Exposition aux risques et ATMP en France / données épidémiologiques

1.5. Conditions de travail et exposition aux risques professionnels

Pour réduire le nombre d'accidents du travail, la prévention est essentielle. Mieux cerner l’exposition aux risques selon le secteur d’activité et la catégorie socioprofessionnelle (CSP) est donc un enjeu stratégique. 
Sont présentés les principaux risques professionnels auxquels sont exposés les salariés, en distinguant risques physiques, chimiques, biologiques, organisationnels et psychosociaux.
Les résultats sont issus de l'enquête Surveillance médicale des expositions des salariés aux risques professionnels (Sumer) de 2017, produite par la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail.

Des risques physiques, chimiques et biologiques stabilisés dans un contexte organisationnel toujours très contraint

En 2017, date de la dernière vague d’enquête disponible, un tiers des salariés du secteur privé en France métropolitaine était exposé à au moins un produit chimique, un niveau légèrement inférieur à celui de 1994, et un salarié sur dix était exposé à un produit cancérogène lors de la dernière semaine travaillée.
Un salarié sur cinq reste debout ou piétine plus de 20 heures par semaine. Concernant les nuisances sonores, un tiers déclarent y être exposés, légèrement plus que la moyenne européenne, de 28 % selon l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-OSHA).
Un salarié sur cinq est exposé aux agents biologiques en raison d’actes tels que les soins d'hygiène, les soins infirmiers ou l'assistance à la personne. 11 % des salariés exercent leur activité au contact d'un réservoir humain, et sont donc exposés à des contaminations par exemple par contact avec des fluides corporels ou du matériel biologique.
Les contraintes se sont plutôt stabilisées entre 2010 et 2017. Par exemple, un travailleur sur cinq déclare avoir travaillé plus de 40 heures la dernière semaine travaillée, et un quart travaille davantage que l’horaire prévu. 
L’intensité du travail, un des facteurs essentiels des risques psychosociaux a augmenté depuis 20 ans, même si elle s’est stabilisée entre 2010 et 2017. Un des indicateurs en est la proportion de salariés qui subissent au moins trois contraintes de rythme marchandes ou machiniques : 32 % en 2017 contre 28 % en 1994.

Bien que les marges de manœuvre favorisant l’autonomie au travail soient en recul, les salariés se plaignent moins souvent en 2017 qu’en 2003 de manquer de moyens pour faire correctement leur travail.
15 % des salariés déclarent devoir faire face à des comportements hostiles au travail. Après un pic en 2010, le signalement de comportements hostiles revient en 2017 au niveau de 2003.
Selon la Dares, afin de lutter contre l’ensemble de ces expositions, près d’un salarié sur deux est couvert par des pratiques formalisées de prévention des risques professionnels.
L'exposition aux risques professionnels varie fortement selon la CSP et le secteur d'activité.

Les ouvriers qualifiés sont les plus exposés aux risques chimiques et physiques

Les expositions des salariés aux risques chimiques et biologiques sont très contrastées selon les catégories socio-professionnelles. Un ouvrier qualifié sur trois (33 %) est exposé à au moins trois produits chimiques, soit le double de l'ensemble des salariés (15 %), et 10 points de plus que les ouvriers non qualifiés  (23 %). Parmi les salariés du privé, les employés de commerce et de service sont les plus exposés aux risques biologiques.

En moyenne, les ouvriers qualifiés sont aussi nettement plus exposés que la moyenne des salariés aux risques physiques présentés dans le graphique ci-après. Les ouvriers non qualifiés et les employés de commerce et de service sont également plus exposés que la moyenne au fait de rester debout ou de piétiner plus de 20 heures par semaine. Les écarts d’exposition entre les ouvriers qualifiés et l'ensemble des salariés sont également marqués en matière de nuisances sonores.
 

Graphique 1 ● Exposition aux risques physiques, chimiques et biologiques par catégorie socioprofessionnelle
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Note de lecture : En 2017, la semaine précédant l’enquête, 46 % des employés du commerce et des services ont été exposés à des agents biologiques, versus 19 % pour l’ensemble des salariés. * Par convention, les ouvriers agricoles sont classés dans cette catégorie. ** entraînant des risques d'exposition à des agents biologiques émanant d’autres personnes.
Source : Dares – Enquête SUMER 2017
Champ : ensemble des salariés du secteur privé et de la mutualité sociale agricole ; France métropolitaine.

