Finalité

Les personnes en situation de handicap restent davantage confrontées à la pauvreté que la population dans son ensemble. Cette fiche décrit les déterminants spécifiques de la pauvreté de la population en situation de handicap et l’effet de la redistribution sur son taux de pauvreté et montre l’évolution du pouvoir d’achat de l’allocation aux adultes handicapés relativement aux autres minimas sociaux.

Résultats

Le taux de pauvreté des personnes en situation de handicap est de 25,5 % en 2019, soit 11 points de plus que celui de l’ensemble de la population. Le système socio-fiscal permet de réduire de moitié leur taux de pauvreté qui passe de 42,9 % avant redistribution à 25,5 % après redistribution (cf. graphique 1). Enfin, 27 % des personnes en situation de handicap connaissent au moins 4 restrictions de consommation en 2018 (pauvreté en conditions de vie), contre 10 % pour l’ensemble de la population (cf. tableau 2).

Graphique 1 ● Taux de pauvreté à 60 % du niveau de vie médian avant et après redistribution, des personnes en situation de handicap de moins de 60 ans
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Champ : France métropolitaine, personnes appartenant à un ménage vivant dans un logement ordinaire, dont le revenu déclaré au fisc est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
Source : Drees, (à partir de données Insee-DGFiP-CNAF-CNAV-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux (ERFS) 2012-2019), Insee.

Les personnes en situation de handicap au sens de l’indicateur « GALI » (cf. précisions méthodologiques), c’est-à-dire les personnes déclarant de fortes restrictions dans les activités quotidiennes, sont davantage confrontées à la pauvreté que la population générale. Trois indicateurs permettent de le mesurer.

  1. Le taux de pauvreté des adultes en situation de handicap de 15 à 59 ans : au sens monétaire, en considérant le seuil de pauvreté à 60 % du revenu médian, 25 % des adultes handicapés sont pauvres, contre 14 % de la population générale (cf. tableau 1).
  2. Le niveau de vie médian : il correspond aux ressources dont dispose un ménage pour consommer et épargner rapportées au nombre d’unités de consommation. Le niveau de vie médian des personnes en situation de handicap de 15 à 59 ans équivaut à 83 % de celui de l’ensemble de la population du même âge.
  3. La part des ménages modestes : les ménages modestes correspondent aux 40 % des personnes dont le niveau de vie est le plus faible. En 2019, 57 % des personnes handicapées de moins de 60 ans vivent dans un ménage modeste, contre 38 % de celles n’étant pas en situation de handicap.

Ce niveau de vie inférieur s’explique en partie par un effet de composition : les personnes en situation de handicap sont surreprésentées dans les classes sociales aux revenus les moins élevés. Il s’explique ensuite par le handicap lui-même qui, en particulier quand il survient tôt, affecte fortement les trajectoires scolaires, matrimoniales et professionnelles (Drees, 2017). Ainsi, au sein de la population des personnes en situation de handicap, le risque de pauvreté est variable selon l’ampleur du handicap : plus les limitations sont sévères, plus le niveau de vie est faible. Le risque de pauvreté varie également selon la nature du handicap : les personnes atteintes de handicap mental et de polyhandicaps ont les restrictions d’accès à l’emploi les plus fortes et donc les taux de pauvreté les plus élevés. En effet, 30 % des personnes ayant une limitation mentale sévère vivent sous le seuil de pauvreté, contre 10 % de celles présentant une déficience auditive.


Tableau 1 ● Niveau de vie annuel des personnes en situation de handicap en 2019
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Lecture : en 2019, en France métropolitaine, le taux de pauvreté des personnes en situation de handicap et de 26 % contre 15 % pour l’ensemble de la population du même âge sans handicap
Champ : France métropolitaine, personnes âgées entre 15 et 59 ans vivant dans un logement ordinaire
Source : Insee-DGFiP-CNAF-CNAV-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux (ERFS) 2019, calculs Drees 

Au-delà de la pauvreté monétaire, la pauvreté des ménages peut être approchée par la pauvreté dite « en conditions de vie », c’est-à-dire par les privations ou le renoncement à certains biens de consommation, services ou équipements pour des raisons financières (cf. précisions méthodologiques). En 2018, 31 % des personnes en situation de handicap déclarent une insuffisance de ressources, 27 % des restrictions de consommation, 19 % des retards de paiements du loyer, des factures ou des impôts, et 14 % des difficultés de logement.
Les personnes en situation de handicap de 16 à 64 ans vivent dans des ménages nettement plus exposés à la pauvreté en conditions de vie. Près de trois sur dix sont concernées par cette forme de pauvreté, contre environ une sur dix dans l’ensemble de la population (cf. tableau 2). La proportion de personnes en situation de handicap appartenant à un ménage pauvre en conditions de vie est plus élevée, quelle que soit la dimension de la pauvreté en conditions de vie considérée. Le fait de ne pas pouvoir s’offrir une semaine de vacances une fois par an (43 % contre 22 % dans l’ensemble de la population), remplacer un meuble hors d’usage (43 % contre 22 %) et dans une moindre mesure s’acheter des vêtements neuf (28 % contre 11 %) par manque de moyen sont les privations les plus souvent citées.

