les assistantes maternelles ne pouvant que difficilement interrompre leur travail. Par ailleurs, elles doivent régler seules les difficultés qu’elles peuvent rencontrer au cours de leur travail, sans bénéficier du soutien d’un collectif de travail. En revanche, seules 13 % des assistantes maternelles exercent habituellement ou occasionnellement le samedi et 5 % le dimanche (contre près de la moitié des employées le samedi et plus du tiers le dimanche) : le travail du week-end tend même à décroître (le samedi) ou à stagner (le dimanche) alors qu’il augmente sensiblement pour l’ensemble des employées, notamment chez les aides à domicile.
En 2022, 65 000 salariées à domicile ont été déclarées pour une activité de garde d’enfants (tous âges confondus) via le dispositif Pajemploi. Les gardes à domicile sont majoritairement des femmes, à 96,3 %. Ces professionnelles sont sensiblement plus jeunes que les assistantes maternelles (37,6 ans contre 48,5 ans) et même que l’ensemble de la population active (42 ans). Les gardes d’enfant à domicile sont inégalement réparties sur le territoire. Elles se concentrent principalement dans les départements très urbanisés, notamment dans les départements de Paris et dans les Hauts-de-Seine.
Leur nombre est en hausse continue jusqu’en 2020, avant de reculer dans la période de crise sanitaire. Leur taux horaire, indépendant du nombre d’enfants gardés, est de 10,2 € en 2022, soit une hausse de 1,9 % par an en moyenne depuis 2015.
Graphique 1 ● Taux horaire des AM et des GED
Note : le taux horaire des AM s’entend par enfant accueilli, alors que celui de la GED correspond à la rémunération moyenne perçue.
Source : Cnaf et URSSAF, traitement DSS.
Contrairement aux assistantes maternelles ou gardes d’enfant à domicile, les professionnelles des EAJE ne sont pas employées par les familles mais salariées des structures. Or, le financement des EAJE par le fonds national d’action sociale de la CNAF (système dit « prestation de service unique ») se fait à trois niveaux : un financement à l’activité (la prestation de service unique - PSU), un financement forfaitaire, suivant l’emplacement de l’EAJE, le public accueilli, les pratiques du gestionnaire en termes de rémunérations et l’engagement de la collectivité dans une trajectoire de développement des places d’accueil et un financement au projet, avec le fonds publics et territoires afin de financer des expérimentations, des projets spécifiques d’accueil (comme les crèches à vocation d’insertion professionnelle).
Ces financements n’intègrent pas dans le calcul le nombre exact de professionnelles ni leurs principales caractéristiques (profession exercée, niveau de diplôme, salaire etc.), c’est pourquoi le dénombrement est plus complexe. Les principales professions exercées sont celles de CAP accompagnantes éducatives petite enfance, d’auxiliaires de puériculture, d’infirmières puéricultrices et d’éducatrices de jeunes enfants.
En 2019, les salaires médians des CAP accompagnantes éducatives petite enfance sont proches du SMIC (et 1,1 SMIC dans le secteur privé, soit des taux horaire bruts respectivement proches de 10,8 € et 11,9 € au 1er août 2022) quand les infirmières puéricultrices ou les éducateurs de jeunes enfants sont rémunérés à des niveaux de l’ordre de 1,3 à 1,4 SMIC (soit des taux horaires brut compris entre 14,1 et 15,2 €).
Ce secteur est marqué par des difficultés récurrentes de recrutement : lors d’une enquête conduite en 2022 par la Cnaf à la demande du Comité de filière « Petite enfance », près de la moitié des crèches collectives ont déclaré un manque de personnel auprès d’enfants, représentant entre 6,5% et 8,6% de l’effectif total de professionnelles.