Les employés administratifs plus concernés par le manque de reconnaissance et le job strain

Professions intermédiaires et ouvriers, surtout qualifiés, déclarent plus souvent avoir au moins trois contraintes de rythme.
Les cadres et les professions intellectuelles supérieures travaillent pour leur part deux fois plus fréquemment plus de 40 heures par semaine que l'ensemble des salariés. Ils sont également plus souvent concernés 7lorsqu'il s'agit de travailler "souvent ou toujours" plus que l’horaire prévu, ce qui accroît leur exposition aux risques psychosociaux au travail.
La « tension au travail » ou job strain (selon Karasek), c’est-à-dire le fait d’avoir à la fois une forte demande psychologique et une faible latitude décisionnelle, concerne davantage les employés administratifs.
Les employés administratifs et professions intermédiaires déclarent quant à eux davantage que l’ensemble des salariés manquer de reconnaissance au travail.

 
Graphique 2 ● Exposition aux contraintes organisationnelle et risques psychosociaux par catégorie socioprofessionnelle
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* Par convention, les ouvriers agricoles sont classés dans cette catégorie.
(1) Parmi lesquelles : le déplacement automatique d’un produit ou d’une pièce et/ou la cadence automatique d’une machine, d’autres contraintes techniques, la dépendance immédiate vis-à-vis du travail d’un ou plusieurs collègues, des normes de production ou des délais à respecter en une journée au plus, une demande extérieure obligeant à une réponse immédiate, les contrôles ou surveillances permanents exercés par la hiérarchie, un contrôle ou un suivi informatisé.
 (2) Le job strain correspond à une forte demande psychologique (score supérieur à la médiane) et à une faible latitude décisionnelle (score inférieur à la médiane). Le pourcentage de salariés en situation de job strain est calculé à partir des médianes de 2003.
(3) ) Afin de comparer le manque de reconnaissance entre 2010 et en 2017, cet indicateur a été calculé à partir des médianes de la partie "récompense" du questionnaire Siegrist de 2010.Note de lecture : En 2017, 57 % des employées administratifs reconnaissent souffrir d'un manque de reconnaissance dans leur travail, versus 49 % pour l’ensemble des travailleurs.
Source : Dares – Enquête SUMER 2017
Champ : ensemble des salariés du secteur privé et de la mutualité sociale agricole ; France métropolitaine.

La fonction publique hospitalière est la plus exposée à la plupart des risques professionnels

Les agents de la fonction publique hospitalière (FPH) sont les plus exposés aux risques chimiques et biologiques. Ainsi, 57 % de ces agents sont exposés à au moins un produit chimique et 73 % à des agents biologiques, le plus souvent au contact d’un réservoir humain (69 %). Ainsi, les salariés de la fonction publique hospitalière sont presque trois fois plus exposée aux risques biologiques (cf. Graphique 3) que l'ensemble des salariés (secteurs privé et public confondus), et cet écart est encore plus marqué sur le travail au contact d’un réservoir humain.
L’exposition aux risques chimiques et biologiques concerne aussi les agents de la fonction publique territoriale (FPT) puisque 39 % d’entre eux sont exposés à au moins un agent chimique dans le cadre de leur travail et 43 % à des agents biologiques. Dans leur travail, les agents de la FPH et de la FPT sont ainsi plus exposés à ces risques que l’ensemble des salariés et que les agents de la fonction publique d’État (FPE).
En ce qui concerne les risques physiques, pour ce qui est de rester debout 10 heures ou plus par semaine, les agents de la FPH sont plus exposés que ceux des deux autres versants de la fonction publique, et proches de l’ensemble des salariés. En revanche, les nuisances sonores concernent davantage les agents de la FPE et la FPT.

En outre, en 2017, près de trois-quarts de l’ensemble des salariés déclarent des contraintes posturales et articulaires. C’est notamment le cas des agents de la FPH (83 %) et de la FPT (81 %) (contre 72 % des salariés du secteur privé). Dans le cadre de leur travail, plus de la moitié des agents de la FPH manipulent régulièrement des charges lourdes (contre un tiers des salariés du privé). 

