Le suivi des bénéficiaires de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) informe sur l’évolution de la prévalence du handicap et sur le niveau de compensation apporté par les pouvoirs publics aux personnes concernées.
L'allocation aux adultes handicapés (AAH), créée par la loi du 30 juin 1975, est une aide financière qui permet d'assurer un minimum de ressources aux personnes âgées de 20 ans ou plus (16 ans si le bénéficiaire n’est plus à la charge d’un foyer allocataire des prestations familiales), en situation de handicap ou atteintes d'une maladie chronique ou invalidante. Cette aide est attribuée sous deux types de conditions :
Contrairement aux autres minima sociaux, l’AAH interagit avec la prime d’activité
En 2022, 1,27 million de foyers bénéficient de l’allocation adultes handicapés (cf. Graphique 1) . Il s’agit de la première aide en nombre d’allocataires à destination des personnes en situation de handicap
(cf. indicateur 1-1). En tenant compte des conjoints et des enfants à charge, l’AAH couvre 2,5 % de la population des 20 ans et plus.
Depuis 2002, l’AAH a connu 3 grandes phases d’évolution. Sur la période 2002-2007, le nombre de bénéficiaires a augmenté de 1,6 % par an en moyenne, en ralentissement par rapport aux années précédentes, où il progressait en moyenne de 2,5 % par an. La croissance des effectifs s’explique en partie par l’augmentation de la population âgée de 45 à 60 ans (générations du baby-boom), la prévalence du handicap augmentant avec l’âge. L’augmentation de l’espérance de vie des personnes en situation de handicap et donc de la durée de perception de l’AAH contribuent également à la progression des effectifs.
De 2007 à 2012, la progression du nombre de bénéficiaires s’est accélérée, pour s’établir à +4 % par an en moyenne. Cela fait suite à un assouplissement des conditions d’accès à l’allocation, notamment avec l’augmentation des plafonds d’éligibilité dans le cadre du plan de revalorisation de 25 % de l’AAH sur cette période.
En 2011 s’y est ajouté le recul de l’âge minimal de départ à la retraite, qui repousse la fin de droit à l’AAH pour les personnes dont le taux d’incapacité est compris entre 50 % et 79 %.
Depuis 2013, le nombre de bénéficiaires de l’AAH progresse moins rapidement. Il a retrouvé une croissance comparable à celle qui était observée avant 2002, soit +2,5 % par an en moyenne. 2020 marque un fort ralentissement de la croissance du nombre de bénéficiaires avec une augmentation de +1,4 %. À partir de 2020, le nombre de bénéficiaires redevient dynamique avec une croissance de +1,6 % en 2021 et +2,3 % en 2022.
Ainsi, depuis le début des années 2000, en raison des évolutions démographiques, du contexte économique, du recul de l’âge moyen de la retraite et des revalorisations successives de la prestation, les effectifs de bénéficiaires ont augmenté de plus d’un tiers.
La croissance est essentiellement portée par les bénéficiaires dont le taux d’incapacité est compris entre 50 et 80% (+ 90 % depuis 2010), et dans une moindre mesure par les bénéficiaires dont le taux d’incapacité est supérieur ou égal à 80 % (+4 %). En 2022, 51 % des allocataires bénéficient de l’AAH au titre d’une incapacité supérieure à 80 %.
L’AAH est une prestation différentielle, elle est versée à taux plein au bénéficiaire qui ne dispose d’aucune ressource prise en compte après l’application des diverses mesures favorables (certaines catégories de ressources ne sont pas du tout prises en compte, d’autres ne le sont que partiellement). Au taux partiel, l’AAH complète les ressources des allocataires dont le montant des revenus est inférieur à celui de l'AAH.
Près d’un bénéficiaire sur deux est une femme (48 %). Parmi elles, 57% perçoivent l’AAH à taux plein, contre 61% des hommes bénéficiaires. 27 % de l’ensemble des bénéficiaires de l’AAH sont ainsi des femmes qui touchent cette aide à taux plein, tandis que 32 % des bénéficiaires sont des hommes qui touchent cette aide à taux plein (cf. Graphique 2 et précisions méthodologiques).
La situation la plus fréquente est celle d’un homme percevant l’AAH à taux plein, avec un taux d’incapacité supérieur à 80 % (17 % de l’ensemble des bénéficiaires de l’AAH en 2022). Cette même année, près de 80 % des bénéficiaires CNAF sont des personnes isolées, pour 85 % d’entre elles, sans enfant.