Le secteur est marqué par les récentes évolutions salariales. La COG 2023-2027 de la CNAF prévoit une montée en charge progressive d’une provision financière destinée à accompagner les revalorisations salariales avec un premier montant de 0,1 Md€ sur 2024. Il s’agit d’accompagner à hauteur de 66% une augmentation de la rémunération mensuelle moyenne de 150 € net par mois pour le secteur privé et 100 € net par mois pour le secteur public (en cohérence avec les revalorisations « Guerini » déjà décidées). Sur le champ des crèches PSU, qui sont pour l’instant les seules à bénéficier d’un accompagnement financier de la Cnaf, des travaux ont été conduits pour estimer les ETP concernés. En l’absence d’un décompte exhaustif des professionnelles exerçant auprès d’enfants et en fonction de direction dans les crèches par les branches professionnelles, la Cnaf a retenu une hypothèse conventionnelle d’1 ETP pour 3 places. Dans les crèches financées par la PSU, le nombre d’ETP exerçant auprès d’enfants ou en fonction de direction est donc estimé à environ 150 000, pour
422 000 places.
Cette hausse de l’offre s’accompagne d’une hausse du nombre d’inscrits en formation initiale aux métiers de la petite enfance en établissement, comme les éducateurs de jeunes enfants (+2,4 % en moyenne annuelle depuis 2014) et les auxiliaires de puériculture (+2,9 %). En hausse jusqu’en 2015, le nombre d’inscrits à la formation d’infirmier de puériculture diminue depuis (-3,1 % en moyenne annuelle).
Graphique 2 ● Nombre d’assistantes maternelles et d’employé(e)s de garde à domicile
Source : Urssaf.
Champ : France entière.
Note de lecture: En 2022, 149 000 assistantes maternelles (en équivalents temps-plein et en moyenne annuelle) ont été rémunérées par des particuliers-employeurs au titre d’une garde portant uniquement sur des enfants âgés de moins de 3 ans (inclus), et 65 000 personnes ont été salariées au titre de la garde à domicile (en moyenne annuelle et tous âges confondus).
Graphique 3 ● Nombre de nouvelles inscrites aux formations d’éducatrice de jeunes enfants, d’infirmière puéricultrice et d’auxiliaire de puériculture
Champ : France entière (hors Mayotte).
Note : Les inscrits à la formation d’État d’éducateur de jeunes enfants sont les nouveaux inscrits en 1ère année ou entrés directement en 2ème ou 3ème année.
Note de lecture: En 2022, 6 800 personnes se sont inscrites à la formation complémentaire d’auxiliaire de puériculture.
Source des données :
Le taux horaire est issu des données de l’Urssaf (service Pajemploi) et correspond uniquement au salaire versé rapporté au nombre d’heures rémunérées déclarées à l’Urssaf. La rémunération ne prend pas en compte les frais annexes (repas, indemnités d’entretien).
Le nombre d’assistantes maternelles (AM) et le nombre d’employés des services de garde à domicile (GED) sont issus des données mensuelles du Centre Pajemploi collectées par l’Urssaf.
Le nombre de nouveaux inscrits dans les formations aux métiers de la petite enfance sont issues de l’enquête Écoles produite par la Direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques (Drees).
Construction de l’indicateur :
Le calcul du nombre de salariés en équivalent temps plein (ETP) est réalisé sur la base de 39h par semaine, ce qui correspond à la convention des assistantes maternelles qui sont rémunérées en heures supplémentaires à partir de la 40ème heure. Pour des questions d’harmonisation de la méthodologie de calcul et de comparaison, la base de 39h hebdomadaire a été retenue pour les deux dispositifs (Paje-GED et Paje-AM).
Pour les salariés de la Paje-GED, le nombre d’ETP du 4ème trimestre est calculé en divisant le nombre d’heures rémunérées par 507 (correspondant au nombre d’heures d’un professionnel à temps plein dans un trimestre). Pour la Paje-AM, dans la mesure où une assistante maternelle peut accueillir plusieurs enfants sur une même période horaire, le nombre d’heures moyen rémunéré par enfant est calculé comme le rapport du nombre total d’heures rémunérées sur le nombre moyen d’enfants gardés par salarié, puis est rapporté aux 507 heures par trimestre pour estimer le nombre d’ETP correspondants.
Organisme responsable de la production de l’indicateur : DSS