Les écarts d’exposition aux contraintes organisationnelles et aux risques psychosociaux sont moins marqués entre les versants de la fonction publique. La FPH reste néanmoins davantage concernée (cf. Graphique 4). Les contraintes horaires sont fortes dans le secteur public, notamment pour les agents qui assurent la permanence des soins ou la sécurité des personnes (infirmiers, policiers…), en particulier dans la fonction publique hospitalière ou d’Etat. En 2017, 27 % des agents de la FPH et 22 % des agents de la FPE travaillent de nuit, même occasionnellement contre 13 % des salariés du privé. 
Au sein de la fonction publique hospitalière, 7 agents sur 10 sont ainsi en contact tendu avec le public, même occasionnellement, et la moitié a un rythme de travail imposé par une demande qui nécessite une réponse immédiate. Les agents de la FPE sont pourtant les plus concernés par l'allongement des journées de travail (48 %) et le travail plus de 40 heures par semaine (28 %).
Le job strain concerne davantage les agents de la FPH que l’ensemble des salariés et les agents des autres versants de la fonction publique.
Enfin, les agents de la FPE et de la FPH manquent plus fréquemment de reconnaissance que l’ensemble des salariés.


 
Graphique 3 ● Exposition aux risques physiques, chimiques et biologiques par versant de la fonction publique
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* entraînant des risques d'exposition à des agents biologiques émanant d’autres personnes.
** hors personnels non enseignants de l'Education nationale et enseignants des établissements privés
Note de lecture : En 2017, 73 % des fonctionnaires de la fonction publique hospitalière ont été exposés à un ou plusieurs agents biologiques, versus 25 % pour l’ensemble des types d’employeurs.
Source : Dares – Enquête SUMER 2017
Champ : ensemble des salariés (y compris les 3 versants de la fonction publique) ; France entière (hors Mayotte).

 

Graphique 4 ● Exposition aux contraintes organisationnelle et risques psychosociaux par versant de la fonction publique
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* hors personnels non enseignants de l'Education nationale et enseignants des établissements privés
(1) Le job strain correspond à une forte demande psychologique (score supérieur à la médiane) et à une faible latitude décisionnelle (score inférieur à la médiane). Le pourcentage de salariés en situation de job strain est calculé à partir des médianes de 2003.
(2) Cet indicateur a été calculé à partir des médianes de la partie "récompense" du questionnaire Siegrist de 2010.
Note de lecture : En 2017, 61 % des fonctionnaires de la fonction publique de l’État ont reconnu un manque de reconnaissance, versus 51 % pour l’ensemble des types d’employeurs.
Source : Dares – Enquête SUMER 2017
Champ : ensemble des salariés (y compris les 3 versants de la fonction publique ; France entière (hors Mayotte).

Les statistiques présentées ici portent sur le champ de la Dares : ensemble des salariés (y compris les 3 versants de la fonction publique en France entière (données 2017), issues de l’enquête SUMER (Surveillance médicale des expositions des salariés aux risques professionnels). Pour la première partie du texte qui concerne les évolutions, l’analyse se fait à champ constant donc sur l’ensemble des salariés du secteur privé et de la mutualité sociale agricole, en France métropolitaine. 

L’enquête Surveillance médicale des expositions des salariés aux risques professionnels (Sumer) connaît en 2017 sa quatrième édition, après celles de 1994, 2003 et 2010. Elle dresse une cartographie des expositions des salariés aux principaux risques professionnels en France, permettant de définir des actions de prévention prioritaires pour les acteurs impliqués dans le domaine du travail et de la santé au travail. Elle a été lancée et gérée conjointement par la Direction générale du travail (et, en son sein, l’inspection médicale du travail) et la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), en partenariat avec la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP).
Cette enquête présente le double intérêt de reposer sur l’expertise professionnelle du médecin du travail, qui peut administrer un questionnaire parfois très technique, et sur le grand nombre de salariés enquêtés, ce qui permet de quantifier des expositions à des risques relativement rares. Le médecin enquêteur s’appuie sur les déclarations du salarié lors de la visite médicale et sur sa propre expertise fondée sur la connaissance du terrain et des procédés de travail spécifiques au poste, à l’entreprise ou au métier du salarié. Pour répondre au questionnaire, le médecin peut, s’il l’estime nécessaire, se rendre dans l’entreprise pour réaliser une étude complémentaire du poste de travail. Le salarié remplit également, seul dans la salle d’attente, un auto-questionnaire qui porte sur son vécu du travail.
L’enquête s’est déroulée sur le terrain d’avril 2016 à septembre 2017 ; 1 243 médecins du travail se sont portés volontaires et ont tiré au sort 33 600 salariés, selon une méthode aléatoire. 26 500 questionnaires sont exploitables, 98 % d’entre eux s’accompagnent d’un auto-questionnaire. Ces salariés répondants sont représentatifs de près de 25 millions de salariés en France.

Ces indicateurs sont présentés en détail sur le site de la Dares.

Organismes responsables de la production de l’indicateur : Dares et DSS

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