Tableau 2 ● Restriction de consommation des ménages des personnes en situation de handicap en 2018
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Lecture : En 2018, en France métropolitaine, 27 % des personnes en situation de handicap vivent dans un ménage déclarant des restrictions de consommation. Cette part s’élève à 10 % dans l'ensemble de la population.
Champ : France métropolitaine, personnes âgées entre 16 ans et 64 ans vivant dans un logement ordinaire.
Source : Insee, enquête Statistiques sur les ressources et les conditions de vie 2018 - Traitement DREES.

Organismes responsables de la production de l’indicateur : DREES-DSS

La question dite, du GALI (Global Activity Limitation Indicator ou « indicateur global de restriction d’activité »), vise à évaluer la dimension fonctionnelle de la santé, c’est-à-dire les retentissements que la mauvaise santé et les troubles fonctionnels peuvent avoir sur les restrictions des personnes dans leurs activités du quotidien. La question est formulée ainsi : Êtes-vous limité(e) depuis au moins six mois à cause d'un problème de santé, dans les activités que les gens font habituellement ? Oui, fortement limité(e) / Oui, limité(e), mais pas fortement / Non pas limité(e) du tout.
Sont considérées comme étant en situation de handicap les personnes répondant « oui, fortement » à cette question (Baradji, 2021)

Le niveau de vie d’un ménage est égal à son revenu disponible divisé par le nombre d’unités de consommation (UC) qu’il contient. Les unités de consommation sont calculées selon l’échelle d’équivalence dite de l’OCDE modifiée, qui attribue 1 UC au premier adulte du ménage, 0,5 UC aux autres personnes âgées de 14 ans et plus et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans. Le revenu disponible d’un ménage, considéré ici, comptabilise tous les revenus, y compris les prestations sociales, et est calculé après déduction des impôts directs. Il correspond ainsi aux ressources dont ce ménage dispose pour consommer et épargner.
Les personnes en situation de handicap bénéficient d’aides spécifiques visant à compenser cette situation : la prestation de compensation du handicap (PCH) permet, par exemple, de financer les dépenses d’aménagements, d’accessoires ou d’options rendus nécessaires par le handicap. D’autres aides sont spécifiques à l’aménagement du logement, l’adaptation du véhicule ou facilitent le recours à une tierce personne pour assister la personne en situation de handicap dans les actes de la vie quotidienne. Ces prestations en nature ne sont pas prises en compte dans le calcul du niveau de vie (et donc du taux de pauvreté). Les dépenses spécifiques au handicap ne sont d’ailleurs généralement pas prises en compte dans les dépenses de consommation.

L’indicateur présenté en tableau 1 retient une approche relative de la pauvreté, en écart au niveau de vie médian. Trois enquêtes sont mobilisées (SRCV 2018, ERFS 2010 et 2017) et fournissent des ordres de grandeur comparables : selon ERFS 2010, le niveau de vie moyen des personnes handicapées âgées de 15 à 64 ans s’élève à 90 % du niveau de vie médian des personnes sans handicap du même âge – il est de 82 % pour les personnes handicapées dont la déficience est sévère. Selon ERFS 2017, comparé à l’ensemble des ménages, le niveau de vie médian mensuel des ménages dont au moins un membre est handicapé est de 84 % de celui de l’ensemble des ménages. Enfin, selon SRCV 2018, le niveau de vie moyen des ménages avec au moins une personne handicapée est de 88 % de celui de l’ensemble de la population. Les variations entre les études viennent essentiellement de choix méthodologiques – notamment de définition de la population en situation de handicap. Ces trois enquêtes ont en commun de restreindre le champ aux ménages ordinaires, les personnes handicapées résidant en établissement médicosocial sont, en conséquences, exclues.

Pour en savoir plus:

Baradji E., Dauphin L, Eideliman J-S, (2021, février), Comment vivent les personnes handicapées? DREES, Dossier de la DREES, n°75. 
Levieil, A. (2017, mars), Le niveau de vie des personnes handicapées : des différences marquées selon les limitations, DREES, Études et Résultats, 1003
Leroux, I (dir.) (2022), L’aide et l’action sociales en France - édition 2022. Paris, France : DREES, coll. Panoramas de la DREES-social, fiche 21. 
 

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