Le 20 juillet 2022, l’Assemblée Nationale a voté la déconjugalisation de l’AAH. Ainsi, à partir du 1er octobre 2023, les revenus du conjoint ne seront plus comptabilisés dans le calcul du montant de l’allocation. Cette nouvelle mesure va modifier les montants pour les bénéficiaires en couple (21 % en 2022) et pourrait conduire à une hausse du nombre de bénéficiaires.
Graphique 1 ● Bénéficiaires de l'allocation aux adultes handicapés (AAH)
*bénéficiaires CNAF en juin et MSA en décembre depuis 2021 contre bénéficiaires CNAF et MSA de décembre de 2003 à 2020
Champ : France entière
Sources : Cnaf, MSA.
Graphique 2 ● Répartition des bénéficiaires de l’AAH selon le sexe, le taux d’incapacité et le type d’allocation en 2022
Champ : France entière
Source : Cnaf, MSA.
En 2022, 24 personnes âgées de 20 ans ou plus sur 1000 bénéficient de l’AAH sur l’ensemble du territoire. Ce taux varie fortement selon les départements. Il est inférieur ou égal à 15 pour 1000 en Haute-Savoie ou dans les Yvelines, et supérieur à 40 pour 1000 en Lozère, dans la Creuse, dans les Hautes-Pyrénées et dans la Nièvre (cf. Cartes). Dans des travaux récents, la Drees a montré que les trois quarts des écarts entre départements s’expliquent par des facteurs sociodémographiques (âge, état de santé de la population, comportements à risques), sanitaires (offre d’hébergement dans les établissements dédiés aux personnes handicapées) et économiques (chômage, niveau de vie du territoire) .
La proportion de bénéficiaires de l’AAH à taux plein parmi l’ensemble des bénéficiaires, s’établit à 60 % pour la France entière. Elle est la plus faible dans la Lozère, le Cantal, la Haute-Loire (inférieure à 50 %), et dépasse 70 % dans les DROM. Les départements dans lesquels la part des bénéficiaires au taux plein est la plus élevée sont en moyenne davantage marqués par le chômage et de faibles niveaux de vie. Ceci est lié au fonctionnement même de la prestation : l’AAH étant une prestation différentielle, son montant à taux plein n’est versé qu’en l’absence d’autres ressources.
En 2022, parmi les bénéficiaires de l’AAH, 81 % n’ont pas d’activité professionnelle, 11 % ont une activité en milieu ordinaire et 8 % travaillent en établissement et service d’aide par le travail (ESAT).
Cartes ● Répartition des bénéficiaires de l’AAH selon le département, en 2022
a. Bénéficiaires de l'AAH | b. Parts de bénéficiaires à temps plein |
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1.Bénéficiaires de l’AAH
2.Part des bénéficiaires à taux plein
Source : Cnaf, MSA. Fond de cartes IGN.
Sources des données : Données sur les bénéficiaires de l’AAH de la Cnaf et de la MSA.
Précisions sur le dispositif :
Montant de l'AAH : L’AAH est une prestation différentielle, calculée par référence à un montant maximum (le taux plein), fixé par décret, il a été fixé à 1 016,05 € au 1er avril 2024 , bénéficiant d’une hausse de 4,6 % à l’instar de l’ensemble des prestations familiales. L’AAH peut varier selon la situation professionnelle, les ressources, la situation de famille et le nombre de personnes à charge du bénéficiaire. En présence de ressources, elle est versée à taux réduit. Enfin, l'AAH est attribuée pour des durées variables en fonction du taux de handicap et de sa nature, susceptible ou non d'évolution favorable.
Compléments de l’AAH : Sous certaines conditions liées à l’occupation d’un logement indépendant, l'AAH peut être cumulée avec la majoration pour la vie autonome (MVA) qui s’élève à 104,77 € par mois. Le complément de ressources (CPR) d’un montant de 179,31 €, a été supprimé au 1er décembre 2019. Cependant, les personnes percevant cette aide continuent d’en bénéficier sous réserve de remplir les conditions d'attribution. En juin 2022, 13 % des bénéficiaires de l’AAH percevaient une MVA, et 4 % un CPR.
Pour en savoir plus : Se référer aux publications « Prestations légales – aides au logement – revenu de solidarité active », Cnaf et « Panorama des minimas sociaux », Drees.
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